Le Temps-Agences - Des manifestations imposantes contre la politique gouvernementale face à la crise se sont déroulées hier matin dans plusieurs villes dans le cadre de la journée d'action à l'appel de tous les syndicats tandis que les grèves affectaient prioritairement l'Education nationale. La manifestation parisienne à l'appel de tous les syndicats (CGT, CFDT, FO, CFTC, CFE-CGC, FSU, Unsa, Solidaires), entre la place de la Bastille et celle de l'Opéra, contre la politique du gouvernement, a réuni 65.000 manifestants, selon la préfecture de police. Dans le cortège les slogans portaient à la fois sur la crise économique, la défense des services publics et sur des revendications plus précises, comme la sauvegarde du secteur de la santé. Selon François Chérèque, secrétaire général du syndicat CFDT, le deuxième en France, les défilés d'hier en France sont les "plus grandes manifestations de salariés depuis une vingtaine d'années". "C'est "un événement social de grande importance", pas "un coup de colère passager, il y aura des suites", a averti Bernard Thibault, le secrétaire général du syndicat CGT, le premier du pays. Dans les grandes villes de France, les défilés ont précédé celui de Paris. Les manifestants étaient ainsi 25.000 à 30.000 à Lyon, et plusieurs dizaines de milliers à Marseille. Les syndicats, appelant à la défense des salaires, du pouvoir d'achat et des services publics, avaient affirmé attendre une mobilisation inédite depuis l'élection de Nicolas Sarkozy en 2007. Soutenus par l'opposition socialiste, ils entendent adresser un avertissement au chef de l'Etat français sur sa politique face à la crise économique et financière. Les mouvements de grève ont été suivis par un quart des fonctionnaires, dont la moitié environ des enseignants. Les transports ont été perturbés, mais sans provoquer la paralysie et le "jeudi noir" que certains prédisaient. Le mouvement d'arrêts de travail a été plus fort que lors de la dernière journée interprofessionnelle de mai 2008, mais apparemment inférieur à celui de la vaste protestation anti-CPE en 2006, selon les chiffres fournis par la direction et les syndicats pour des entreprises publiques et l'Education nationale. Le gouvernement sera "naturellement attentif" à la mobilisation mais reste "déterminé" à poursuivre les réformes, comme le répète Nicolas Sarkozy en toute occasion, selon son porte-parole Luc Chatel. La défense de l'emploi, du pouvoir d'achat et des services publics est au coeur de cette journée organisée par l'intersyndicale (CGT, CFDT, FO, CFTC, CFE-CGC, FSU, Unsa, Solidaires). Prévenus de longue date, les salariés ne se sont pas rués sur leurs véhicules et la circulation était plutôt fluide dans les grandes agglomérations. A la SNCF, les prévisions de trafic ont été respectées (entre 30% et 60% des trains dans la plupart des cas), la loi sur le service minimum permettant aux directions de savoir à l'avance qui est gréviste. La grève était suivie par 36,7% des agents selon la direction et 41% selon la CGT. Le trafic RATP était un peu meilleur que prévu pour les métros, bus et tramways. En moyenne 75% des métros roulaient, 85% des autobus. Trafic en revanche très perturbé sur le RER. Situation variable dans les transports en commun des capitales régionales: fortes perturbations à Lyon, moins sensibles à Lille. 35% des vols à Orly ont été annulés préventivement. Le Bourget a été fermé faute de contrôleurs aériens. Mouvement très suivi à l'Education nationale. Quelque 47,92% des enseignants étaient en grève dans le primaire et 28,03% dans le secondaire, selon le ministère, le syndicat FSU (majoritaire) annonçant 67,5% en primaire et "pratiquement 60%" dans le secondaire. Dans l'ensemble de la fonction publique, plus de 23% des agents étaient en grève, selon le ministère. Taux identique à La Poste, EDF, un peu supérieur à France Telecom (26%), nettement inférieur chez les contrôleurs aériens (15%), selon les directions concernées. Des chiffres contestés par les syndicats. A Radio France, les stations France Inter, France Info et France Culture n'ont pas pu diffuser leurs programmes habituels. Au Palais de Justice de Paris, l'activité était extrêmement ralentie, voire quasi-nulle, de nombreuses audiences ayant dû être renvoyées faute de greffiers.