Quelle satisfaction de voir enfin le peuple irakien se prendre en charge et marquer une certaine distance à l'égard de Washington. Rien de plus sensationnel pour ces millions d'irakiens qui ont voté pour exercer un droit sacré qui leur procure beaucoup de fierté et nourrit autant d'espoir après tant d'années de frustration et de désespoir. Tous ont répondu présents à l'appel des urnes. Pas de boycott comme en 2005 pour les législatives, boycott qui avait contribué à exacerber le climat de violence et à renforcer les guérillas. Aucun parti quel qu'il soit n'a voulu rater cette occasion de prendre sa revanche sur l'histoire. Le peuple iraquien a ainsi montré de manière éclatante sa détermination à tourner cette page maudite de son histoire récente et à ne pas se laisser décourager par les nombreuses tactiques d'intimidation. Tous ont voté : les malikites, les sadristes, les sunnites, les shiites...pour une fois, tout le pays, l'Iraq aux urnes pour prolonger son expérience démocratique. Ce scrutin même régional a un enjeu national, il a vu pour la première fois la participation de presque toutes les composantes politiques et ethniques de la société iraquienne, ce qui constitue une étape clé dans la reconstruction institutionnelle du pays, naguère proche d'exploser dans plusieurs sanglantes guerres civiles ethniques et confessionnelles. Signe des temps : l'armée américaine dont le départ est plus que jamais d'actualité a été particulièrement absente et discrète. La sécurité du vote a été assurée par des centaines de milliers de policiers et de militaires iraquiens. L'Iraq aux Irakiens l'heure est à la satisfaction. Outre un test évident de stabilité, à l'heure où les Etats-Unis vont entamer leur désengagement, ce scrutin provincial est considéré comme une répétition générale des législatives prévues d'ici la fin de l'année. Fini l'époque de Bush qui tout en persistant dans l'erreur et en faisant sienne la devise : j'y suis, j'y reste, a mené l'Irak vers le chaos et le monde dans le doute. Son successeur s'est empressé de féliciter les Irakiens pour ce premier pas positif, un véritable test pour un pays qui se cherche toujours une identité. Même si ces élections ne vont pas trop modifier le paysage politique de l'Irak, elles restent une occasion historique pour les Irakiens impatients de connaître la couleur politique de leur pays. Ont-ils voté pour des partis laïcs ou pour des partis religieux ? Après avoir été mis KO par Bush, convaincu que réussir en Irak était crucial pour la sécurité des Etats-Unis, qu'un Irak libre privera Al Qaida de sanctuaire, qu'un Irak fort contrera les ambitions de l'Iran, l'Irak se réveille enfin et se relève peu à peu à la grande satisfaction et au grand soulagement des Irakiens. A se demander si cette guerre ingagnable qu'avait menée obstinément George Bush en valait la peine ? Une ère nouvelle semble se dessiner pour les Irakiens qui vont peut-être respirer définitivement l'air de la liberté.