Le Temps-Agences - Les ambassadeurs des Etats-Unis, d'Italie et d'Allemagne ont été blessés hier dans une attaque à l'artillerie des rebelles séparatistes tamouls contre une base militaire de l'est du Sri Lanka, ont déclaré des responsables. Leurs homologues français, japonais et de l'Union européenne sont sortis sains et saufs de l'attaque, l'une des pires jamais commises contre des étrangers au Sri Lanka. L'attaque s'est produite au moment où les diplomates quittaient leur hélicoptère militaire sur la base de Batticaola (est), a indiqué le ministre des droits de l'homme Mahinda Samarasinghe, qui les accompagnait. "Un petit obus s'est écrasé non loin de là où nous nous trouvions", a-t-il expliqué. Les ambassadeurs des Etats-Unis, d'Allemagne, et d'Italie ont été touchés par des éclats qui ont frappé la piste d'atterrissage de la base, a-t-il dit. Le chef de la chancellerie italienne Pio Mariani souffre de blessures à la tête tandis que l'Américain Robert Blake et l'Allemand Juergen Weerth sont "légèrement blessés", a dit le ministre. "Le diplomate (italien) a un corps étranger dans la tête", mais son état est stationnaire, a ajouté le directeur de l'hôpital de Batticaola, Muruganathan Moorthy. Toutefois à Berlin, le ministère des Affaires étrangères a assuré que son ambassadeur n'avait pas été blessé. L'Italien Mariani a lui été transféré dans un hôpital de Colombo. A Rome, le ministre des Affaires étrangères Massimo D'Alema a réclamé un éclaircissement "rapide" sur cet "épisode inquiétant". La présidence de l'Union européenne, assurée par l'Allemagne, a condamné cet "incident grave" et s'est dite "préoccupée" par la situation dans l'île. Les ambassadeurs étaient répartis dans deux hélicoptères mais un seul s'est posé tandis que le second rebroussait chemin au moment de l'attaque des Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE). Trois représentants d'agences de l'ONU se trouvaient aussi dans les hélicoptères. Les rebelles ont exprimé leurs "profonds regrets" mais ont accusé Colombo de "négligence criminelle" pour avoir risqué la vie des diplomates. En représailles, des chasseurs sri-lankais ont bombardé des positions tamoules dans la région. En visite à Pékin, le chef de la diplomatie sri-lankaise Rohitha Bogollagama a "condamné" une attaque "délibérée" contre les diplomates, qui a blessé aussi quatre policiers, deux soldats de l'armée de l'air et un enfant. Les diplomates, dont les pays sont pourvoyeurs d'aide au Sri Lanka, devaient discuter avec des autorités locales de la situation dans la région après des offensives de l'armée contre les Tigres. Les militaires s'étaient emparés en janvier d'un bastion des LTTE près de Batticaloa. Cette bataille de plusieurs semaines avait fait 430 morts. Le président Mahinda Rajapakse s'était alors rendu sur place, afin de prouver que la rébellion était éradiquée autour de Batticaloa. Les Tigres bombardaient jusqu'alors des infrastructures de cette zone côtière. La Sri Lanka est en proie à des violences quotidiennes. Colombo et les LTTE ont marqué vendredi le cinquième anniversaire de leur cessez-le-feu conclu le 23 février 2002, sous l'égide de la Norvège, mais violé depuis plus d'un an. Les Tamouls se sont dits "contraints" de reprendre leur lutte en faveur de l'autodétermination et de la création d'un Etat indépendant. Ils ne s'estiment plus liés par un cessez-le-feu qui "n'existe plus que sur le papier". Les LTTE réclament l'indépendance du nord-est à majorité tamoule du Sri Lanka, un pays d'Asie du Sud de 20 millions d'habitants dont 75% de Cinghalais. Plus de 60.000 personnes ont été tuées depuis 1972, année du lancement de la lutte armée des séparatistes, et près de 4.000 depuis le début 2006.