Deux jeunes hommes se sont rencontrés en prison. Et c'est là où ils ont planifié leurs coups pour devenir, après leur libération, un duo spécialisé dans le vol des vélomoteurs. La salle d'audience de la chambre correctionnelle près le tribunal de première instance de Tunis est archicomble. À la barre se tiennent deux malfrats poursuivis en état d'arrestation pour vol de vélomoteurs. Qui sont-ils ? Comment sont-ils devenus des repris de justice ? C'est en 1986 que le plus jeune d'entre eux a vu le jour dans une famille indigente vivant dans les banlieues de Tunis. Il quitte très tôt les bancs de l'école alors qu'il n'était qu'en primaire. Pas d'inscription à la formation professionnelle, ni d'apprentissage auprès d'un artisan. C'est dans la rue qu'il se sentait le mieux. À son onzième printemps, il choisit de devenir un sans domicile fixe (SDF), préférant la belle étoile au toit du foyer paternel. Bien que l'adage populaire dise qu' "aucune chatte ne déserte le festin", ses parents présents dans la salle pensent que leur fils a fugué sans raison, sauf celle d'assouvir son désir de vagabondage ! Ils l'ont cherché partout en vain. Quand ils l'ont retrouvé, il a refusé de les suivre. Il a trouvé refuge au souk où il se débrouille pour gagner sa vie. La nuit, il dort dans un petit coin, toujours dans le souk. Avec le peu d'argent qu'il gagnait, il a commencé à se droguer et à s'enivrer. De fil en aiguille, il est devenu l'esclave de la dépendance au point que l'argent dont il disposait ne suffisait plus. Il devait trouver d'autres moyens pour réunir plus d'argent. Mais comment ? Pour lui, le moyen le plus facile c'était de voler. Commettre ce délit lui a coûté à deux reprises de la prison ferme : il a purgé une peine de six mois et une autre de dix-huit mois. Durant sa deuxième incarcération, il a fait la connaissance de son complice pour cette affaire. Âgé de 28 ans, ce dernier est issu également d'une famille pauvre et s'est livré au vagabondage tout au long d'une dizaine d'années, avant d'entretenir une relation de concubinage avec une femme, son aînée de dix ans. Spécialisé dans le vol des vélomoteurs, il a purgé à trois reprises des peines d'emprisonnement. La dernière est celle durant laquelle il a fait la connaissance de son complice. En fait, il a été libéré quelques semaines avant son nouvel ami. En dehors de la prison, les deux compères ont décidé de reprendre ensemble leur vie de délinquants. L'aîné a appris à son cadet le "b.a. - ba" du vol des vélomoteurs pour qu'ils deviennent partenaires. Trois mois plus tard et après avoir mis la main sur une demi-douzaine de vélomoteurs, ils sont tombés entre les mains de la police. Comment? Un jour en apercevant un homme qui venait de déposer sa moto près d'une banque et qu'il n'y avait pas de gardien, ils se sont tout de suite dirigés vers l'engin sans prêter attention aux deux policiers en civil qui se tenaient devant leurs deux motos à quelques mètres plus loin. Le duo s'est approché du vélomoteur tout en faisant semblant qu'ils étaient en train de discuter. Peu de temps plus tard, le plus jeune s'est accroupi alors que son aîné est resté debout pour surveiller l'entourage. A l'aide d'une lame, le cadenas a été vite brisé et le malfrat pousse déjà le 103 avant de démarrer. C'est à ce moment là où l'un des policiers a sauté rapidement sur sa moto et s'est lancé derrière les voleurs. Le policier a réussi à leur barrer la route contraignant le duo à se livrer après avoir essayé de fuir en abandonnant le vélomoteur. Pas de chance, de l'autre côté, les attendait, le deuxième agent de police. Quand le propriétaire du vélomoteur est sorti de la banque, il a été surpris par les deux policiers et les deux voleurs menottés qui l'attendaient devant la porte. Au tribunal, les deux malfrats interpellés en flagrant délit, n'avaient d'autre choix que de passer aux aveux en affirmant avoir mis la main également sur d'autres vélomoteurs qu'ils revendaient à un receleur. Après les délibérations, ils ont été condamnés à deux ans de prison ferme chacun.