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-Il prenait le soin de dispenser à son peuple une éducation politique-
Témoignage de Mohamed Sayah, ex-directeur du Parti Socialiste Destourien (PSD) et ex-ministre de Bourguiba
Publié dans Le Temps le 06 - 04 - 2009

Nous recueillons ci-dessous, le témoignage de M.Mohamed Sayah ex-directeur du parti au pouvoir à l'époque le Parti Socialiste Destourien (PSD) et plusieurs fois ministre de Bourguiba qui a aussi écrit plusieurs ouvrages sur le Mouvement national et qui est surtout considéré à juste titre l'un des plus fidèles à Bourguiba. Il nous parle de l'œuvre du père de la nation.
• Le Temps : Dans quelles circonstances vous avez rencontré Bourguiba et quelles étaient vos premières impressions ?
-M.Mohamed Sayah : Comme tout un chacun, j'avais en plus ma propre histoire avec Bourguiba. Elle a commencé avec les rencontres que j'ai eues avec lui en 1949, à son retour d'exil. L'impression qui se dégageait de l'homme correspondait parfaitement à l'image que je me faisais de lui. Mais au fur et à mesure que je m'approchais de lui, que je l'écoutais, je m'apercevais que l'homme recelait bien d'autres qualités que ce charisme - appelé à l'époque magnétisme -qui se dégageait de sa personne. A ce charisme et à toutes les qualités que le lui ont valu, s'ajoutaient ce qui allait m'attacher de plus en plus à lui et à son parti : sa conception de la lutte nationale et la place qui y est faite au peuple et à la raison. Le peuple pour nous dire comment l'organiser, l'éduquer et faire de lui l'artisan de sa propre libération ; et la raison pour nous dire la nécessité de recourir à elle en toutes circonstances et surtout pour nous doter d'une stratégie adéquate et engager notre lutte dans une voie passante.
• Mais votre première rencontre ?
-La première fois que je l'ai vu ce fut à Monastir où je faisais partie des jeunes destouriens de mon village Bouhjar, venus accueillir le leader et assister au meeting où il a prononcé un discours, le premier qu'il m'a été donné d'entendre et d'en mesurer l'effet sur la foule. Comme pour tout le monde, il m'est resté de cette première rencontre le souvenir du regard de Bourguiba et sa manière théâtrale d'exprimer par les mains et le visage ce qu'il énonçait ensuite par la parole. Un journaliste français, je crois, a dit lorsqu'on le regardait à la télévision, Bourguiba donnait l'impression de répéter en parlant ce qu'il disait par le geste. J'ai également retenu de cette rencontre - et c'était là ma première découverte - sa façon de se livrer à l'éducation politique de gens simples, en l'occurrence des artisans, des paysans et des petits commerçants.
Il leur expliquait quelques notions d'action politique d'une manière admirable. Il parlait de sa méthode, du flux et du reflux, de la politique des étapes, de la nécessité de faire alterner pression populaire et dialogue et de chercher un compromis. Je me souviens que pour convaincre les gens dont les visages trahissaient l'hésitation devant la perspective, choquante, de discuter avec les Français et de participer à un gouvernement du protectorat. Il leur a cité ce proverbe français : « Il faut savoir aussi embrasser son ennemi, pour mieux l'étouffer ». Et après l'avoir prononcé comme tel, il l'a traduit pour son auditoire de la manière suivante : « Comme un boxeur, il faut savoir se rapprocher de son adversaire, c'est comme ça que l'on peut donner des coups et gagner ». Personnellement, j'ai gardé en tête, ces propos parce qu'ils donnent à mesurer le soin que prenait Bourguiba à dispenser à son peuple une éducation politique.
Parmi ses qualités, j'ai surtout apprécié cette recherche de la méthode la plus adaptée à la situation de la Tunisie pour apporter une solution au problème complexe de la décolonisation en évitant les effusions de sang et bien d'autres souffrances endurées par d'autres pays.
• Avec le recul comment jugez-vous l'œuvre de Bourguiba ?
-Je pense que Bourguiba était un authentique révolutionnaire. En tout cas, son œuvre est une révolution. Une révolution sociale et une révolution politique, qui se mesure par des réalisations telles que l'émancipation de la femme ou l'instruction. Une révolution qui a été conduite avec les moyens du réformisme, c'est-à-dire, en partant de ce qui existait et en essayant de l'améliorer, de le perfectionner et d'introduire des changements.
• Ne pensez-vous pas que Bourguiba aurait dû se retirer bien avant comme l'avait fait Senghor mais beaucoup de courtisans ne l'ont pas aidé à franchir le pas ?
-Merci d'avoir posé cette question. Elle mérite d'être posée. Beaucoup me l'ont aussi posé et je vous dirai ce que j'ai dit aux autres. Certains, après avoir applaudi comme nous tous la présidence à vie de Bourguiba, n'ont pas trouvé mieux de dire, aujourd'hui, comme vous l'avez dit : « il aurait dû se retirer. Moi je n'ai pas à le dire, car à l'époque, nous étions tous d'accord pour sa présence à la tête du pays avec un gouvernement tel qu'il a été défini par la réforme constitutionnelle de 1975, a permis de développer l'ouverture démocratique. En effet, c'est à la faveur de cette présidence à vie qu'on a assisté dans la période Nouira à l'émergence de la société civile, à la création de la Ligue Tunisienne de Défense des Droits de l'Homme, à l'existence des partis de l'opposition et de journaux indépendants et d'opposition. Mais, après, et comme l'a écrit mon ami Béji Caïd Essebsi, dans son livre sur Bourguiba, qui vient de paraître. « Le président, pour sa part, était égal à lui-même, c'est l'équipe qui avait failli à son engagement de réaliser le bond en avant et d'ancrer enfin la démocratie dans le pays. Elle avait faibli et fini par programmer elle-même le traçage des élections de 1981 qui étaient son moment de vérité ».
Dossier instruit par Néjib SASSI


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