Tripoli s'intéresse à l'achat d'armes mais pas au projet d'un Opep du gaz Le Temps-Agences - Le président russe Dmitri Medvedev a déroulé le tapis rouge hier au Kremlin pour le leader libyen Mouammar Gueddafi, qui a appelé à une plus grande coopération énergétique avec Moscou et réitéré son intérêt pour des achats d'armes russes. "Malheureusement, par le passé, nos contacts se sont surtout développés dans les domaines militaire et politique", a déclaré le dirigeant libyen au début d'une rencontre avec M. Medvedev au Grand Palais du Kremlin. "Maintenant la porte est ouverte pour développer la coopération dans le domaine civil (...) La coopération dans le domaine pétrogazier est notamment d'actualité", a ajouté M. Gueddafi, en visite officielle à Moscou pour la première fois depuis 1985. "Nous avons des approches communes concernant la politique gazière et pétrolière", a-t-il insisté, les deux pays étant des producteurs majeurs d'hydrocarbures. Les compagnies russes, à commencer par le géant Gazprom, souhaitent avoir leur part du gâteau dans l'exploitation de gisements libyens. Gazprom, l'italien Eni et la Compagnie pétrolière nationale libyenne doivent d'ailleurs discuter de projets communs en novembre. Tripoli souhaiterait de son côté que des compagnies libyennes soient associées à l'exploitation de gisements de gaz en Russie, une perspective qui "ne suscite guère l'enthousiasme à Moscou", soulignait vendredi le quotidien russe Kommersant. La Russie réfléchit aussi à la création d'un Opep du gaz auquel la Libye pourrait être associée. Tripoli a toutefois déçu Moscou en prenant ses distances avec ce projet, selon Kommersant. Malgré l'importance d'une plus grande coopération économique, la Libye "ne se désintéresse pas" pour autant des armements russes, a glissé M. Gueddafi, alors que les journalistes quittaient la salle des entretiens. Des ventes d'armes susceptibles de dépasser les 2 milliards de dollars (1,5 milliard d'euros) devaient être évoquées lors de cette visite, selon une source au sein du complexe militaro-industriel russe citée par l'agence Interfax. Tripoli serait notamment intéressé par des systèmes de missiles sol-air S-300 et TOR-M1, des chasseurs MiG-29 et Su-30 et des chars T-90. Rien n'a toutefois filtré de ces entretiens, la presse russe ayant aussi évoqué la possible signature d'un accord dans le nucléaire civil, où la Russie, tout comme la France, aimerait bien vendre sa technologie à Tripoli. "Je suis sûr que ces discussions donneront un nouveau coup de pouce à nos relations amicales", a noté, sobrement, M. Medvedev. Les relations entre Moscou et Tripoli, alliés à l'époque soviétique mais distants après la chute de l'URSS, se sont réchauffées lors de la visite de Vladimir Poutine, alors président, en Libye en avril. Signe de l'importance que Moscou accorde à cette visite, le "Guide de la révolution" libyenne, qui restera jusqu'à aujourd'hui dans la capitale russe, a été reçu dans le cadre raffiné du Grand Palais du Kremlin, réservé aux cérémonies d'apparat. Il a aussi planté sa tente de bédouin dans l'enceinte du Kremlin, sur les pelouses du Jardin secret (en référence à un ancien passage secret vers la rivière Moskova).