Nos enfants vivent depuis leur retour des vacances une double angoisse: l'attente des résultats du 1er trimestre et l'effet de la guerre à Gaza. Ces deux événements ont suffi pour bouleverser l'état d'esprit de pas mal d'élèves en ce début du 2ème trimestre ; certains élèves sont aussi bien traumatisés que révoltés par les images atroces diffusées par les chaînes de télévision sur cette guerre farouche menée sans répit contre le peuple palestinien. Ce sont nos chérubins du primaire qui sont les plus choqués par la monstruosité de ces images représentant des enfants déchiquetés gisant sous les décombres des maisons détruites par la machine de cette guerre injuste,barbare et cruelle. Les élèves plus âgés actuellement au lycée se souviennent encore des images abominables, lorsqu'ils étaient encore en bas âge, des enfants irakiens sauvagement tués lors de la guerre du Golfe. L'agression meurtrière de Gaza par l'armée israélienne fait ressusciter chez eux ce très mauvais souvenir qu'ils croient avoir oublié, c'est que les images provenant de Gaza ressemblent plus à celles d'un jeu vidéo qu'à la réalité d'un champ de bataille, tellement elles sont réelles, atroces et choquantes même pour les enfants les plus mordus des films de violence et d'horreur. Certains lycéens qui connaissent plus ou moins les tenants et les aboutissants de la cause palestinienne, semblent prendre les choses plus sérieusement ; plusieurs ont porté le keffieh palestinien, ce foulard à carreaux noirs et blancs), en signe de solidarité en suivant avec un grand intérêt les nouvelles provenant de Gaza ; et leurs discussions au sein de l'établissement, dans la rue ou à la maison ne portent ces jours-ci que sur cette agression qui fauche chaque jour des vies humaines dont pas mal d'enfants et de femmes. Même les plus petits, les gamins de 5 ou 6 ans ne sont pas restés indifférents devant cet affreux carnage dont les images défilent devant leurs yeux et qui ne cessent de demander avec innocence à leurs parents pourquoi ces enfants sont tués, pourquoi ces mères pleurent ; et leurs parents ne peuvent plus éluder la question en leur disant comme d'habitude : « N'aie pas peur, mon fils, ce n'est que de la fiction ! » pour ne pas les épouvanter. Les enfants d'aujourd'hui savent distinguer entre le fictif et le réel et les parents sont alors obligés cette fois de leur expliquer tout ce qui se passe dans cette région du monde (la vérité finira par éclater !) en essayant de les consoler tant bien que mal ; mais il est souvent difficile de détourner leur attention de cette réalité sinistre. Pour un enfant, rien n'est plus éloquent, rien n'est plus convaincant qu'une image montrant des centaines d'enfants palestiniens exterminés par la machine de guerre israélienne. Indignés, ces gamins expriment leur solidarité en écrivant sur leurs pupitres et sur les murs des classes « Vive la Palestine ! » ou en dessinant le drapeau palestinien sur leurs livres et leurs cahiers. La « guerre », inconnue par les nouvelles générations, a suscité non seulement l'indignation de nos enfants mais aussi un sentiment d'amertume et une vague de haine parmi ces générations envers ceux qui ont engendré cette guerre injuste et ceux qui l'ont soutenue en faisant croire, à travers leurs déclarations, que la tuerie des enfants palestiniens dans la bande de Gaza est une autodéfense ! Mais est-il si facile à un enfant traumatisé par les images horribles diffusées sur le petit écran de croire à de telles justifications, à de tels mensonges? Et puis un enfant ne demande pas de justifications ; ces images affreuses d'enfants mutilés et de corps ensanglantés sont assez suffisantes pour le pousser à haïr la guerre et à la condamner, en espérant toujours qu'elle leur sera épargnée ! Pour eux, ce sont les méchants qui font la guerre contre les bons, mais comme dans les contes des fées, ils savent qu'à la fin les forces du bien l'emporteront sur celles du mal ! Cette guerre est, selon eux, menée par des méchants qui seront certainement punis un jour ou l'autre! Chaque jour de nouvelles images apparaissent devant les yeux de nos enfants et qui ne les laissent pas indifférents. A l'école, où ils sont habitués à parler des Droits de l'Enfant et de l'Unicef, on les voit poser des questions à leurs maîtres et professeurs sur les causes de cette guerre et les origines du conflit arabo-israélien qui n'a que trop duré. Abstraction faite des grands dégâts humains causés par cette guerre, il n'en demeure pas moins vrai que cette guerre a alimenté le sentiment de la curiosité chez nos enfants dont la plupart ignorent jusqu'ici qu'il y a quelque part un peuple qui est encore sous le joug de la colonisation, et on voit leurs pensées se diriger vers ces enfants qui meurent sous les bombardements de l'occupant. Et ils espèrent de tout leur cœur que cette guerre prendra fin le plus vite possible pour épargner à ces malheureux enfants palestiniens davantage de malheurs et de souffrance. Pas mal d'élèves dans les collèges et les lycées sont tellement préoccupés par cette agression criminelle contre les Palestiniens de Gaza qu'ils en font leurs discussions quotidiennes. Hechmi KHALLADI
Témoignages Sur le thème de la guerre, nous avons parlé avec quelques enfants dont l'âge varie entre 8 et 15 ans. La question qui leur a été posée est la suivante : « Que penses-tu de la guerre ? » Nous avons recueilli les réponses suivantes. *Elyès, 13 ans : « Je n'aime pas la guerre parce qu'elle tue des enfants innocents comme ceux de Gaza, quand je vois ces enfants tués par les avions, je suis malheureux ! Si j'étais soldat, je refuserais de tuer les enfants ! » *Kenza, 9 ans : « j'ai peur de la guerre ; j'ai peur des bombes. Quand je vois ces enfants tués à la télé, j'ai envie de pleurer, je ne sais pas pourquoi ils tuent les enfants. C'est méchant de faire ça ! » *Souleima, 14 ans : « Quelle horreur ! Je suis très choquée par ces images de guerre. J'ai vraiment pitié de ses petits enfants restés orphelins ! Je ne sais pas vraiment ce que je ferais si j'étais à leur place, ils souffriront toute la vie. Je suis contre la guerre, car je n'aime pas la violence » *Khaled, 15 ans : « ça me rend triste de voir ces images de la guerre à la télé ! J'ai décidé de ne plus regarder le télé journal ; ça m'écoeure, ça me révolte ! Les grands font la guerre et ce sont les enfants qui meurent. Je ne savais pas que la guerre est de cette sauvagerie ! Où sont les droits de l'enfant ; où est l'Unicef ? » *Houssem, 8 ans : « Je n'aime pas la guerre ; ça me fait très peur. C'est dommage qu'il y ait beaucoup d'enfants morts dans cette guerre. Notre institutrice dit que ce sont des martyrs ; ils sont innocents, ils n'ont rien fait ! » * Aya, 12 ans : « Ceux qui font la guerre doivent être punis ! Quand on voit toute une famille mourir d'un seul coup sous les bombes ; c'est affreux ! Je me demande pourquoi on fait passer ces images de morts et de blessés à la télé ! C'est trop dur à supporter ! » *Farah, 14 ans : « Plus de 600 morts en dix jours dont la moitié sont des enfants et des femmes ! Vraiment, c'est abominable ! J'ignore les causes de cette guerre, mais a-t-on vraiment besoin de tuer ces enfants innocents ? Je n'arrive pas à comprendre ! »