* Le concours du secteur privé est estimé à 300 millions de dinars * 150 000 patients étrangers se sont fait soigner en Tunisie en 2007 dépensant plus de 55 millions de dinars, soit 4000 euros par semaine et par patient * vers la création d'une cité médicale * Projet de loi organisant l'accréditation et la certification des établissements médicaux privés. Renouant avec la tradition des déjeuners-débats mensuels, la Chambre de commerce tuniso-américaine (TACC) en a organisé récemment, sur le thème de l'investissement privé dans le secteur de la santé. L'invité est le ministre de la Santé publique, M Mondher Zenaidi. Introduisant le débat, M. Mondher Ben Ayed, président de la TAAC a mis en exergue l'opportunité que le secteur de la santé offre à l'investissement privé qu'il s'agisse des soins ou des médicaments, soulignant que des avancées significatives ont été accomplies sur ce registre grâce notamment aux incitations mises en place. Tel fut d'ailleurs le biais par lequel le ministre a exposé les grands axes autour desquels s'organise toute l'architecture des mesures et dispositifs que les pouvoirs publics ont conçus pour attirer davantage de capitaux vers ce créneau et dont le point d'orgue est la série de décisions prises lors du comité ministériel de septembre 2008. Au demeurant, il a pris soin de dire combien sont importantes les évolutions enregistrées par la Tunisie en termes d'indicateurs de santé , tels que le volume des dépenses de santé qui se montent à 6% du PIB et à ,7,5% du budget, l'espérance de vie à la naissance qui est estimée, actuellement, à 73,5 ans (75,5 ans pour les femmes et 71,6 ans pour les hommes) alors qu'elle ne dépassait pas 47 ans en 1956, le taux de mortalité infantile qui est aujourd'hui de 20 pour mille naissances vivantes, contre 175 pour mille au début de l'indépendance, le taux de mortalité maternelle qui est de 43 pour cent mille naissances vivantes, et enfin la couverture vaccinale des enfants âgés de 0 à 5 ans, passée de 51 pc, en 1979, à plus de 96 pc en 2006. Des avancées qui s'expliquent par l'ampleur des investissements mobilisés autant que par la qualité des ressources humaines, si bien que l'on compte un médecin pour 900 habitants et que 90% de la population se trouve à moins de 5 kilomètres d'un service de santé. Le secteur privé y a apporté une contribution significative puisqu'il y a pratiquement autant de médecins libéraux que de médecins de santé publique : 45% pour les premiers et 55% pour les seconds. Cet apport se décline surtout dans les investissements mobilisés par le secteur privé et qui se sont élevés à 300 millions de dinars au cours du Xème Plan alors que les prévisions tablaient sur beaucoup moins que cela : 150 millions de dinars. Il est dès lors dans l'ordre des choses que le parc des cliniques aussi bien monodisciplinaires que pluridisciplinaires se compte par dizaines, 99 exactement, offrant 2600 lits, alors qu'il existe par ailleurs 4876 cabinets médicaux de libre pratique, 134 centres d'imagerie médicale, 1404 cabinets de médecine dentaire, 99 centres d'hémodialyse, 1600 officines pharmaceutiques, 1069 infirmeries et autres cabinets paramédicaux, 222 laboratoires d'analyses biologiques, 113 unités de transport sanitaire et 26 centres de thalassothérapie. La qualité des prestations aidant, il n'est ,dès lors, pas étonnant que l'offre médicale libérale tunisienne trouve acquéreur auprès d'un nombre croissant de patients étrangers en provenance notamment des pays voisins comme la Libye et l'Algérie, mais aussi de pays européens. A telle enseigne que la Tunisie est la 2ème destination mondiale de thalassothérapie. Au total, 150.000 patients étrangers se sont fait soigner en Tunisie en 2007, soit trois fois plus qu'en 2004, dépensant plus de 55 millions de dinars, en hausse annuelle de 22% environ, soit 4000 euros par semaine et par patient. Il est vrai que les tarifs pratiqués sont de 40 à 70% moins chers que ceux en vigueur dans les pays occidentaux pour une qualité équivalente. Mise en place d'une structure spécialisée dans la promotion des exportations Pouvoirs publics et investisseurs sont déterminés à ne pas s'en arrêter là, puisque des plans d'actions ont été conçus pour, d'une part ; encourager l'investissement privé dans le secteur de la santé et, d'autre part, créer une véritable industrie d'exportation de soins et de médicaments par le biais de la création d'une cité médicale calquée sur celles qui existent en Thaïlande. Il est envisagé, à cette fin, la mise en place d'une structure spécialisée dans la promotion des exportations et des investissements, dans le secteur de la santé afin, entre autres, d'aider les promoteurs à concrétiser leurs projets. Pour autant, et comme l'a souligné un intervenant dans le déjeuner-débat, il sera essentiel que les prestations fournies obéissent à des normes précises et rigoureuses pour donner une image crédible du dispositif médical et thérapeutique tunisien. Une préoccupation anticipée par le ministère de la Santé publique qui a créé en son sein une structure ayant vocation à s'occuper des litiges pouvant naître d'un défaut de diligence dans les soins, et à prendre des sanctions contre les contrevenants. Mieux, le ministre a annoncé qu'un projet de loi sera soumis très prochainement au pouvoir législatif, organisant l'accréditation et la certification des établissements médicaux privés.