Les membres du Conseil National de Lutte Contre la Désertification se sont réunis hier, pour la deuxième fois au siège du ministère de l'Environnement et du Développement Durable. Souci commun ; arrêter un plan de travail efficace pour minimiser l'impact de ce problème dans les régions les plus touchées par ce phénomène naturel. « Le bilan de désertification n'est pas alarmant. Les chiffres ne font pas peur, toutefois, il faut arrêter un plan de travail utile pour réduire ce phénomène naturel », insiste le ministre Nadhir Hamada qui n'a pas caché son insatisfaction des résultats de l'étude sur l'état de désertification pour une gestion durable des ressources naturelles, réalisée par le Centre National des Etudes Agricoles. « C'est trop flou comme étude. C'est un travail plutôt académique que pratique. Les résultats ne sont pas pertinents », ne cessait de commenter M. Hamada.
Le travail réalisé jusqu'à présent pour identifier l'état des lieux de la désertification dans notre pays et pour prévoir des solutions et des plans de travail lors des prochaines années paraît inefficace. Les participants à la réunion étaient unanimes sur le fait que l'étude ne reflète pas la réalité. Les chercheurs n'ont pas déterminé, notamment, « les causes réelles de la dégradation du sol, la tendance de l'érosion éolienne, la pluviométrie, l'évaporation, etc », d'après les participants. Mais en quoi consiste cette étude, quels sont ses objectifs et quels sont ses principaux résultats ?
Stratégie Parvenir à mettre une stratégie intégrée contre la désertification et tirer les enseignements des investissements alloués lors du 10ème plan de développement et élaborer une base des données numériques et graphiques qui servira comme outil d'aide à la décision sont, notamment, les objectifs de l'étude. Pour réaliser ce projet, les chercheurs ont axé leur étude sur la dégradation des ressources en sol (érosion hydrique, érosion éolienne, salinité), la dégradation des eaux souterraines et la dégradation des ressources forestières et pastorales. Les résultats varient selon les régions. La moitié du sol est dégradée dans les chaînons atlassiques. La dégradation est, également forte dans la basse steppe avec 49 %. Pour résumer, 44 % du sol tunisien sont en état de dégradation.
Pour ce qui est de la dégradation en termes de salinité, le problème se pose le moins dans la région du Cap-Bon. 85 % du sol de la zone sont en bon état. Par contre la région exploite sa nappe phréatique de manière excessive. L'étude a démontré que les chiffres dépassent les 100 %. Le problème se pose presque de la même acuité dans la zone de haute et basse steppe et Jeffara Matmata. C'est dans la région de la Kroumirie Mogods que la nappe phréatique est préservée. D'une manière générale, la Tunisie exploite la nappe phréatique à 105 %, toujours d'après l'étude. Quant à la couverture végétale, elle varie selon les régions. Elle est clairsemée à 87 % à Tataouine, à 44 % au Kef.
Mesures Plusieurs mesures ont été prises pour lutter contre ce problème. Notamment, 18 mille ha de dunes de sable ont été plantées pour arrêter l'érosion du sol. D'autres projets sont prévus dans le 11ème plan de développement. « Plus de 60 projets sont programmés dans ce cadre », d'après le ministre. Un guide méthodologique pour l'élaboration d'action locale de lutte contre la désertification (PALLCD) a été édité par le ministère de tutelle en janvier dernier. Il oriente les bénéficiaires sur les principales étapes du processus d'élaboration d'un PALLCD à travers notamment, des fiches méthodologiques des étapes de diagnostic et de planification participative, du diagnostic du milieu physique et socio-économique de la zone concernée par l'action.
La désertification est une vraie menace pour nos ressources naturelles limitées. Elles subissent, aussi, les répercussions des changements climatiques. Les autorités de tutelle sont conscientes de l'ampleur de ce problème, en témoignent : les actions et les mesures prises à cet égard. Reste à faire les bons choix pour avoir des résultats pertinents et fructueux.