* Les pays signataires de l'Accord ne sont encore encline à coopérer... Y a-t-il une problématique Agadir ? On ne s'empêche pas de le penser à la lecture de la très intéressante étude sur les « Opportunités de cumul d'origine et de complémentarités dans le secteur textile habillement dans les Etats membres de l'Accord Arabo-Méditerranéen de Libre échange (Egypte, Jordanie, Maroc, Tunisie) » présentée hier à Tunis au cours d'une réunion tenue à l'initiative de l'Unité technique de l'Accord d'Agadir. Cette problématique renvoie, deux interrogations fondamentales auxquelles il est urgent de répondre sous peine de voir cet Accord rejoindre ceux, nombreux , que les pays arabes avaient et ont encore l'habitude de conclure à tout bout de champ et en toute occurrence D'abord, comment amener les entreprises, les organisations professionnelles et les administrations jordaniennes, égyptiennes, marocaines et tunisiennes à coopérer alors qu'elles ne sont pas naturellement enclines à le faire ? Et ensuite, comment créer et gérer une « identité Agadir » qui soit, aux yeux des distributeurs, donneurs d'ordres industriels et investisseurs internationaux, synonyme de « zone d'excellence » pour le sourcing et l'implantation de nouvelles activités industrielles ? Les auteurs de l'étude pensent avoir un début de réponse en affirmant que celle-ci est à trouver dans ce qui se rapporte à la communication, à l'image à l'information, à l'organisation , en un mot à la mobilisation de moyens supplémentaires humains, financiers et politiques pour que la « démarche Agadir » ne soit pas la simple juxtaposition de forces nationales sectorielles mais bien l'expression d'une volonté politique solidaire de progrès économique et social, se traduisant par une compétitivité globale accrue et une meilleure adéquation entre leur offre de produits/services et la demande internationale, au profit de l'activité industrielle, des exportations et de l'emploi. En tout premier lieu, il va falloir amener les pays du groupe Agadir à dépasser les comportements nationaux traditionnels au profit d'une stratégie compétitive et solidaire. Mais, dans le même temps, il importera de promouvoir l'offre globale textile-habillement de la zone Agadir auprès des acheteurs européens et faire que la zone soit, en tant que telle, synonyme de zone d'excellence, performante et très attractive pour les grands distributeurs internationaux. Objectivement, rien n'interdit aux quatre pays signataires de l'Accord d'Agadir d'accomplir les avancées dont ils ont l'ambition et le secteur du textile habillement a tout pour les y aider. Il faut sommairement savoir à cet égard, qu'en 2007, les exportations des quatre pays se sont élevées à 10,3 milliards de dollars. Ensemble, ils emploient 1,5 million de salariés, font vivre environ 15 millions de personnes et constituent une source majeure de rentrée de devises.
Gisement de compétitivité Autant dire que le secteur textile-habillement joue un rôle clé dans leurs équilibres socio-économiques nationaux, si bien qu'il convient d'attacher la plus grande importance à l'état de santé des milliers d'entreprises qui le composent et de prendre toutes mesures appropriées pour soutenir leurs efforts de compétitivité et assurer son développement. Les quatre pays ont en commun le devoir de faire face à la concurrence très vive de l'Asie et de répondre au très difficile défi de la mondialisation des marchés. Leurs industries textile-habillement ont aussi en commun d'être majoritairement composées d'entreprises de sous-traitance et d'être très largement tournées vers l'exportation. Au cours des quatre dernières années (2004 à 2007), leurs exportations ont augmenté selon un taux annuel moyen de + 7,59 % vers le marché américain et de + 0,98 % vers le marché européen. Tendanciellement, ils perdent des parts de marché d'exportation au profit des concurrents asiatiques. Néanmoins, la dégradation de la position concurrentielle des pays d'Agadir a été partiellement enrayée en 2007, signe de la relative vitalité du secteur et de sa capacité de résistance à l'invasion asiatique des marchés occidentaux Il existe de fortes potentialités de développement et des gisements de compétitivité dont l'exploitation intensive grâce à une coopération active intra-Agadir permettrait d'améliorer significativement la compétitivité globale de l'offre de la zone. Chaque pays de la zone dispose d'atouts compétitifs puissants mais a aussi des handicaps qui souvent les neutralisent ; d'où l'idée, qui au cœur même de la logique d'Agadir, d'additionner les avantages comparatifs pour gommer les faiblesses. A titre d'exemple, l'Egypte produit certains types de tissus dans des conditions de prix et de qualité tout à fait comparables à celles d'Asie. Ils peuvent être utilisés avec profit par les confectionneurs des autres pays, au titre du cumul préférentiel d'origine, pour accroître ainsi leur compétitivité et gagner de nouvelles parts de marché à l'exportation. Voilà, entre autres, pourquoi les échanges commerciaux textile-habillement et les investissements croisés entre les quatre pays sont très faibles. C'est aussi parce que les entreprises sont, pour la plupart d'entre elles, très liées à des donneurs d'ordres occidentaux, européens et américains, qui absorbent la quasi-totalité de leurs productions. S'y ajoute le fait que l'Accord d'Agadir ayant été mis en œuvre récemment (27 mars 2007), la plupart des acteurs économiques ne sont pas encore bien avertis des possibilités très intéressantes offertes par ce dispositif de libre-échange, par exemple en termes de cumul préférentiel d'origine. Et puis, il y a un certain manque de transparence dans les échanges et même ça et là, semble-t-il, des obstacles non-tarifaires à caractère protectionniste.