* La Tunisie est l'un des pays où il y a le moins de jours d'école et le plus de jours de « repos » Est-il vrai qu'il y a trop de vacances scolaires en Tunisie ? La qualité de l'enseignement est-elle déterminée seulement par la quantité d'heures de travail effectif ? Ces heures sont-elles suffisantes pour atteindre les objectifs scolaires escomptés ? A ce rythme, nos enfants parviendront-ils à acquérir la formation nécessaire ? Ces questions et d'autres encore sont posées et reposées par les familles tunisiennes chaque fois qu'elles voient leur progéniture se faire accorder un temps de repos par le ministère de tutelle. N'est-ce pas là un faux problème que de savoir si les enfants et les enseignants ont besoin de vacances ou s'ils jouissent de trop de « repos » alors que les vacances scolaires sont reconnues à l'échelle internationale et depuis très longtemps comme étant une nécessité faisant partie du processus de l'enseignement dans tous les pays ? Pas de mystère là-dessus. Pourtant, certaines gens continuent de se représenter le métier de prof. en termes économiques comme peu productif eu égard aux multiples vacances qui lui sont accordées. Pourquoi élèves et profs ont vraiment besoin de ces vacances ? Selon le calendrier des vacances fourni par le ministère de tutelle pour l'année scolaire 2008/2009, on compte 185 jours ouvrables pour les collèges et les lycées (abstraction faite des fêtes religieuses), ce qui équivaut à environ six mois de travail scolaire, le dernier jour d'école étant fixé pour le 30 mai 2009, dernier jour de la semaine bloquée du 3è trimestre, le mois de juin étant consacré aux examens nationaux, aux corrections et aux conseils des classes ! Huit semaines de vacances en été, 7 jours en automne, deux semaines en hiver, deux autres semaines au printemps et d'autres jours fériés à l'occasion des fêtes nationales et religieuses ; ce qui fait de la Tunisie l'un des pays où il y a le moins de jours d'école et le plus de jours de vacances ! Si l'on convertit ces jours ouvrables en heures, on obtiendra environ 950 heures, sachant qu'en moyenne un élève fait 5 heures de cours par jour, tous niveaux confondus. Comparé à d'autres systèmes éducatifs dans plusieurs pays du monde, le système tunisien reste dans les normes internationales quant au nombre d'heures de cours par an. D'ailleurs, dans le cadre de la Loi d'orientation de l'Education et de l'Enseignement de juillet 2002, le ministère de l'Education, nous présente une comparaison entre la Tunisie et les pays de l'Union Européenne sur le nombre d'heures effectuées annuellement montrant que dans le 1er cycle de l'enseignement de base, le nombre d'heures en Tunisie varie entre 735 et 980 heures par an contre 760 et 830 dans les pays de l'Union Européenne et que dans le second cycle de l'enseignement de base, il est de l'ordre de 840 en Tunisie contre 910 heures en Europe. Pour ce qui est de l'enseignement secondaire, la même étude fait apparaître qu'en Tunisie le nombre d'heures de cours par an, selon les branches, s'étend sur 650 (section lettres) et 910 (section technique) alors qu'en Europe le nombre peut atteindre 900 heures par an.
Modernisation de l'école En effet, selon la Loi d'orientation de 2002, la modernisation de l'école tunisienne dépend en premier lieu de la qualité des prestations et non pas de la quantité d'heures de travail. Ce qui revient à dire que la durée annuelle du travail scolaire pourrait ne pas être influente dans la mesure où l'accent est désormais mis sur la qualité de l'enseignement plutôt que sur un emploi de temps surchargé. L'introduction progressive des NTIC dans l'enseignement tunisien aidera à consacrer le principe d' « une tête bien faite vaut mieux qu'une tête bien pleine ». Aujourd'hui, tout système éducatif dans le monde ne peut se distinguer que par la qualité de la formation que l'école doit garantir aux élèves. Peu importe le nombre des jours ouvrables ou celui des jours fériés durant l'année scolaire. Dans certains pays, on a même réduit la séance de cours : si en Tunisie, elle est de 55 minutes, en France, elle est seulement de 45 minutes ; en Angleterre, elle est de 40 minutes et ce, à la suite de l'introduction de nouvelles méthodes didactiques et pédagogiques qui ont réalisé un important gain de temps ! C'est qu'il est devenu trop réducteur d'assimiler la réussite d'un système éducatif donné à la simple comptabilisation du nombre d'heures d'études par jour, par semaine ou par an. D'autre part, les vacances scolaires ne sont pas une faveur accordée aux enseignants et aux élèves par le ministère ; c'est une nécessité pour permettre aux uns et aux autres de se reposer et de les doter d'un second souffle pour pouvoir continuer le chemin. « Les vacances sont aux profs ce qu'est la bouée de sauvetage aux naufragés », une métaphore utilisée par un éducateur français pour souligner l'importance des vacances scolaires pour les profs (comme aux élèves, d'ailleurs !) qui deviennent si éreintés, si exténués à la fin de chaque trimestre qu'ils ont besoin d'une pause salvatrice, compensatrice. Mais ces profs, jouissent-ils vraiment de leurs vacances que certaines gens croient trop fréquentes et peut-être peu méritées ? Ces vacances sont-elles vraiment trop longues pour nos enfants ?
