-Un abondon gravissime-, selon l'ONU Le Temps-Agences - L'expulsion du Soudan de 13 ONG pourrait attiser les tensions dans les régions pétrolières sensibles situés à la frontière entre le nord et le sud du pays, où des centaines de milliers de civils sont abandonnés à leur sort, disent craindre des responsables humanitaires. Les autorités accusent ces agences humanitaires d'avoir collaboré - ce qu'elles démentent - avec la Cour pénale internationale (CPI) qui a inculpé cette semaine le président soudanais Omar Hassan al Bachir de crimes de guerre au Darfour. Leur expulsion laisse sans couverture humanitaire de vastes zones de régions sensibles comme celles du Nil bleu, d'Abyei et du Sud-Kordofan, à la charnière avec le Sud-Soudan, où 20 ans de guerre civile ont pris fin en 2005 avec un fragile accord de paix global. Une bonne partie des populations de ces provinces, qui ont soutenu le Sud durant le conflit, sont passées sous la coupe du Nord aux termes de l'accord de 2005, provoquant tensions et ressentiments. "L'impact des expulsions des ONG va au-delà le Darfour. Elles ont été expulsées aussi de la plupart des zones ravagées par la guerre où les gens sont absolument démunis. Le risque de nouveau conflit dans ces zones est réel", explique le responsable d'une organisation d'aide internationale basé à Khartoum. Les expulsions portent atteinte à des projets importants - ponts, reconstructions - qui étaient censés consolider l'accord de 2005 dans ces régions où patrouillent encore des hommes de l'Armée de libération du Sud-Soudan, souligne une autre responsable humanitaire. Trois des principales ONG travaillant dans la province pétrolière d'Abyei sont ainsi visées : Mercy Corp, la branche américaine de Save the Children et la PADCO, une entreprise chargée de la reconstruction de la ville d'Abyei, qui est revendiquée à la fois par le Sud et le Nord. Save the Children, dont la branche britannique a aussi été expulsée, estime que la décision des autorités de Khartoum aura un impact grave sur ses opérations dans cette région, dans celle du Sud-Korofan et dans d'autres provinces, y compris celle du Darfour occidental. Le chef de la commission gouvernementale soudanaise d'aide humanitaire, Mohamed Abd el Rahman, a assuré jeudi à Reuters que les populations civiles ne seraient pas affectées car les activités des ONG sanctionnées seraient reprises par les autorités et les ONG restantes. Mais, à Genève, le porte-parole de la Commission des droits de l'Homme de l'Onu, Rupert Colville, a estimé "déplorable" hier que le Soudan "prive sciemment et délibérément un si grand nombre de civils des moyens de survivre". ------------------------------------ « Un abondon gravissime, selon l'ONU
Le Temps-Agences - La Commission des Droits de l'Homme des Nations unies a annoncé hier qu'elle allait se pencher sur la question de savoir si l'expulsion des organisations humanitaires par le Soudan constitue un crime de guerre. Le porte-parole de cette Commission qui compte 53 Etats, Rupert Colville, a souligné que la décision de Khartoum d'expulser les travailleurs humanitaires de 13 des plus importantes organisations d'aide constitue "un abandon gravissime" qui met la vie de milliers de personnes en danger. L'expulsion des ONG travaillant au Darfour a été annoncée par Khartoum dans la foulée du mandat d'arrêt lancé par la Cour pénale internationale (CPI) contre le président soudanais Omar el-Béchir. Jeudi, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon avait exhorté le gouvernement soudanais à revenir sur cette décision, soulignant que l'expulsion des organisations humanitaires du Darfour va causer des "dommages irréparables" pour les opérations humanitaires dans cette région en guerre du Soudan. Ces opérations sont "cruciales pour maintenir une ligne vitale pour les 4,7 millions de personnes qui reçoivent de l'aide au Darfour", a déclaré sa porte-parole Michèle Montas, faisant également part de l'inquiétude du secrétaire général pour la sécurité des personnels humanitaires.