Le Temps-Agences - La capitale canadienne enneigée a accueilli hier Barack Obama pour son premier déplacement international, une brève visite qui devrait être dominée par l'économie et l'environnement mais risque de décevoir ceux qui espèrent apercevoir le président américain. Bien qu'elle ne doive durer que quelques heures, cette visite provoque une grande effervescence au Canada, ravi d'être le premier pays à accueillir le nouveau président hors de ses frontières. Si quelques milliers de personnes s'étaient rassemblées à Ottawa fin 2004 pour protester contre George W. Bush, cette fois-ci des milliers de Canadiens espèrent apercevoir M. Obama. Mais, en raison des imposantes mesures de sécurité, leurs chances sont minces de voir autre chose que la limousine présidentielle. Plusieurs rues du centre-ville de la capitale canadienne ont été bloquées, mais le public était admis devant le parlement où a lieu l'entretien de M. Obama avec le Premier ministre conservateur Stephen Harper. Quelques dizaines de personnes attendaient sous la neige tôt hier matin devant le parlement dans l'espoir d'entrevoir le visiteur de marque. "Nous voulons participer à l'Histoire et nous voulons voir Obama", explique Sandra Skrypczinski de Toronto, arrivée tôt le matin avec sa fille pour être sûre d'être aux premières loges. Attendu vers 16h30 HT à l'aéroport d'Ottawa, le premier président noir de l'histoire américaine devant avoir un bref entretien avec la gouverneure générale du Canada, Michaëlle Jean, qui est d'origine haïtienne. Il devait se rendre ensuite sur la colline parlementaire pour un entretien et un déjeuner avec M. Harper, suivis d'une conférence de presse. Le président Obama arrive au Canada après avoir signé un gigantesque plan de relance de 787 milliards de dollars visant à sortir les Etats-Unis de la pire crise qu'ils aient connue depuis des décennies. L'enjeu est tout aussi important pour le Canada, lui-même en récession, les économies des deux pays étant étroitement imbriquées. Les deux pays sont les principaux partenaires commerciaux du monde avec des échanges d'environ 1,5 milliard de dollars par jour et les Etats-Unis absorbent quelque 80% des exportations canadiennes. La rencontre entre MM. Obama et Harper "se concentrera sur la relance de la croissance économique et la création d'emplois", a indiqué le porte-parole du Premier ministre canadien. Environnement, énergie et Afghanistan doivent aussi figurer au menu de la visite. Ottawa souhaite coopérer avec la nouvelle administration américaine dans le domaine de l'environnement et de l'énergie. Plusieurs groupes écologistes ont appelé le président Obama à dire non au "pétrole sale" des sables bitumineux de l'Ouest canadien dont l'exploitation est très polluante. Mais lors d'un entretien avec la chaîne CBC, M. Obama a laissé entendre que, s'il souhaitait une réduction de la pollution, il n'entendait pas pour autant priver son pays de cette source d'énergie. Sur l'Afghanistan, M. Obama a déjà indiqué qu'il ne pousserait pas le Canada à revenir sur sa décision de rapatrier en 2011 ses quelque 2.700 militaires déployés en Afghanistan, mais solliciterait le soutien d'Ottawa à sa "stratégie d'ensemble" qui passe aussi par l'aide au développement.