Quelques jours nous séparent des vacances scolaires. Pendant deux semaines, jeunes lycéens et universitaires auront une occasion pour se distraire après un marathon d'études. Mais de quelle manière ? Comment passent-ils leur temps libre ? Disposent-ils réellement d'assez d'espaces de loisirs, de divertissement ou culturels pour développer leurs compétences ? Plusieurs questions se posent à chaque rendez-vous, sachant que les maisons de culture et de jeunesse ne répondent plus aux attentes de cette population. Elles n'arrivent plus à capter les jeunes qui ont tendance à passer leur temps libre dans les cafés et les salons du thé ou entre la promenade et les activités sportives non encadrées et irrégulières dans leur majorité. Un état des lieux inquiétant certes, avec la montée en puissance de la violence. Laquelle prend plusieurs formes. Les maisons de culture et de jeunesse sont-elles en train de perdre de leur vocation ? Pourquoi elles n'arrivent pas à attirer une bonne partie de la population ; les jeunes ? En fait, ces derniers ne sont plus fascinés par ces espaces qui ont contribué pendant plusieurs décennies à l'encadrement intellectuel des générations. Il fut temps où ces espaces représentaient un vrai refuge pour les lycéens et les universitaires, où ils laissaient libre cours à leur esprit créatif et surtout à leur imagination. Durant les années 70, 80 les maisons de culture et de jeunesse représentaient le meilleur endroit pour toute activité culturelle, intellectuelle et même sportive. C'est durant cette époque que les ciné-clubs, les clubs de littérature, de théâtre, de poésie, de musique...ont connu leur essor et leur apogée. Malheureusement, au début des années 90, ces endroits ont commencé à se décliner pour connaître actuellement un sort sombre. Nombreux sont les jeunes qui ont, bon gré mal gré déserté les lieux. Car ils ne trouvent plus le plaisir à s'y rendre. Cela s'explique notamment par l'absence d'innovation et le manque de programmes alléchants. Pis encore, les cafés ont supplanté ces espaces. En fait, nos futures générations passent le plus clair de leurs temps libres dans ces endroits. Une étude réalisée par l'Observatoire National de la Jeunesse auprès d'un groupe de 2011 jeunes du Grand-Tunis a démontré que plus de 27 % de cette population fréquentent le plus souvent les cafés. Seule, une minorité se rend dans les bibliothèques publiques ou les maisons de culture et de jeunesse, soit , 0,81 %. Un constat le moins que l'on puisse dire inquiétant car ils préfèrent se balader dans leurs quartiers ou les marchés hebdomadaires, que se rendre dans une maison de culture. La même étude a démontré que la tranche d'âge 30-34 s'y rend moins. Souvent, la tranche d'âge 15-19 ans choisit de passer son temps libre dans ces endroits.
Et les activités scientifiques Autre constat relevé par l'étude, les activités scientifiques et techniques n'occupent pas une position importante dans le quotidien des jeunes du Grand-Tunis. Le taux est même faible avec 4,25 % seulement qui optent pour ces pratiques. En explorant les dons de cette population, l'étude a dévoilé que les jeux de cartes sont les plus répandus chez les garçons. D'ailleurs, ces derniers ont déclaré qu'ils passent leur temps libre à draguer ou à se promener. S'ils étaient à peine nombreux, il y a quatre ans de cela, il serait intéressant de savoir combien sont-ils actuellement. Toujours dans le même contexte, des jeunes préfèrent ne pratiquer aucune activité. Ils ont précisé qu'ils choisissent de dormir ou de rester seuls en temps libre. Il s'agit même de leur passion préférée.
Programmes non variés Les résultats démontrent à quel niveau ces jeunes se désintéressent des espaces culturels supposés leur offrir des programmes haut en couleurs, variés et surtout innovants. Même ceux qui choisissent de pratiquer des activités de ce genre ou d'y assister, c'est dans les enceintes des établissements scolaires qu'ils le font. Les clubs dynamiques réussissent le plus souvent à attirer cette frange, mission complémentaire des espaces culturels. Normalement, les jeunes doivent avoir les moyens et les espaces pour développer leurs dons découverts dans le milieu scolaire. Mais jusqu'à présent, les maisons de culture et de jeunesse ne jouent pas leur rôle convenablement. C'est ce qui explique notamment la tendance de cette population à fréquenter les cafés et les salons de thé, plus que les espaces culturels. Incontestablement, de tels endroits sont un terrain favorable pour développer des comportements à risque chez nos jeunes et même plusieurs formes de dérives. D'ailleurs, l'étude a soulevé des cas où ils optent pour le trafic de drogue, ou le vol. Il s'agit même de leur activité préférée. Comment restituer à nos maisons de culture et de jeunesse leur lustre d'antan et leur succès auprès des jeunes ? Toute une révision des méthodes de travail et des programmes est nécessaire et même urgente. C'est ainsi que nous pourrons réintégrer ces endroits désertés depuis plus d'une décennie.