Neuf membres d'une même famille tués * Les civils dans une situation de plus en plus précaire Le Temps-Agences - Israël a menacé hier d'intensifier son offensive dans la bande de Gaza, entrée dans sa troisième semaine, qui a fait plus de 800 morts, au moment où la diplomatie s'activait au Caire en vue d'un cessez-le-feu. Israël, qui a décidé de ne pas tenir compte d'une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU appelant à un cessez-le-feu immédiat, a continué de pilonner la bande de Gaza. Cette offensive a provoqué une vague d'indignation dans les capitales européennes, où des dizaines de milliers de personnes ont manifesté aux cris de "halte au massacre", "liberté à la Palestine" ou encore "Israël assassin". Dans l'après-midi d'hier, l'aviation a largué des milliers de tracts sur Gaza-ville avertissant la population d'une prochaine "intensification des opérations". L'armée "va bientôt intensifier ses opérations contre les tunnels, les dépôts d'armes, et les terroristes dans toute la bande de Gaza", a affirmé l'armée dans les tracts en arabe. Malgré la pression militaire, les groupes palestiniens sont parvenus à tirer une dizaine de roquettes faisant quatre blessés, défiant l'armée qui s'est fixé comme objectif de faire cesser ces tirs. Dans la plus grave attaque hier, neuf membres d'une même famille, dont un enfant de 12 ans, ont été tués dans des bombardements à Jabaliya, dans le nord de la bande de Gaza, selon une source médicale palestinienne. L'armée israélienne a démenti avoir tiré dans ce secteur. Les neuf personnes font partie la famille Abed Rabbo. Six autres personnes ont également été blessées, a indiqué un médecin de l'hôpital Kamel Adoune. "Nous étions chez nous quand les bombardements ont commencé. Nous avons fui vers une autre maison et les chars se sont mis à tirer. Certains d'entre nous ont été atteints", a affirmé Oum Mohammed, une femme de la famille blessée transportée à l'hôpital. Au total, 28 personnes ont trouvé la mort, notamment dans le nord où les combats les plus violents opposent les troupes israéliennes aux combattants du Hamas, a affirmé le chef des services d'urgence palestiniens Mouawiya Hassanein. Un responsable militaire du Hamas, chargé des tirs de roquettes, a notamment été tué à Gaza. L'offensive israélienne a coûté la vie à 828 Palestiniens, dont 235 enfants et 98 femmes et des dizaines d'autres civils, et fait plus de 3.350 blessés depuis son lancement, selon le dernier bilan fourni par Mouawiya Hassanein. Trois civils et 10 soldats israéliens ont été tués depuis le début de l'opération "Plomb durci", selon l'armée israélienne. Sur le front humanitaire, l'Agence de l'ONU d'aide aux réfugiés palestiniens (Unrwa) a annoncé une imminente reprise de la distribution d'aide humanitaire, partiellement suspendue jeudi. L'agence a assuré avoir reçu, de la part d'Israël, "des assurances crédibles que la sécurité des personnels de l'ONU" serait "pleinement respectée". "Alors que les opérations militaires entrent dans leur troisième semaine, la situation des civils devient de plus en plus précaire", a réaffirmé le Comité international de la Croix-Rouge dans un communiqué publié à Genève. Un million de personnes vivent sans électricité, 750.000 sont sans eau et les hôpitaux fonctionnent grâce à des générateurs de secours qui risquent de s'arrêter en cas de manque d'essence, selon l'ONU. La décision de poursuivre la guerre a été prise vendredi par le cabinet de sécurité. Le Premier ministre Ehud Olmert a jugé la résolution de l'ONU appelant à un cessez-le-feu immédiat "inapplicable" en raison de la poursuite des tirs de roquettes. Pendant ce temps, la diplomatie poursuivait ses efforts pour mettre fin à la guerre, en particulier au Caire où une délégation du Hamas devait faire part aux autorités égyptiennes de ses "remarques" sur une initiative de sortie de crise du président Hosni Moubarak. M. Moubarak a proposé un plan prévoyant notamment "un cessez-le-feu immédiat pour une période limitée", permettant l'établissement de couloirs humanitaires et laissant le temps à l'Egypte d'oeuvrer pour un cessez-le-feu "global et définitif". Lors d'une conférence de presse au Caire hier, Le président palestinien Mahmoud Abbas, a estimé que l'initiative égyptienne constituait "un mécanisme" permettant l'application de la résolution, soulignant que quiconque la rejetait serait "responsable (...) de l'effusion de sang". Il a exhorté le Hamas à accepter "sans hésitation" le plan égyptien et a également appelé au déploiement d'une force internationale dans la bande de Gaza, chargée de protéger les civils. "Nous refusons toute présence de forces ou d'observateurs internationaux dans la bande de Gaza, et nous rejetons tous les arrangements de sécurité qui portent atteinte à la résistance et à son droit légitime de lutter contre l'occupation", ont affirmé peu après des groupes palestiniens, dont le Hamas, depuis Damas. Un émissaire israélien Amos Gilad doit retourner au Caire "lundi ou mardi" pour discuter du plan égyptien, selon les médias israéliens.