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Rebondissements dans l'affaire de l'émigration clandestine de Aïn Zaghouan: Passeurs criminels?
LE TEMPS-REALITE
Publié dans Le Temps le 06 - 04 - 2009

La tragédie de Aïn Zaghouan du mois de janvier dernier qui a fait couler beaucoup de larmes et beaucoup d'encre et délié les langues pour élaborer les scènes les plus fantaisistes et raconter les histoires les plus rocambolesques,
cet événement très navrant vient de connaître de nouveaux rebondissements mettant fin aux imaginations les plus fertiles et faisant taire les amateurs de rumeurs : les deux disparus ne sont pas les seuls rescapés du naufrage, ils ne se trouvent ni en Italie ni en aucun autre eldorado mais dans la mer, ils ont connu le même sort que tous leurs amis, on vient d'en repêcher un : Marouène.
Cependant sa dépouille n'est pas encore remise à sa famille. Pour éclaircir la situation, nous avons rencontré son frère Tarek qui nous a rapporté les précisions suivantes : « la brigade de la Garde Nationale de Grombalia a appelé notre gendre avec la puce de mon frère, car son nom est le premier enregistré dans le répertoire, nous dit-il. On lui a demandé si on avait quelqu'un de disparu dans la famille, il a bien sûr répondu que oui et leur a décliné son identité, alors on lui a dit que c'était bien la personne qu'on a retrouvée. Dès que je fus informé, je me suis rendu à Grombalia, mais là, on m'a demandé de m'adresser à la police technique de la ville de Tunis. En m'y présentant, on m'a lu un rapport consignant les affaires que portait mon frère au moment du sinistre et que j'ai tout de suite reconnues, mais on m'a fait savoir que l'identification du cadavre ne peut se faire qu'au moyen de l'A D N. Donc on m'a demandé de revenir avec mes parents pour le prélèvement sanguin, procédure que nous avons déjà faite, on a expliqué ces nouvelles analyses par la putréfaction du cadavre, et puis on nous a fait savoir qu'on allait nous appeler pour le récupérer, nous attendons toujours, ajouta tristement le frère du défunt. »
Quelle que soit la situation, l'épilogue pour cette famille est imminent, elle va enfin connaître la paix et pouvoir enterrer son enfant dignement, son attente n'est plus indéterminée et inespérée comme elle l'était avant et comme c'est malheureusement encore le cas de celle du dernier disparu Hamdi dont le cadavre n'a pas encore été retrouvé, le malheur et le désespoir de cette famille vont encore se prolonger et s'aiguiser de jour en jour. Le deuil qui dure depuis des mois pour les proches de Marouène est sur le point d'être consommé, la désolation se confond avec l'apaisement, les peines et les douleurs sont édulcorées.

Le grief des familles des victimes
L'acte mortuaire touche donc à sa fin dans cette région sinistrée, puisque huit sur les neuf familles ont retrouvé les corps de leurs enfants. Cependant, le rideau de cette pièce tragique n'est pas encore tombé, il reste d'autres actes. Après avoir enterré les cadavres flottants et errants de leurs regrettés et essuyé leurs larmes tout en continuant leurs pleurs avec le cœur, les familles des victimes se sont tournées vers la justice : ils réclament haut et fort la réparation de ce préjudice incommensurable qu'ils viennent de subir par une condamnation très sévère des responsables de la mort de leurs enfants, les intermédiaires, Mehrez et Jamel, qui sont déjà incarcérés et leur chef, Nasser, qui court toujours dans la nature. Il va sans dire que les autorités compétentes en pareilles circonstances n'attendent pas des réclamations de la part des citoyens pour appliquer la loi et réprimer le crime, mais ces familles, tout en louant les grands efforts consentis par la Garde Nationale et tout en ayant pleinement confiance en la justice, tiennent à se porter partie civile dans le procès pour invoquer le grief du meurtre, car elles considèrent ces criminels comme des assassins. « Monsieur l'officier de la Garde Nationale qui nous reçut à la caserne de Laâouina nous a rassurés quant à la sévérité de la sentence qu'ils vont encourir, nous confia Noureddine le père de Hilmi, le plus jeune des victimes. Mais les condamner seulement pour franchissement illégal des frontières ce serait carrément les acquitter du crime qu'ils ont commis, et nous disposons d'un ensemble d'indices qui constituent une preuve parfaite de leur culpabilité, des experts vous diront la même chose: tout d'abord, la barque n'est même pas bonne pour la pêche tellement elle est vieille, c'est une carcasse rapiécée partout qui n'est pas capable d'atteindre les rives du Cap Bon ni de porter à son bord une dizaine de personnes, alors qu'ils en ont fait monter dessus une trentaine comme vous le savez. De plus, l'endroit d'où ils les ont embarqués, qui est en l'occurrence Gammarth, est très découvert, on ne l'utilise pas pour l'immigration clandestine. Enfin, enchaîna le père de Hilmi, l'un des deux intermédiaires, Mehrez, qui est malheureusement mon neveu a empêché son jeune frère, qui a le même âge que mon fils, de partir avec les autres, ce qui ne laisse aucun doute quant à la préméditation, ils savaient, lui et ses associés, le sort de ses derniers, le sort qu'ils leur ont scellé je veux dire. »

