Le secteur industriel est le principal consommateur d'énergie en Tunisie avec plus de 36 % du global général de la facture énergétique. Ce secteur a fait l'objet de plusieurs campagnes de sensibilisation en matière de maîtrise d'énergie car l'énergie entre dans le coût du produit fabriqué. La réduction de la facture énergétique permet de réduire le prix de revient du produit industrialisé et le rend plus compétitif sur le marché. Une telle situation fait de la maîtrise d'énergie dans le secteur industriel l'une des priorités de l'Agence Nationale de Maîtrise d'Energie surtout suite aux dernières fluctuations du prix du pétrole durant les 24 derniers mois. Les cours du pétrole ont touché les sommets en s'approchant de 150 $ le baril et sont redescendus jusqu'à moins de 40 $ quelques mois plus tard. De telles perturbations sont désormais coutumières surtout avec l'avènement de la crise financière internationale et les annonces par les experts des prémices de l'ère de l'après-pétrole. Ces diverses considérations ne peuvent qu'influer sur les programmes d'action de l'industrie tunisienne. L'Agence Nationale de Maîtrise d'Energie « ANME » ne peut que les prendre en ligne de compte dans ses plans d'action à l'adresse du secteur industriel en vue d'optimiser ses résultats. La maîtrise d'énergie constitue l'un des facteurs encourageant l'essor de l'industrie en Tunisie et aidant à l'optimalisation de ses résultats. C'est pourquoi l'ANME lui a élaboré un programme spécifique.
Les axes Le secteur industriel, hors industries de l'énergie (production d'hydrocarbures, raffinage, centrales électriques) se présente comme le premier secteur consommateur avec 2 044 ktep finale en 2004 soit environ 36% de la consommation totale d'énergie finale commerciale de la Tunisie et offre le plus grand potentiel d'économie d'énergie. Les établissements industriels assujettis à l'audit énergétique obligatoire et périodique sont au nombre de 215 établissements et consomment environ 1965 ktep primaires représentant ainsi plus que 70 % de la part de l'industrie en énergie primaire qui est de l'ordre de 2,8 Mtep. Pour mobiliser le potentiel d'économie d'énergie existant au sein de ces établissements, différents types d'activités sont exercées : Audit, contrat-programme et consultation préalable : On entend par audit énergétique, toute opération de diagnostic de la consommation d'énergie au sein de l'établissement à travers la réalisation de recherches, d'études et de contrôles visant à évaluer le niveau de performance énergétique de l'établissement, à analyser les causes des insuffisances et à proposer les actions correctives. (Loi n°2004-72 du 02 août 2004 relative à la maîtrise de l'énergie et le décret d'application n° 2004-2144 du 02 septembre 2004, fixant les conditions d'assujettissement des établissements consommateurs d'énergie à l'audit énergétique obligatoire et périodique, le contenu et la périodicité de l'audit et les catégories de projets consommateurs d'énergie assujettis à la consultation préalable, les modalités de sa réalisation; ainsi que les conditions d'exercice de l'activité des experts-auditeurs). Sont assujettis à l'audit obligatoire et périodique les établissements appartenant au secteur industriel dont la consommation annuelle totale d'énergie est supérieure ou égale à 1 000 TEP ainsi que l es établissements appartenant aux secteurs du transport, du tertiaire et du résidentiel dont la consommation annuelle totale est supérieure ou égale à 500 TEP. Projet d'Efficacité Energétique dans le secteur Industriel : Le projet d'efficacité énergétique dans le secteur industriel (PEEI) financé par le Fonds pour L'environnement mondial (FEM), par la Banque mondiale, vise l'élimination des barrières pour le développement du marché de l'efficacité énergétique de façon durable. À cette fin, une phase pilote de cinq ans axée sur la réalisation de 125 projets a été mise en place depuis 2005. Ces projets concerneront les industries de grande et moyenne taille ayant un potentiel intéressant d'efficacité énergétique. Le PEEI, vient donc à point nommé pour contribuer à la relance et à l'amplification de la politique d'efficacité énergétique en Tunisie. Le PEEI comporte trois composantes ou modalités d'intervention : * Composante 1 : L'incitation des industriels aux investissements dans l'efficacité énergétique à travers l'octroi d'une surprime de 10% (avec un plafond de 100 000EU) en plus de la prime accordée dans le cadre du programme de mise à niveau ou par le fonds national de maîtrise de l'énergie pour la réalisation d'environ 125 projets pilotes d'efficacité énergétique dans le secteur industriel. * Composante 2 : Le développement des Etablissements de Services Energétiques (ESE) par la garantie des crédits alloués par les établissements de crédits pour le financement des projets réalisés avec le recours aux ESE. * Composante 3 : Le renforcement des capacités des opérateurs du marché (centres techniques, bureaux d'études, ESE, experts en services, conseils et accompagnement (ESCA) et consultants) et des représentants des institutions concernées (les banques, les compagnies de Leasing, le ministère des Finances, le ministère de l'Industrie, de l'Energie et des Petites et Moyennes Entreprises, l'Agence Nationale pour la Maîtrise de l'Energie, la Société Tunisienne de Garantie, le bureau de mise à niveau et la Société Tunisienne de l'Electricité et du Gaz).
Substitution énergétique dans le secteur industriel L'objectif du programme de la substitution énergétique dans le secteur industriel, durant la période 2005 - 2008, est de raccorder 300 établissements industriels au gaz naturel à raison de 100 établissements par an moyennant une économie d'énergie, durant cette période, de 46.800 TEP et une réduction des subventions de l'Etat de 28.08 millions de dinars, durant cette même période. Les économies d'énergie sur la durée de vie du projet sont estimées à 360.000 TEP. Durant l'année 2006, 97 établissements industriels se sont engagés (paiement d'une avance sur leur devis) pour être raccordé au réseau national de distribution du gaz naturel, ce qui porte le nombre à 181 établissements industriels pour la période 2005 - 2006. Le taux de réalisation du programme a atteint, en 2006, environ 60% des objectifs du programme. La réduction de la subvention de l'Etat a été évaluée à environ 11.6 millions de dinars qui est due essentiellement à la substitution du fuel par le gaz naturel. Il est à signaler que dans le secteur cimentier, 3 établissements se sont convertis au coke de pétrole ce qui a permis à l'Etat d'éviter une subvention d'environs 39 millions de dinars tunisiens. Par ailleurs, la réduction globale de la subvention de l'Etat a été évaluée à environs 65 millions de dinars tunisiens. En 2007, il est prévu de raccorder 100 nouvelles entreprises industrielles au réseau national de distribution du gaz naturel et de transformer 2 établissements industriels au coke de pétrole. Mais les statistiques ne sont pas disponibles quant au taux de réalisation de ce projet pour les deux dernières années.
Le bilan L'administration est consciente de l'importance de la maîtrise de l'énergie dans l'industrie. Les programmes de l'ANME le montrent très clairement. Il n'empêche qu'on ne connaît pas exactement l'impact réel de ces programmes pour statuer sur leur efficacité surtout qu'on est en fin 2008 et que ces programmes touchent à sa fin. Le site de l'ANME ne comporte pas les résultats obtenus. Lesquels résultats pourraient donner une idée sur le parcours de la Tunisie en matière de maîtrise d'énergie dans l'industrie et d'utilisation de substitut du pétrole comme énergie pour échapper aux perturbations des prix du carburant.