La Tunisie a été élue à la présidence de l'Union Africaine des Chemins de fer (UAC) en la personne de Abdelaziz Chaâbane, Président-Directeur Général de la SNCFT , c'est ce qui a été annoncé aux termes des réunions de l'Assemblée générale et du Congrès de l'UAC, tenues les 15, 16 et 17 octobre à Tunis. Il s'agit d'un mandat de deux ans qui relaye celui assumé par M Siyabonga Gama, président exécutif du Réseau des chemins de fer de l'Afrique du sud (Transnet) ; le plus grand réseau ferroviaire du continent africain.
C'est une étape importante du processus de développement du réseau ferroviaire africain, a affirmé le président sortant de l'Union au cours d'une conférence de presse tenue, mardi après-midi et qui a été l'occasion de dresser le bilan de ce qui a été accompli jusqu'ici par l'UAC et de passer en revue les défis qu'il importe de relever alors que le continent africain se trouve , pour ainsi dire, à la croisée des chemins de fer.
Pour l'essentiel, il va falloir pour les 35 pays qui composent l'Union liguer les efforts pour remédier à une situation peu enviable marquée par un réseau ferroviaire hétérogène et non interconnecté, avec 83.987 km de voies ferrées pour une superficie de 29,6 millions de km. Bien plus, on compte 14 pays africains qui ne possèdent pas de réseaux ferrés, alors que pour la plupart des autres, la construction date du début du 20ème siècle à partir des ports en direction des zones intérieures en vue de transporter les ressources naturelles vers les métropoles des pays industrialisés. S'y ajoutent les faibles vitesses de circulation des trains : 35/55 km/h ; l'absence d'interconnexion entre les réseaux existants et un défaut de politiques des transports et de coordination entre les différents modes.
Aussi, à l'exception de quelques rares pays, dont notamment l'Afrique du sud, le continent accuse-t-il un retard énorme sur le plan des infrastructures, qui sont cependant une des priorités de l'ambitieux nouveau partenariat pour le développement économique de l'Afrique (Nepad) qu'affirment soutenir les principaux bailleurs de fonds. L'Afrique n'a toujours pas réussi à mobiliser un soutien international suffisant pour la rénovation de son système de chemins de fer, jugé pourtant essentiel par de nombreux experts tant sur le plan économique et commercial que pour la protection de son environnement
D'après les experts, les chemins de fer constituent le moyen de transport le mieux adapté pour le déplacement de gros volumes sur de longues distances, se prêtant particulièrement bien au transport de marchandises à destination et en provenance des pays enclavés d'Afrique. Cependant, les chemins de fer ont des coûts de construction et d'équipement élevés et requièrent une gestion plus complexe que celle des routes. En effet, le coût relatif du transport routier a diminué au cours des vingt dernières années alors que, dans le même temps, les services ferroviaires se sont détériorés. Ce qui a eu comme résultat le transfert d'une grande partie du trafic - et donc des recettes - du rail vers la route.
GRANDS PROJETS De grands projets sont cependant à l'étude tels que le rail ouest-africain, qui implique l'interconnexion des réseaux sur plus de 7200 km entre le Nigeria et le Sénégal, en passant notamment par le Burkina Faso, la Côte d'Ivoire, le Liberia, la Guinée et le Sénégal, et dont le coût s'élèverait à 3 milliards de dollars. Ou encore le rail trans-Afrique portant sur 8 000 km entre l'Afrique du Sud et le Tchad à travers, notamment, la Namibie, l'Angola et le Cameroun.
A cet égard, les concours de la compagnie sud-africaine des chemins de fer sont vivement sollicités du fait qu'elle possède une technologie avancée pouvant rivaliser avec celles des sociétés occidentales, et qu'elle détient déjà des parts dans la plupart des sociétés mises en concession à travers le continent.
Dans cette configuration, l'UAC fait office de cadre privilégié permettant aux chemins de fer africains de poursuivre et de développer des actions de modernisation destinées à les rendre efficaces et compétitifs.
La transformation des entreprises ferroviaires de monopole en une entreprise orientée vers le marché avec des objectifs de coopération et d'intégration régionale et sous-régionale figurent parmi ses missions prioritaires.
Ces objectifs s'inscrivent dans le cadre de la constitution d'un grand marché s'appuyant sur les grands corridors de trafic et sur une amélioration des performances techniques, commerciales et financières.
Déjà, dans le cadre de sa politique de normalisation et de standardisation, l'UAC a mené, par le truchement des commissions techniques, plusieurs études sur la définition des normes et spécifications techniques ou la formulation des recommandations adaptées aux conditions d'exploitation en Afrique.
Cette démarche contribue à la réalisation des objectifs à long terme qui visent à faciliter l'interconnexion et l'intégration des chemins de fer.
De même, et s'agissant des ressources humaines, l'UAC a mis au point un projet de création de 4 centres sous-régionaux de formation des cadres en Egypte, en Zambie, au Nigéria et au Congo.
Enfin, l'Union a élaboré un plan directeur pour l'accélération de l'intégration économique africaine, comprenant 18 projets de liaisons à long terme (25-50 ans).