Le Temps-Agences - Confronté hier à ses premières grandes grèves depuis son retour au pouvoir en mai, Silvio Berlusconi fait feu de tout bois en jurant de s'attaquer au problème numéro un de l'Italie - la mafia. Des milliers de professeurs et d'écoliers ont protesté dans les rues des grandes villes contre le projet du gouvernement de supprimer notamment 87.000 postes d'enseignants dans les trois ans à venir pour faire des économies. La circulation des autobus, des trains, des tramways et des ferries a été perturbée aux heures de pointe, le personnel du secteur des transports entendant protester contre les conditions d'emploi et de salaire. Un mouvement similaire a touché une partie du personnel de santé et des services de secours. "Il est temps de s'attaquer de manière frontale à la mafia, à la Camorra et à la Ndrangheta. Il faut que nous libérions le Sud de la criminalité", déclare au Giornale le président du Conseil italien à propos des organisations criminelles qui sévissent en Sicile, à Naples et en Calabre. Malgré l'arrestation spectaculaire de quelques "parrains" ces dernières années, les mafias sont devenues si riches grâce aux revenus tirés du trafic de drogue et des rackets en tous genres que le 'chiffre d'affaires' de la seule Ndrangheta équivaudrait à 3% du PIB de la Péninsule. Pour sa part, la Camorra a abattu six immigrés clandestins africains en septembre, déclenchant des émeutes. Quant aux menaces brandies à l'encontre de l'auteur de "Gomorra", qui dénonce l'emprise mafieuse à Naples, elles ont obligé Roberto Saviano à quitter cette semaine son pays. Eliminer la mafia paraît une tâche impossible mais "Il Cavaliere" semble ragaillardi par ses succès dans la crise des décharges napolitaines et la faillite d'Alitalia. Sur le front international, l'homme le plus riche d'Italie revendique toute une série de succès personnels, allant du conflit entre la Géorgie et la Russie au plan de sauvetage des banques européennes. Il a volé la vedette au Français Nicolas Sarkozy, président en exercice de l'Union européenne, en dévoilant le premier les mesures d'urgence décidées par les Vingt-Sept pour contrer la crise financière et boursière. Silvio Berlusconi a également contraint la Maison blanche à faire une mise au point sur ses propos annonçant le premier une réunion ministérielle extraordinaire du G8 à Washington. Enfin, il a évoqué une possible entrée dans l'UE de la Russie de son "ami" Vladimir Poutine - une éventualité qui n'est aucunement à l'ordre du jour à Bruxelles - et juré de faire entrer au G8 la Chine, l'Inde et le Brésil lorsqu'il présidera en 2009 cette instance. Evoquant cette semaine le risque de voir des pays producteurs de pétrole et des fonds souverains lancer des OPA inamicales sur des sociétés italiennes et européennes dont les actions ont plongé en Bourse, le chef du gouvernement de Rome a juré de résister à semblable entreprise. Or, la Libye, avec laquelle Silvio Berlusconi a opéré un spectaculaire rapprochement diplomatique et énergétique.