Qu'est-ce qui peut altérer une relation d'amitié de plus de dix ans entre deux personnes au point d'en arriver au meurtre ? Cela dépend de ce qu'ils ont vécu ensemble durant cette période et de la nature de cette amitié. En fait une amitié ne peut s'altérer que lorsque L'un des amis se sent menacé dans son amour propre ou dans sa dignité. Parfois il suffit que l'égoïsme se réveille chez l'un des deux amis, pour que leur relation en prenne un coup. En un mot c'est la trahison qui crée les divergences et les dissensions entre amis, voire entre frères. Depuis le pêché originel entre Abel et Caïn, les causes n'ont fait que se multiplier. La rivalité entre deux amis peut être la cause d'une animosité qui peut aboutir au drame. A part le côté physique, où quelqu'un peut envier son ami pour sa beauté ou pour sa force, c'est surtout l'argent, qui peut causer des cassures. Certes l'argent est " le fumier dans lequel pousse l'humanité de demain " comme l'a si bien dit Emile Zola, cet écrivain français du 19ième siècle, bien connu par ses romans traitant des problèmes de la société française à l'époque. Pour le paraphraser on pourrait dire que l'argent est aussi le fumier dans lequel poussent les tensions entre humains, surtout lorsque ceux-ci, sont mus par le goût du lucre. Il suffit toutefois qu'une relation entre amis se transforme en relation de débiteur et créancier. Cela peut commencer en effet par un geste tout à fait anodin entre amis, de la part de quelqu'un qui vient en aide à son ami en lui prêtant une somme d'argent. Ce geste spontané de la part d'un ami peut devenir pourtant source de problèmes voire de drames. Ce fut le cas de deux amis dont une amitié de plus de dix ans s'est terminée par un drame. Les faits avaient éclaté par la découverte d'un cadavre abandonné dans une voiture près d'une des berges de l'Oued Méliane à Radés. Les agents de la brigade criminelle se dépêchèrent sur les lieux, afin de procéder aux constats nécessaires. Le procureur de la République ordonna l'ouverture d'une enquête ainsi qu'une autopsie du cadavre qui portait des traces de brûlures et de profondes blessures au niveau de la tête. Le médecin légiste précisa dans son rapport que la victime, qui aurait été frappée sur la tête avec un objet contondant, décéda des suites d'une fracture du crâne avec hémorragie cérébrale. Les traces de brûlures en question s'expliquaient par le fait que le meurtrier avait essayé de brûler le cadavre, ainsi que le véhicule où il l'avait déposé, afin de faire disparaître toute trace par laquelle il pourrait être démasqué. Les investigations menées par les enquêteurs aboutirent à l'arrestation de l'auteur des faits qui s'avéra être l'ami intime de la victime, et qui reconnut les faits, en déclarant qu'il n'avait nullement l'intention de tuer. Il précisa que leur litige a éclaté à cause d'une somme d'argent qu'il lui avait prêtée et pour la restitution de laquelle son ami avait manifesté beaucoup de réticence, malgré les multiples relances qu'il lui avait faites. Le jour du drame, la victime vint le voir chez lui et ils eurent une discussion houleuse à propos de cette dette restée impayée. A un moment donné, la tension monta des deux côtés et la victime s'était saisie d'un marteau, qu'il lui arracha des mains, pour lui porter une série de coups sur la tête. Le sang giclant de ses blessures, la victime perdit connaissance, et tomba sur le sol. Le meurtrier lui donna plusieurs coups de pieds sur la tête. Lorsqu'il s'assura de sa mort, il appela son gendre pour l'aider à se débarrasser du cadavre qu'ils transportèrent jusqu'au véhicule de la victime, où ils le déposèrent sur la banquette arrière. Ils versèrent, un liquide inflammable sur la voiture afin d'y mettre le feu pour faire disparaître les traces du crime. Mais les flammes ne pas s'étaient beaucoup propagées et le feu vite éteint. Ce fut ce qui a permis de découvrir le cadavre et identifier la victime. Inculpé d'homicide volontaire il comparut dernièrement devant la chambre criminelle du tribunal de première instance de Tunis, il réitéra ses déclarations données au cours de l'enquête préliminaire ainsi que devant la chambre d'accusation. Il précisa surtout qu'il n'avait pas l'intention de tuer la victime, et qu'il avait agi sous l'emprise de la colère. Son gendre comparut également en état d'arrestation, pour complicité. L'avocat de l'auteur principal plaida la requalification de l'infraction étant donné que son client n'avait pas planifié cet acte dicté par la colère. Quant à l'avocat du complice, il plaida les circonstances atténuantes pour son client qui était intervenu après le meurtre, pour aider son proche à se débarrasser du cadavre. Le tribunal mit l'affaire en délibéré.