* Face à l'augmentation vertigineuse du prix de l'orge, des solutions immédiates s'imposent. Il reste que le modèle de l'élevage ayant contribué à sa croissance atteigne ses limites. Le secteur de l'élevage ovin en Tunisie a connu une forte croissance en améliorant ainsi sa contribution à la couverture des besoins de la population en viande rouge, en fromage de brebis et en sous produits (laine et fumier). Toutefois le coût de l'alimentation est devenu élevé en raison de l'augmentation du prix de l'orge. Les éleveurs sont devenus incapables d'amortir ce choc car l'augmentation du coût des matières premières a fait que certains éleveurs ont subi des pertes économiques. L'avenir du secteur devrait donc dépendre d'une amélioration du coût de la viande et donc d'une alimentation moins coûteuse. C'est dans ce cadre que s'inscrit le séminaire international sur les mutations des systèmes de production des ovins et les perspectives de leur durabilité organisé à Hammamet les 22 et 23 octobre par l'Office de l'élevage et des pâturages, l'Institut de recherche et d'enseignement supérieur agricole et l'institut agronomique méditerranéen de Zaragoza Il est vrai comme l'a souligné M. Mohamed Elloumi de l'Institut national de la recherche agronomique de Tunisie « Cette croissance a été obtenue grâce à un ensemble de politiques visant notamment l'amélioration de la productivité par l'introduction de paquets technologiques appropriés, le développement d'un élevage de plus en plus intégré au marché tant à l'amont qu'à l'aval et la lutte contre les effets de la sécheresse qui a montré une certaine efficacité en terme de maintien de la taille du cheptel global. L'amélioration de la productivité de cet élevage en particulier est le résultat de programmes de développement en termes des prix et des subventions, en termes d'amélioration génétique et de la conduite du cheptel et en termes d'encouragement de l'élevage ovin de manière générale en tant que facteur de développement de la petite et moyenne entreprise. L'accroissement de la demande des viandes ovines est lié aussi au changement et l'amélioration des modes de vie de la population, un facteur qui a contribué à la croissance de cet élevage. Ce modèle selon M. Elloumi « a atteint ses limites internes du fait de la croissance des besoins du cheptel alors que la production fourragère du pays stagne et que la superficie des parcours régresse. Cela s'est traduit d'une part, par une pression de plus en plus forte sur les ressources pastorales, notamment dans les régions du centre et du Sud, et d'autre part par un recours de manière de plus en plus intense à l'importation d'aliment bétail et notamment de l'orge destinée principalement à l'alimentation des petits ruminants. Or la nouvelle conjoncture qui caractérise les marchés internationaux des matières premières agricoles et des produits alimentaires suite au renchérissement de ces produits voire à leur raréfaction risque, en l'absence d'un accroissement de la production nationale de remettre en cause l'ensemble des acquis du secteur, voire l'économie de l'élevage ovin dans son ensemble ».
Réduire les dépendances Le système d'alimentation du cheptel ovin connaît depuis ces dernières décennies des mutations importantes par des facteurs climatiques, économiques institutionnels et environnementaux. «Jusqu'aux années 70 estime M. Hichem Ben Salem de l'institut national de la recherche agronomique de Tunisie, l'alimentation du cheptel ovin était basée sur la végétation prélevée sur parcours. Depuis cette période et jusqu'à 2000, la contribution des parcours est en chute continue et ne représente actuellement que 10 à 20% de la ration totale. En conséquence, l'utilisation des aliments concentrés et certains fourrages importés et subventionnés est devenue une pratique courante. Ce système d'alimentation est coûteux et a des conséquences négatives sur la digestion chez le mouton et la qualité de ses produits. Le changement climatique associé à l'augmentation des prix des aliments concentrés sur le marché international a obligé les éleveurs à changer les systèmes d'alimentation de leurs troupeaux. Ainsi, l'éleveur a-t-il tendance à utiliser de moins en moins ces aliments concentrés et de recourir aux ressources alimentaires locales. L'intégration des ressources alimentaires alternatives est considérée actuellement une voie prometteuse pour atteindre cet objectif et en particulier pour réduire la dépendance de nos systèmes alimentaires à l'étranger » Mme Naziha Atti de l'INRAT estime que « la conduite du troupeau ovin devra être revue selon le stade physiologique des animaux,leur état corporel et les besoins correspondants d'une part,la saison climatique et la disponibilité du pâturage et d'autres ressources alimentaires d'autre part. Une production en phase avec la disponibilité de l'herbe,de même que l'engraissement des agneaux en deux phases est une ligne de conduite à indiquer pour réduire la consommation des aliments concentrés. En outre, il importe de s'investir dans la diversification des cultures fourragères, l'installation des prairies, la recherche de la qualité fourragère de même que l'utilisation de ressources locales potentielles ( colza, Féverole...) »