Le 10 novembre 2004 partait pour toujours l'emblème de la cause palestinienne Yasser Arafat, l'Homme à la célèbre « Kouffia ». Figure emblématique, il est l'initiateur du « projet palestinien » notamment à travers la création, en 1964, de l'OLP avec les Shoukaïri, Abou Iyyad, Khalil El Wazir (Abou Jihad) et autres compagnons de route. Si l'histoire garde souvenir de l'œuvre de ces vétérans, c'est sans doute le fait qu'ils soient parvenus à imposer cette cause sur l'agenda international et faire comprendre au monde entier qu'il y a bel et bien un peuple et un pays qui s'appellent : La Palestine et les Palestiniens. Avant 1964, les choses n'ont pas été aussi claires que ça. Le célèbre discours d'Abou Ammar du haut de la tribune de l'ONU en 1974 pointé par un : « Ne m'enlevez pas la branche verte de l'olivier » restera dans les mémoires et a permis de positionner, une fois pour toutes, la Palestine au cœur des affaires politiques du monde. Le long parcours du Leader Arafat dans sa lutte pour l'indépendance de la Palestine a été, faut-il le rappeler, émaillé par un nombre important de dissidences, de luttes internes et d'embûches mises sur sa route, parfois par des « frères ». Sa propre organisation, le Fatah, a connu tout au long de son histoire une série de dissidences qui ont même donné lieu à des luttes armées. La gestion de l'OLP n'a pas été non plus aussi aisée au vu des divergences entre ses composantes et notamment entre le Fatah et Le FPLP (Front populaire de la libération de la Palestine). Quoi qu'il en soit, le chemin fût parcouru sur la voie de la lutte politique et armée avec une adhésion inconditionnelle de tous les peuples arabes et musulmans. Une lutte des plus acharnées car il s'agit d'un ennemi « très spécial », Israël et son idéologie sioniste appuyée inconditionnellement par la première puissance du monde, les Etats-Unis. La première guerre du Golfe, la chute de l'empire soviétique et autres évènements vont pousser enfin à un changement de taille dans la stratégie nationale palestinienne : La paix comme stratégie. L'héroïsme et les faits d'armes des valeureux combattants palestiniens (la guerre du Liban en 1982 en mémoire) vont céder la place à une démarche réaliste à un moment qui permit d'espérer à un règlement pacifique d'un conflit qui n'a que trop duré. Chimère, une espérance vite trahie par le comportement de la partie adverse dont l'establishment n'a jamais voulu admettre le droit du peuple palestinien à l'indépendance et à vivre dans un Etat souverain. La nouvelle étape de la lutte pacifique, commencée officiellement en Septembre 1993 avec la signature, à Washington, des accords d'Oslo et la poignée de mains historique entre Arafat et Rabin, va mettre la cause palestinienne devant un nouveau défi : Obtenir par les négociations ce qui n'a pu être obtenu par la force. Ceci nécessitait un front interne uni à toute épreuve. L'histoire des luttes nationales des peuples pour l'indépendance enseignait cette nécessité. Il suffit tout simplement de se rappeler de la lutte de la l'Algérie pour sa liberté. Dans cette nouvelle donne, Feu Arafat, une fois installé à Ramallah, va arriver, tant bien que mal, à maintenir les différentes factions palestiniennes sous son contrôle. Ceci était nécessaire vu que les promesses israéliennes de paix s'étaient avérées illusoires malgré les innombrables rounds de négociations et d'accords signés. La situation s'est enfin embrasée et Arafat de se retrouver assiégé dans son quartier général par l'armée israélienne. Elle n'a pas pu l'assassiner par un moyen « conventionnel » mais elle a usé d'un moyen beaucoup plus cruel. Par son charisme et son art du verbe, Arafat a pu galvaniser les différentes factions palestiniennes tout au long de la deuxième intifadha. Il a pu surtout maintenir le Hamas , devenu au fil des années un rival de taille pour le Fatah, sous « contrôle » et a pu l'empêcher de profiter politiquement de son influence sur le terrain. Quatre ans après sa disparition, le schéma est totalement différent, les indicateurs sont tous au rouge pour les Palestiniens. Une paix toujours en attente, des luttes internes, deux « gouvernements » à Ramallah et à Gaza et surtout une perte d'aura de la cause palestinienne, qui fédérait jadis, tous les peuples épris de liberté et de justice. Le legs d'Arafat, qui avec des dizaines de milliers de Palestiniens ont donné leur âme pour la Palestine, n'a malheureusement pas été préservé. La cause palestinienne en est aujourd'hui à « virage » dangeureux.