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Fleurs fanées
LA VIE DANS LA CITE
Publié dans Le Temps le 09 - 02 - 2009

Il n'y a pas mieux que la fleur pour symboliser cette nature très opulente, à aspects différents et à couleurs variées, elle en est la parfaite incarnation. Elle représente tout ce qui est beau, tout ce qui est bon, tout ce qui est doux dans cette mère protectrice, elle est l'image de l'aisance, de l'excellence, elle est enfin l'emblème de l'amour.
Ses qualités multiples et son caractère exceptionnel ont tellement fasciné les linguistes qu'ils en ont constitué des métaphores, ils ont beau chercher dans la nature parmi cette grande variété de plantes, mais ils n'ont pas pu trouver mieux que la fleur pour représenter toutes les belles choses de la vie, ce choix exquis témoigne du raffinement d'esprit de l'homme, de sa sensibilité, de la fascination qu'exerce la beauté sur lui. La langue se sert de cette plante ravissante pour rendre compte de la beauté d'une femme dans l'expression « belle comme une fleur », parler de facilité, de douceur et de bonheur dans « une vie semée de fleurs »...
La fleur agrémente la vie de l'homme et lui donne un sens, elle est son mode d'expression devant le bien-aimé quand il perd sa langue, la preuve de son amour, le moyen d'exprimer ses meilleurs vœux dans les fêtes et aussi ses chagrins à l'occasion des événements affligeants. Mais en sommes-nous aussi passionnés ? Quelle place occupe-t-elle dans notre vie ?

Le déménagement préjudiciable
Il y a un indice qui, à première vue, nous laisse dubitatifs quant à l'intérêt que l'on porte à la fleur dans notre pays. Ces dernières années, nos fleuristes ont été obligés de déménager en raison des travaux de réaménagement et de rénovation qui ont eu lieu en vue d'embellir la ville. Ceux de l'Avenue ont été déplacés vers la TGM, ceux de La Fayette ont été repoussés un peu loin, on les a éloignés de quelques mètres de la devanture du complexe commercial « Champion », le nouveau domicile qu'on leur a élu c'est la rue de Pakistan, une rue perpendiculaire à celle qu'ils ont occupée pendant des décennies, celle de Palestine. Ce comportement de la part de la municipalité est inquiétant et absurde, il dénote une inconséquence criante : dans son entreprise d'embellissement, elle relègue au fond de la scène, comme si elle voulait les dissimuler aux regards, les fleurs, les éléments d'agrémentation par excellence. Ce qui rend ces mesures encore plus absurdes c'est qu'on a placé des kiosques vendant des drapeaux, des CD, des jouets...devant le jardin du tourisme occultant ainsi celui-ci, on se demande qu'est-ce qui convient le mieux à un tel décor, les objets qu'on vient de citer ou bien les fleurs ?
Ces nouveaux emplacements sont préjudiciables pour les fleuristes qui affirment tous qu'ils travaillent beaucoup moins qu'avant. « Quand on était au milieu de l'Avenue, nous dit un fleuriste qui a préféré, comme tous ceux avec lesquels nous nous sommes entretenus, rester sous le couvert de l'anonymat par crainte de représailles, on vendait en moyenne deux cents fleurs par jour à 1 dinar l'une à part les bouquets, ce qui nous faisait une recette journalière d'au moins deux cents dinars, nos clients étaient nombreux, il y en avait même des élèves, aujourd'hui, ils sont devenus très peu, car la plupart d'entre eux ne dépassent pas la place du 7 Novembre, ils prennent d'autres directions, donc ils n'arrivent plus jusqu'à nous, là, nous sommes isolés ». Ils se plaignent tous de la proximité des kiosques et du manque d'hygiène, d'après eux, les services municipaux sont un peu négligents à leur égard. Ceux de droite qui se trouvent devant le terminus des bus sont les plus à se lamenter, car ils n'ont pas de trottoirs, leurs locaux sont à fleur de chaussée. Le préjudice subi par les fleuristes de La Fayette est beaucoup plus considérable. « En juin 2001, nous confia un commerçant refusant de décliner son identité comme ses confrères et pour les mêmes raisons, on nous a installés à la rue de Libye, on y a passé presque une année et demie au lieu de huit mois, la période déterminée initialement, on nous a promis de reprendre nos emplacements habituels après la fin des travaux, mais à la fin de ce délai, on s'est retrouvés à la rue du Pakistan, une rue inanimée, c'était le 05/10/2002, et comme un malheur n'arrive pas tout seul, six mois après cette date, on a inversé le sens de cette rue, ceux qui viennent par la rue principale, celle de Palestine ne peuvent plus y entrer, ils doivent passer par la rue de Libye, c'est-à-dire qu'ils doivent faire le tour ; on a attendu tout ce temps pour accueillir des locaux isolés et mal faits, puisque les préaux laissent passer l'eau, ce qui fait que lorsqu'il pleut, les clients ne viennent pas, ils n'ont pas d'abri. L'autre problème, continua-t-il, c'est que nos clients ne peuvent pas stationner, ils en sont empêchés par les voitures garées dans le parc de stationnement payant, alors ils sont obligés de se positionner en deuxième ligne, et là ils s'exposent à la grue, normalement il ne devrait pas y avoir de zone bleue à cet endroit, ça devrait être réservé exclusivement à nous. Une partie des clients qu'on a perdus sont récupérés par les nouveaux fleuristes d'El Menzah, de La Marsa, du Bardo qui n'existaient pas il y a quelques années, les autres je suppose qu'ils n'ont pas gardé la même relation avec les fleurs, ça devient coûteux quand on fait des déplacements spécialement pour en chercher, l'avoir à proximité c'est beaucoup moins cher et c'est aussi tentant. Avant, on faisait en moyenne 200 dinars de recette journalière pendant les jours de la semaine et 500 dinars le week-end, et maintenant on en fait 50 journellement et le double le samedi, cette baisse très sensible de la recette nous a obligés à nous défaire de six employés, mon frère et moi». Nous avons vérifié par nous-mêmes les dégâts engendrés par ce déménagement : trois fleuristes ont fermé leurs commerces définitivement, le premier, depuis dix ans, le second, depuis quatre ans et le troisième depuis cinq ans, celui-ci a demandé aux autorités municipales de lui permettre de changer la vocation commerciale de son local en changeant d'activité, mais celles-ci ont refusé, il est en chômage et vit du salaire de sa femme.

