Tunis-Le Temps - Le quadragénaire avait surtout les mots pour convaincre. Il avait en plus de cette éloquence de langage qui lui servait à aborder son interlocuteur, une prestance qui ne pouvait pas tromper. Avec toutes ces « qualités », il pouvait facilement embobiner n'importe qui afin de parvenir à le gruger. Il eut l'idée cette fois-ci de se présenter à un ébéniste en tant que contremaître dans un atelier de menuiserie. Il se mit d'accord ainsi avec lui pour la préparation d'un certain nombre de fenêtres au profit de son atelier, pour une somme totale de 24 mille dinars. L'eau à la bouche, l'ébéniste accepta volontiers d'acquiescer à sa demande consistant à lui accorder 5% du prix de revient total de ladite transaction. Le « contremaître » lui fixa rendez vous pour le lendemain, devant une agence bancaire afin de conclure leur accord. Ce qui fut fait. Ponctuel l'ébéniste se présenta au lieu indiqué avec la somme de 600 dinars équivalente au pourcentage convenu à titre de commission. Son partenaire arriva quelques minutes après et l'ébéniste lui remit le paquet en monnaie sonnante et trébuchante, ainsi qu'une copie de sa carte d'identité en vue d'accomplir les formalités de l'appel d'offres. « Attendez-moi ici quelques minutes, je dois consigner cette somme à la banque en attendant le résultat de l'appel d'offres….on ne sait jamais ». Par ces paroles le contremaître mit encore plus en confiance l'ébéniste, qui dut penser que son partenaire était très honnête. Seulement l'attente s'éternisa et comme la sœur Anne , il ne vit rien venir. Le contremaître ne donna plus signe de vie, et son téléphone portable était toujours éteint. Il comprit finalement qu'il eut affaire à un imposteur, et s'empressa de porter plainte contre lui. L'enquête révéla que le contremaître n'était qu'un vieux cheval de retour qui avait déjà été condamné auparavant pour des faits similaires. Inculpé d'escroquerie, il fut présenté en état d'arrestation devant le tribunal de première instance de Tunis. Il ne put que reconnaître les faits incriminés, déclarant qu'il était poussé à agir de la sorte à cause de l'état d'indigence dans lequel il se trouvait. Il fut condamné après délibérations à un an de prison.