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Le commerce florissant des fouilleurs de poubelles
LA VIE DANS LA CITE
Publié dans Le Temps le 15 - 12 - 2008

Ils sont partout. Dans les quartiers résidentiels ou populaires, dans le centre de la ville ou dans les banlieues, on voit ces hommes, de jour comme de nuit, fouiller dans les conteneurs de poubelles. Ils se précipitent sur les conteneurs avant le passage des bennes d'ordures qui vont vider tout, pêle-mêle ! Que cherchent-ils ?
Que trouvent-ils ? Que font-ils de leurs trouvailles ? A pied, à bicyclette ou même à moto, ils sillonnent les rues à longueur de journée passant d'une poubelle à une autre pour faire leur collecte quotidienne d'objets encore utilisables ou de produits électroménagers récupérables et pourquoi pas des restes d'alimentation jetés par des marchands de légumes et de fruits. Est-ce la pauvreté qui pousse ces hommes à plonger dans les ordures, ou est-ce l'esprit du commerce qui les mène jusqu'à tirer profit des déchets domestiques ?
La fouille dans les poubelles, ce n'est pas un travail facile, ça demande du courage et de la patience. Suivez un fouilleur dans son travail, vous verrez bien qu'il se donne beaucoup de peine pour dénicher des objets intéressants. Dans ce conteneur, il peut trouver des chaussures encore utiles, dans l'autre conteneur, il tombe sur des jouets d'enfants encore intacts et dans le conteneur suivant des ustensiles de cuisine presque neufs. Mais il arrive qu'il passe une demi-heure de recherche dans un même conteneur sans rien trouver. Quelquefois, il fait une bonne récolte : des pièces électroniques servant pour ordinateur, des transistors, des cédéroms et des cassettes. Il peut y ramasser des outils électroménagers encore fonctionnels jetés sûrement par un consommateur mordu de nouveauté. Parfois, il fait de petites trouvailles précieuses qui consistent en des lecteurs CD, de vieux haut-parleurs pour ordinateurs, un appareil photo encore en bon état que quelqu'un vient de jeter pour le remplacer par un autre numérique. Des pneus crevés, des rétroviseurs à peine endommagés, des auto-cassettes démodés... Bref, il met la main sur tout ce qui peut être commercialisé, revendu. Tous ces objets ramassés seront minutieusement nettoyés, réparés, puis revendus à des brocanteurs qui les achètent généralement à bas prix. Un fouilleur de poubelles n'a pas à discuter le prix ; tout ce qu'il touche d'une affaire est un profit net, n'ayant rien investi dans son travail !
Cependant, le but de certains fouilleurs n'est pas toujours commercial. Si les uns fouillent dans les conteneurs à la recherche d'objets à revendre, d'autres vivent de cette fouille, comme cet homme très connu dans une localité de la banlieue sud qu'on voit chaque jour depuis des années poussant sa brouette chargée de déchets alimentaires ou de vieux vêtements ramassés dans des poubelles placées à proximité du marché de la ville ou tout près d'un supermarché : des déchets de boucheries, poissons pourris non vendus, des morceaux de volailles, des pâtes non utilisées, des fruits ou des légumes gâtés. Les gens qui l'ont connu jurent qu'il n'a jamais acheté de fruit ou de légume de toute sa vie. Ce genre de fouilleurs est de plus en plus rare, à moins que la fouille des poubelles reste encore chez quelques uns un loisir ou une manie ! Même ceux qui vivent encore aujourd'hui dans une extrême pauvreté ont d'autres moyens pour subsister : la mendicité par exemple, un autre phénomène dans notre société.
Pour revenir à la fouille des poubelles en tant qu'activité commerciale exercée par un grand nombre de citoyens, on remarque que pas mal de jeunes sans travail s'y adonnent, faute de mieux. Mais certains se spécialisent dans le ramassage de bouteilles en plastique ou en verre que recèlent nos poubelles, étant donné que les ménagères, n'étant pas habituées au tri sélectif de leurs ordures, jettent tout dans le même sac. Ces bouteilles recueillies par ces fouilleurs seront revendues aux commerçants à un prix très modique. Mais ces jeunes fouilleurs misent sur la quantité pour pouvoir gagner leur pain. Mongi, un ramasseur de bouteilles vides nous a déclaré : « Pour gagner 5 dinars, il me faut ramasser 1000 bouteilles, à raison de 5 millimes la pièce ! En été, on peut gagner davantage ; la consommation d'eau minérale augmente en cette saison ! Que voulez-vous, c'est mieux que de mendier ou voler ! » Ces jeunes fouilleurs travaillent en groupes de 3 ou 4 appartenant souvent à la même famille ou habitant le même quartier ; ils s'organisent, se divisent le travail, se répartissent sur plusieurs quartiers pour faire leur collecte. « Une fois, on a ramassé une grande quantité de bouteilles, on fait appel au camionneur, notre associé, qui se charge de transporter la marchandise jusqu'à l'entreprise concernée. »
Quel que soit le but de ces fouilleurs des poubelles, cette activité peut être dangereuse pour leur santé. La plupart fouillent de leurs mains souvent non protégées par des gants et ne mettent pas de masques pour ne pas sentir les odeurs nauséabondes. A part cela, ils sont exposés aux objets tranchants (couteaux, lames, ciseaux, débris d'assiettes cassées, tessons de verre...) ou à certaines odeurs toxiques émanant de produits avariés ou chimiques jetés par inadvertance dans ces poubelles. Les plus avertis sont munis d'une barre de fer pour effectuer leurs recherches. Ces fouilleurs ne travaillent pas en cachette ; ils font leur travail sans complexe et sans se soucier des passants qui les regardent avec dédain, comme si fouiller dans une poubelle était un acte criminel. Or, ce sont ces gens-là qui ont jeté ces objets considérés comme encombrants et dont la plupart sont encore utilisables. Bombardés par la publicité, ces consommateurs sont enclins à jeter tout ce qui est ancien pour le remplacer par ce qui est nouveau, jugé meilleur et plus performant ! En récupérant ces objets jetés par ces consommateurs et qui peuvent devenir nuisibles à l'environnement, peut-on dire que ces fouilleurs jouent un certain rôle dans la protection de la nature ? A méditer !


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