L'absence de stimulation
Leurs autres doléances ont pour cause les prix chers imposés par les agriculteurs. « Le prix de la fleur passe de 700 millimes à 1, 300 dinar à l'occasion des fêtes, nous dit un fleuriste dénonçant cette pratique monopoliste, celui de la fleur rouge est de l'ordre de 1,800 dinar pendant le jour de l'an et le Saint Valentin, le même prix est pratiqué à l'été avec les fleurs blanches et roses pour les fêtes de mariage, d'ailleurs c'est la période de l'année où on travaille le plus grâce au jeté à mains pour la mariée, la corbeille de fleurs et la décoration de voiture de mariés, ce qui est révoltant, ajouta-t-il, c'est que ces fournisseurs vendent la fleur beaucoup moins cher aux grands espaces, à 390 millimes pendant les jours ordinaires».
Enfin, ils se plaignent du comportement de l'Office du tourisme à leur égard. « En 1989, nous confia un autre commerçant, l'association de l'orientation touristique nous a organisé un concours, on était trente à y prendre part, tous les candidats présentaient leurs marchandises pendant sept jours au jury qui sélectionnait les meilleures présentations pour chaque espèce, et puis on les jetait à la poubelle, et à la fin, on nous a réunis au vingtième étage de l'hôtel Africa pour nous distribuer les prix qui consistaient à accorder la somme de 100 dinars au premier de chaque compétition. Alors, on a pris la décision de ne plus participer à la foire des fleurs de L'Ariana qui est organisée au mois de mars, depuis cette date, celle-ci a changé de vocation : on n'y expose plus les fleurs, mais on y distille celles de l'oranger, et les participants à la foire qui se tient au mois d'avril au Belvédère sont les agriculteurs qui ne font pas qu'exposer mais ils vendent leurs marchandises aussi ».

La fleur vit ailleurs
Leur clientèle est très variée, elle est constituée des établissements publics et privés et des bien sûr les particuliers, il y a les hôtels, les ministères, les ambassades, les premiers sont, selon eux, moins réguliers que les secondes ; pour ce qui est des derniers, on nous a fait savoir que les étrangers restent de loin les meilleurs bien que le comportement de nos concitoyens commence à changer. « Chez nous, généralement on ne pense aux fleurs qu'à l'occasion des grandes occasions, c'est vrai qu'il y a quelques uns qui prennent des fleurs avec eux pour visiter un malade ou pour se recueillir sur la tombe de quelqu'un de cher, mais ils sont encore très peu, les étrangers, eux, n'attendent pas les fêtes pour en acheter, les fleurs font partie de leur vie ».
Ce commerçant fait preuve de perspicacité, puisqu'il insinue que la différence entre nous est d'ordre culturel. Il a parfaitement raison, on n'a pas le même comportement, et il ne peut pas en être autrement quand l'amour de la fleur n'est pas cultivé chez les gens. Sa culture est rare dans les endroits publics, on la trouve dans quelques grandes artères et dans quelques parcs publics et elle est absente dans plusieurs établissements étatiques tels que les écoles où normalement doit s'accomplir l'union entre elle et les nouvelles générations, dans les administrations, on lui préfère la plupart du temps les arbustes ou les fleurs en plastique, dans les stations de transport, c'est pire, elle est supplantée par les ordures, dans les hôpitaux, on n'a pas le temps pour y penser, on est préoccupé par les soins, c'est à la famille d'en apporter si elle tient à agrémenter le séjour de son malade, il faut se partager les tâches. Mais on oublie que devant les hôpitaux il n'y a que des marchands de fruits et des pâtisseries, pas l'ombre d'un seul fleuriste.
Quand la fleur se dérobe à la vue, c'est logique qu'elle soit remplacée par d'autres choses comme la grillade, les yaourts, les gâteaux... En Inde, les gens achètent des fleurs comme offrandes pour les dieux, et chez nous, on apporte du couscous au marabout. Devant l'insouciance des autorités concernées, on n'a qu'à espérer que l'importation des traditions des autres continue et s'amplifie. Pourquoi pas les œillets dans les cheveux comme les indiennes ou bien le muguet le 1er Mai comme les Français avec le Saint Valentin ?


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