Les vacances pour travailler Il est vrai que les vacances sont des moments de repos, de récupération pour les profs comme pour les élèves. Mais la réalité est toute autre : rares sont les profs ou les élèves qui en profitent pour partir en excursion ou en voyage pour se changer les idées ou pour s'offrir un petit séjour dans un hôtel pour se délasser et se marrer ! Demandez à un prof ce qu'il va faire pendant les vacances d'hiver ou de printemps, l'un vous dira : « Mais j'ai des copies à corriger ! » ; un autre vous répondra : « C'est dommage ! J'ai vraiment des cours à préparer ! » ; un autre encore vous lancera : « Hélas ! Je dois assister aux journées de formation sur... ». Tous les profs ont droit aux vacances, mais ils ne peuvent en profiter, faute de temps et peut-être de moyens ! Fethi, prof de philo, nous explique ce paradoxe : « le métier d'enseignant est un métier ingrat et pourtant on est souvent envié pour les 18 heures de travail par semaine ; la plupart des gens ignorent que pour chaque heure effectuée en classe, il y a au moins deux heures de préparation à la maison ! Sans compter le temps réservé à la correction des copies et à celui consacré à toutes les autres activités scolaires : réunions pédagogiques, journées de formation, l'élaboration des sujets d'examens, présence aux conseils des classes, les rencontres avec les parents d'élèves... Faites le calcul ; vous trouverez qu'un prof fait plus de 40 heures par semaine ! » Son collègue Yassine, prof d'instruction religieuse, insiste sur les conditions de travail souvent précaires dans lesquelles travaille le prof : « Je demande à tous ceux qui envient notre métier pour les 18 heures de travail par semaine et les vacances trop longues, à ceux qui disent que c'est un travail facile et reposant de venir passer une heure seulement avec les élèves ; ils refusent évidemment, car ils n'auront ni la patience, ni le tact d'un prof pour pouvoir y résister ! Et puis, les vacances scolaires, ce n'est pas un luxe, tous les enseignants du monde en ont ; en France, par exemple, il y a beaucoup plus de vacances que chez nous ! » En ce qui concerne les élèves, les vacances scolaires sont d'un grand intérêt. C'est l'occasion de se reposer, de se divertir, mais aussi une période de révision de ce qui précède et de préparation à ce qui va suivre. Un bon élève est celui qui ne se contente pas du cours donné par le prof, qui profite des vacances pour approfondir ses connaissances grâce aux travaux extrascolaires (lecture, exercices, recherche sur Internet, visite des musées, sorties pour des galeries de peinture ou des manifestations culturelles... « Malheureusement, pour la plupart des enfants, les vacances constituent une rupture totale avec l'école, nous a déclaré Haifa, élève en première année secondaire, Pourtant, c'est le manque d'occupation qui rend les vacances trop longues. Pour moi, c'est l'occasion de faire ce que je n'ai pas pu faire pendant les jours d'école : lire un ou deux romans, par exemple ! » Ce sont surtout les parents qui se dérangent pendant les vacances, ne sachant pas souvent comment mettre à profit les vacances scolaires pour leurs enfants. Riadh, instituteur, fait remarquer à ce propos : « Certains parents ne savent pas s'ils doivent les laisser se reposer ou les faire travailler encore davantage pour se rattraper et se préparer à la période suivante. Toutefois, une petite révision est toujours conseillée, mais il ne faut pas oublier que les vacances sont aussi faites pour se reposer ! »