* Il existe en Europe près de 20 millions d'émigrés arabes dont plus de 4 millions sont constitués de médecins, ingénieurs, universitaires, hommes d'affaires et techniciens supérieurs, outre les ouvriers spécialisés qui sont des millions. * Les Arabes saluent les changements en perspective dans les politiques européennes en la matière Les représentants des pays arabes réunis, hier à Tunis, dans le cadre d'un Colloque arabe sur l'émigration arabe vers l'Europe, ont salué les nouvelles orientations imprimées aux politiques européennes en matière d'immigration, à travers le Pacte européen sur l'immigration et l'asile, adopté le 16 octobre dernier par les dirigeants des pays de l'Union Européenne. Intervenant à l'ouverture de cette rencontre annuelle arabe sur l'émigration, organisée par le Centre de la ligue arabe à Tunis, M. Chedli Neffati, secrétaire général adjoint de la Ligue arabe et président de ce Centre, s'est félicité de l'unification des politiques européennes en matière d'immigration, réalisée grâce au Pacte européen sur l'immigration et l'asile et qui constituaient jusqu'à présent, par leur différence d'approches, une entrave à l'adoption de résolutions communes arabo - européennes, dans ce domaine. Des changements positifs ont été aussi apportés par ce Pacte en ce qui concerne la conception européenne de l'immigration considérée, désormais, par le Pacte européen signalé, comme étant une chance et un facteur d'échange économique et humain, au profit des immigrés, des pays d'origine et des pays d'accueil.
Le problème reste entier A cet égard, les participants ont émis l'espoir de voir ce changement de stratégie dans la politique européenne, favoriser davantage de coopération et de solidarité entre les deux parties arabe et européenne en vue d'aboutir à une gestion commune du dossier de l'émigration. La déclaration finale issue de la réunion tenue, les 3 et 4 novembre 2008, à Marseille, en France, par les ministres des Affaires étrangères de l'Union pour la Méditerranée a, en effet, réaffirmé le lien étroit entre l'émigration et le développement et la nécessité d'aborder la question d'un point de vue global, et équilibré. Cependant, à travers ces nouvelles orientations, les pays européens désirent encourager l'émigration positive ciblée vers les pays européens, pour répondre à leur demande croissante en compétences et en cadres et agents spécialisés, tout en continuant d'appliquer des mesures sécuritaires face à l'émigration sauvage, marginale et non désirée. Aussi, après avoir examiné l'année dernière les problèmes de l'émigration clandestine, le Colloque arabe sur l'émigration a choisi de se pencher, cette année, sur des thèmes en rapport étroit avec cette nouvelle problématique de l'émigration, soit l'émigration des compétences et des élites, leur intégration dans les pays d'accueil et le rôle qui leur revient après ce changement de perspective, parallèlement à l'émigration féminine arabe et la participation des émigrés arabes dans la vie politique européenne. Une séance spéciale a été consacrée à la politique européenne en matière d'émigration. Invité à participer à l'animation de la rencontre, M. Ali Chaouch, ministre des Affaires sociales, de la Solidarité et des Tunisiens à l'étranger, a insisté, de son côté, sur la contribution que l'émigration peut apporter à la réalisation du développement solidaire et au renforcement du rapprochement entre les peuples, exprimant son optimisme à la suite de la nouvelle approche européenne en matière d'immigration. Il a émis l'espoir qu'outre l'objectif de mieux organiser l'immigration en Europe qui l'inspire, elle incitera à consentir davantage d'efforts en faveur de l'amélioration des conditions des émigrés arabes en situation régulière dans les pays européens, de façon à garantir l'intégralité de leurs droits économiques et sociaux. Or, il existe en Europe près de 20 millions d'émigrés arabes dont plus de 4 millions sont constitués de médecins, ingénieurs, universitaires, hommes d'affaires et techniciens supérieurs, outre les ouvriers spécialisés qui sont des millions. A cet égard, les participants au Colloque ont dénoncé la tendance à occulter la contribution précieuse de cette masse de compétences arabes au développement de l'Europe, chez certains secteurs des sociétés européennes qui préfèrent centrer les regards sur l'émigration marginale et clandestine à des fins de surenchères électorales. L'accent a été mis, justement, sur le rôle que ces compétences arabes émigrées peuvent remplir pour améliorer l'image de marque des communautés arabes émigrées, ainsi que celle de la culture arabe et de l'Islam, cibles d'amalgames dangereux, car l'instauration de rapports de partenariat privilégiés entre Arabes et Européens commande, aussi et surtout, un changement des mentalités et des esprits. Le problème de l'émigration reste, donc, entier, de sorte que ce changement de stratégie de la part des pays européens est une opportunité pour le régler sur des bases plus solides et plus positives. Dans cet esprit, une coopération arabe plus étroite, en matière d'émigration, à tous les niveaux, a été recommandée par les participants, pour mieux saisir cette opportunité.