Tunis - Le Temps - "Papa a battu maman jusqu'à ce qu'elle s'endorme". ce fut ce qu'avait retenu le fils de la victime, un petit garçon haut comme trois pommes, dans sa mémoire visuelle. La vérité sort de la bouche des enfants. Et pourtant personne n'avait accordé de l'importance aux propos de ce petit gosse, au moment de la disparition mystérieuse de sa mère qui était continuellement en désaccord avec son père. Agée d'une trentaine d'années cette jeune dame fut une épouse modèle qui faisait tout pour rendre son mari heureux, surtout que le foyer a été égayé par deux charmants enfants. Les scènes de ménages devenaient cependant de plus en plus fréquentes à cause des difficultés matérielles que vivait le couple. Ce n'est pas en effet très facile de subvenir aux besoins de deux enfants en bas âge. Sonia ne cessait de faire de son mieux pour venir en aide à son époux, et ses parents étaient au courant des difficultés qu'ils avaient mais évitaient d'intervenir afin de ne pas s'immiscer dans leurs affaires. L'époux, fougueux et de nature agressive devint de plus en plus insupportable pour cette jeune femme qui n'en pouvait plus, finissant par le quitter après une procédure de divorce où la garde des deux enfants lui a été confiée pour aller s'installer chez ses parents, à El Kalaâ Esghira. Il venait régulièrement voir ses enfants dans le cadre de l'exercice de son droit de visite et manifestait toute sa peine de se retrouver seul sans son épouse, à laquelle il exprima ses regrets en lui promettant de changer de caractère, pourvu qu'ils renouent leur lien par un deuxième mariage. Sonia ne voulant rien d'autre que l'intérêt de ses enfants, accepta de repartir avec lui à Siliana pour vivre en tant que mari et femme. Hélas les scènes de ménage avaient repris de plus belle. Il faut dire que les conditions de ces époux n'étaient pas des plus agréables, surtout qu'ils vivaient avec leurs enfants chez les parents du mari. Ce fut la raison pour laquelle il commençait à penser sérieusement à louer une maison indépendante. En attendant, sa jeune épouse fut conviée par sa mère et son père en juin 2008, à venir avec les enfants passer quelques jours chez eux à Sousse. Elle décida alors de répondre à cette invitation et son mari l'encouragea à prendre quelques jours de vacances, avec les enfants à Sousse. Ils pourront changer d'ambiance et profiter de la plage. Entre-temps l'époux rencontra son beau-frère et lui fit part de son intention de louer une maison afin de s'installer avec son épouse et ses enfants loin de ses parents. Il lui a avait même demandé de lui prêter la somme de 100 dinars, et le beau-frère le fit avec plaisir. Avant de la quitter l'époux l'informa que Sonia avait déjà pris le chemin pour rentrer à Sousse. Mais Sonia n'a pas donné signe de vie depuis. Ses parents attendirent son arrivée avec enthousiasme. Ils étaient très contents de la recevoir avec ses deux enfants pour passer avec eux quelques jours. Le premier soir, ne le voyant pas venir à minuit ils s'inquiétèrent et téléphonèrent à son mari. Mais celui-ci leur certifia qu'elle ne saurait tarder. Mais ni après minuit, ni le lendemain ni le surlendemain on ne vit Sonia. Ses parents et son frère restaient perplexes mais ne désarmèrent point. Ils se mirent à sa recherche. Ils firent le tour des hôpitaux et auprès des postes de police. En vain ! Personne ne put le leur dire où elle pouvait se trouver. Ils se retournèrent vers le mari qui semblait ne pas s'inquiéter outre mesure et commencèrent à douter de lui. Leur cachait-t-il quelque chose? Ils apprirent entre-temps, par les voisins qu'en l'absence de Sonia, et durant les jours ou le mari était seul à la maison, (ou censé l'être), leur attention fut attirée par de grosses volutes de fumées qui se dégageaient de la maison de Sonia, et ils accoururent pour s'enquérir de ce qu'il en était. Le mari les rencontra sur le palier pour les remercier de leur aide en leur disant que c'était le matelas qui avait pris feu, à cause d'un mégot qu'il aurait laissé tomber par mégarde. Les parents s'inquiétèrent davantage finissant par suspecter le mari, d'autant que celui-ci ne faisait pas beaucoup d'efforts pour retrouver la mère de ses enfants. Une première enquête par les agents de la brigade criminelle ne put rien donner. Le mari clama son innocence à la famille par tous les moyens, même à travers les médias dont notamment à l'émission télévisée « Al Moussamah Karim » Mais les agents de la garde nationale à El Aouina, doutaient de ses tergiversations. Aussi ayant poussé encore plus loin leurs investigations décidèrent-ils de le soumettre à un deuxième interrogatoire. Leur stratégie a réussi, puisqu'il a fini cette fois-ci par craquer : "Oui, c'est moi qui ai tué Sonia. Je l'ai étranglée jusqu'à ce que mort s'ensuive. Puis, pour m'assurer de sa mort, je l'ai lardée de coups de couteau. Pour me débarrasser du cadavre, j'ai essayé d'abord de la brûler. Je l'ai mis sur un matelas, mais celui-ci n'a pas bien pris feu. Quand les voisins accoururent en voyant la fumée se dégager de la maison, je leur fis croire que le matelas a pris feu à cause d'un mégot de cigarette que j'ai perdu par mégarde. Je les ai laissé repartir puis j'ai décidé d'enterrer le cadavre sous le seuil de la maison. Pour camoufler le tout j'ai planté à ce même endroit un olivier". Tel fut la déposition du meurtrier qui n'avait fait pendant les dix mois, où Sonia était portée disparue, que tergiverser afin de camoufler sa mauvaise foi et de ne pas se révéler sous son propre jour. Mais le masque par lequel il a essayé de cacher son vrai visage, est tombé pour révéler un monstre abominable. Ce fut la raison pour laquelle, le petit gamin ne cessait de répéter que son père avait battu sa mère jusqu'à c qu'elle s'endorme. Il regardait sa mère avec un visage d'ange. Accompagnés des enquêteurs, il se déplaça jusqu'aux lieux du crime, pour déterrer le cadavre déjà décomposé de Sonia, de ces mains mêmes avec lesquelles il l'étrangla à mort. Les parents furent choqués et atterrés d'apprendre cette douloureuse vérité sur la terrible fin que réserva le sort à leur pauvre fille, par les mains d'un être démoniaque dénué de conscience et de tout sentiment humain. Ils sont par ailleurs soulagés de voir que l'assassin de leur fille a fini par être dévoilé, et que justice sera faite et que Sonia reposera en paix.