La circulation était complètement arrêtée, dans l'une des rues de cette ville touristique, ce matin de juillet où la chaleur était, suffocante, et un soleil de plomb, gênait la vue des automobilistes qui prenaient le chemin de la plage et avaient hâte d'y arriver. Aussi étaient-ils inquiets de savoir ce qui ce passait. "Cela fait un quart d'heure que nous sommes là. Nous n'avons pas avancé d'un "iota". Lança un automobiliste impatient et agité à un agent de la circulation. "C'est un accident qui a eu lieu, un peu plus loin aux feux. Il paraît qu'une dame a grillé le rouge, elle est dans un état grave dit-on", lui répondit l'agent qui lui-même tournait en rond et ne savait pas quoi faire devant les voitures de police qu'il voyait défiler, avec les gyrophares allumés pour se frayer un chemin, essayant d'avancer coûte que coûte, en empruntant au besoin le trottoir et les passages interdits. Cet automobiliste qui fut bloqué pendant plus de trois quarts d'heure dans la circulation fut terrassé d'apprendre en arrivant sur le lieu précis de l'accident que la victime qui trouva la mort dans cet accident était son épouse. Il alla s'assurer sur place pour constater que la voiture de son épouse n'était plus qu'une épave. Il courut d'abord vers l'hôpital et on lui apprit que sa femme n'a pu être sauvée, malgré les efforts de toute l'équipe médicale, et qu'elle succomba à ses blessures. Il courut à la morgue et reconnut en la personne fraîchement débarquée. Son épouse, la tête littéralement fracassée en plus des multiples blessures importantes au niveau du buste. Le pauvre tenait à peine debout. Le visage livide et le regard hagard et vide, il ne savait plus quoi faire et tournait en rond. Il alla, aidé par l'un des membres de sa famille s'enquérir auprès la police qui se chargea de l'enquête et qui requit sa déposition en tant qu'époux de la victime. Mais en fait que s'était-il passé ? Comment l'accident s'était-il produit ? demanda-t-il. "Pour le moment, et en attendant le complément d'enquête, c'est votre épouse qui était fautive, bien hélas ! Elle a grillé un feu rouge et le camion qui venait de la gauche et qui était prioritaire percuta sa voiture, de plein fouet. Le choc qui était très violent a eu lieu du côté droit, c'est-à-dire là où elle se trouvait puisque c'était elle qui conduisait. C'est ce qui causa la catastrophe !" lui expliqua le lieutenant de police. -"Mais comment se fait-il que ma femme ait grillé un feu rouge ? d'habitude elle est excessivement prudente. C'est vraiment bizarre !" répondit le mari tout remué. "C'est le destin. C'est comme ça ! de toute façon on n'est qu'en début d'enquête. Attendons de voir la suite. Je suis désolé, monsieur, et je vous présente mes sincères condoléances. Rentrez chez vous et on vous informera au fur et à mesure de l'évolution de l'enquête. Allez vous reposer maintenant. On va vous reconduire chez vous". Sur ces mots, le lieutenant de police conduisit le malheureux époux jusqu'à sa voiture. Le recommandant à l'un des agents de police qui monta avec pour l'accompagner chez lui. Il ne pouvait plus conduire, ni même tenir sur ses pieds. A l'enterrement de sa femme il était abattu et très malheureux, marchant difficilement en suivant le cortège funèbre et ne pouvant pas cacher ses larmes devant tous ceux qui étaient venus pour lui présenter leurs condoléances. Il garda le lit pendant plusieurs jours et commença à reprendre difficilement ses activités de tous les jours. Mais il fallait s'y résigner car en fin de compte il faut croire au destin. Revenons au chauffeur du camion, qui n'eut que quelques égratignures au moment de l'accident et qui fut après avoir reçu les soins nécessaires, mis en détention provisoire en attendant que le dossier soit transmis à la justice. Mais le rebondissement qu'a eu cette affaire allait étonner tout le monde y compris le pauvre mari qui fut accablé davantage. En effet, la voiture que conduisait l'épouse défunte au moment de l'accident, et qui était conduite habituellement par le mari fut expertisée. L'expert décela un élément de taille : l'accident était dû à une défaillance technique. Les freins ne répondaient plus ce qui veut dire que la défunte qui d'habitude était prudente au volant, avait essayé vainement de freiner. Les freins avaient lâché et c'était ce qui avait provoqué ce drame ! Cet élément donna donc à l'enquête une autre ampleur. Il fallait chercher l'auteur de ce sabotage. Le pauvre mari a été suspecté. D'autant plus que feue son épouse s'avéra avoir eu de son vivant une liaison extra-conjugale. On découvrit parmi les objets personnels de la défunte le nom d'un bonhomme, qui ne s'avéra autre que le collègue de travail du malheureux époux. Celui-ci convoqué par la police fit mine de tomber des nues. Cependant sa relation avec l'épouse défunte étant établie, il fut également arrêté. Il y avait deux éventualités possibles : Ou bien le mari lui-même qui laissa sa voiture à son épouse le jour de l'accident, procéda à ce sabotage pour la punir. Ou bien, c'était l'amant qui le fit pour se débarrasser de l'époux gênant. L'un et l'autre clamaient leur innocence. L'époux déclarait qu'il n'était pas du tout au courant de cette relation extra-conjugale. Quant à l'amant, rien ne pouvait établir de manière indubitable et certaine, qu'il eut procédé à cet acte cruel et inhumain l'affaire fut classée sans suite, les deux suspects ayant bénéficié d'un non-lieu. Mais le mystère resta entier. Qui avait intérêt à procéder à un tel acte ?