Les témoignages d'un « expert »
Sabri, le miraculé, est aussi affirmatif que Noureddine mais plus précis que lui, puisqu'il était l'un des candidats à l'immigration et membre de l'expédition de la mort, il était témoin oculaire, puisqu'il a raté le voyage. « La veille, nous confia-t-il, j'ai mis la puce de ma sœur dans mon portable au lieu du mien par mégarde, je me suis étonné qu'on ne m'ait pas appelé, car j'étais informé que le départ allait avoir lieu ce week-end là, et le lundi matin, le jour du drame, j'ai appris la mauvaise nouvelle. Lorsque je me suis rendu compte de ma bévue qui s'est avérée salutaire, j'ai remis ma puce, et là, j'ai trouvé quatorze appels en absence provenant tous de Nasser. Le jour même, je fus arrêté par la brigade de la Garde Nationale, et à la geôle, je me suis retrouvé avec d'autres suspects et rescapés, ils étaient tous unanimes à m'affirmer que Mehrez, l'intermédiaire, a empêché son frère Zouhaïer de monter dans la barque, il est clair qu'il soupçonnait quelque chose pour ne pas dire qu'il était certain que quelque chose de grave allait arriver, autrement il l'aurait laissé rejoindre ses amis et son cousin Hilmi. Un autre indice laisse très plausible la thèse du meurtre : Nasser, le chef de la bande, a pris le commandement de la barque, mais c'était juste pour rassurer les passagers, car au bout de quelques mètres, il a sauté dans sa petite barque à rames qu'il a attachée à la première et confié la direction à un jeune de seize ans qui ne s'y connaissait pas bien sûr en pilotage, la preuve c'est qu'ils ont chaviré parce qu'il a heurté un rocher, et même s'ils avaient pu éviter l'accident, ils n'auraient pas pu aller très loin, car le moteur chauffe toutes les deux heures et à chaque fois il faut s'arrêter pour le refroidir. Avant de les abandonner, Nasser a eu l'amabilité de leur souhaiter « bonne chance ». Il y a un autre élément qui montre à l'évidence que leur intention n'était pas de les faire arriver à bon port c'est l'heure du départ très tardive, c'était minuit passé quand ils ont pris le large, alors que l'heure limite c'est vingt-deux heures, car au-delà, au petit matin, on se trouve encore dans les eaux territoriales nationales et on risque fort de se faire repérer et rattraper par les garde côtes tunisiens. C'est inconcevable qu'une règle aussi élémentaire soit négligée par un professionnel comme ce dernier à moins qu'il n'y ait une préméditation, je vous parle en connaissance de cause, j'ai voyagé au moins trois fois avec lui, et je vous affirme que je n'ai jamais rencontré de problèmes, c'était comme si on voyageait légalement, nos traversées se sont toujours déroulées dans des conditions qui n'avaient rien à voir avec celles dans lesquelles ont péri les naufragés. D'après mon expérience, je peux vous affirmer qu'ils ont voulu se débarrasser de nous, puisqu'ils n'avaient plus les moyens de louer une bonne barque, ils ont dépensé tous les millions qu'ils ont perçus, et comme on avait assez de leurs promesses réitérées indéfiniment, et qu'on leur a réclamé soit le voyage soit notre argent, la solution qu'ils ont trouvée devant cette alternative c'est de nous jeter dans une barque de fortune, heureusement que je n'étais pas avec eux. Les plus jeunes ne se seraient pas engagés dans cette aventure et seraient encore en vie s'ils n'avaient pas subi leur matraquage, ils leur ont facilité les choses et miroité le paradis, et celui qui les a le plus obsédés par cette idée c'était Mehrez, moi, si je voulais partir c'est parce que mes parents et mes sœurs sont tous en Europe, je voulais les rejoindre, ajouta notre interlocuteur, Saber, le chanceux. » Il est interdit de séjour.

La double bataille
Ces dires sont entérinés par Noureddine, le père de Hilmi, et Sallouha, la mère de Mohammed. Ils affirment que leurs enfants suivaient un stage dans une usine d'aluminium à laquelle ils étaient affectés par la bourse de travail de Kheireddine et n'avaient aucunement l'intention d'immigrer. Mais il n'y avait pas que les mineurs qui ont touché à l'hameçon de ces malfaiteurs, les majeurs aussi y ont mordu. Est-ce la faute à Nasser et sa bande quand quelqu'un comme Sadok âgé de 31 ans quitte sa femme et ses deux filles qui sont encore gamines ? La faute n'est-elle pas à imputer au chômage ? « Il n'a jamais pu avoir un travail fixe, c'était un journalier, et là je vis chez ma belle mère autrement je serais dans la rue avec mes enfants, nous affirma son épouse, Olfa, une mère au foyer ». On se demande ce qu'elle aurait fait si elle n'avait pas trouvé une famille d'accueil, peut-être bien qu'elle aurait pris elle aussi le chemin de l'immigration clandestine d'autant plus que sa charge familiale vient de s'alourdir : elle vient de mettre au monde un nouveau-né auquel elle a donné le nom de son père : celui-ci a péri en mer et a germé sur terre, espérons qu'il ne connaîtra pas le même sort que son père. Mais pour épargner à lui et à tous nos enfants cette fin funeste et leur permettre de s'épanouir en évoluant dans un milieu sain en vue de leur garantir un bel avenir, il est impératif de mener une double bataille et contre le chômage et contre ces trafiquants de la mort.


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