Le Temps-Agences - Les pirates somaliens retenant en otage le capitaine américain d'un cargo sur un canot dans l'océan Indien voulaient hier le transférer sur un bateau plus sécurisé, au lendemain d'une dramatique libération de quatre otages français lors d'une opération de l'armée française. "Nous prévoyons de transférer l'otage sur un de nos bateaux", a affirmé Abdi Garad, un des chefs des pirates qui ont attaqué mercredi le porte-conteneurs Maersk Alabama dont le capitaine Richard Phillips est depuis retenu sur un canot de sauvetage cerné par plusieurs bâtiments américains. "J'ai peur que cette affaire ne se termine de façon désastreuse (...). On nous informe que les Américains veulent monter une opération de sauvetage comme les commandos français", a ajouté Abdi Garad. Vendredi, les forces spéciales françaises ont mené une opération pour libérer le voilier français Tanit et quatre de ses otages retenus dans le golfe d'Aden par des pirates depuis six jours. Le cinquième otage et propriétaire du voilier a été tué lors d'un échange de tirs entre pirates et forces spéciales. Deux pirates ont également été tués et les trois autres ont été capturés. Arrivés hier à Djibouti, les quatre survivants du Tanit sont attendus aujourd'hui à Paris, a annoncé le ministre français de la Défense Hervé Morin. M. Morin n'a pas exclu que le propriétaire du voilier, Florent Lemaçon, ait pu être tué par "un tir français" lors de l'assaut. Une enquête a été ouverte. Le ministre a ajouté qu'une rançon - dont il n'a pas précisé le montant - avait été proposée aux pirates, en raison de la présence d'un enfant de trois ans parmi les otages. "C'était inimaginable qu'il puisse être pris en otage longtemps dans cette zone (...) Il fallait tout essayer pour récupérer la famille, y compris mettre en oeuvre des solutions pas habituelles", a-t-il expliqué. Concernant l'otage américain, les discussions n'avançaient pas hier. "Il n'y a pas de nouveau développement, c'est toujours l'impasse avec les responsables américains", a déclaré Abdi Garad. "Nous prévoyons de transférer l'otage sur un bateau près de Garacad, pour qu'on puisse patienter si les négociations durent", a-t-il expliqué. Garacad est situé à 130 km au sud d'Eyl, une des principales bases des pirates somaliens, dans la région autonome du Puntland, où se trouvait Abdi Garad, interrogé par téléphone depuis Mogadiscio. Des chefs coutumiers somaliens ont offert hier leur aide pour négocier "sans recours aux armes ni rançon" la libération de Richard Phillips, qui avait tenté sans succès dans la nuit de jeudi à vendredi d'échapper à la nage à ses ravisseurs. "Ils ont promis de parvenir à la libération du capitaine sans recours aux armes ni à une rançon", a indiqué Andrew Mwangura, responsable de la branche est-africaine d'un programme d'assistance aux marins basé au Kenya. Selon lui, le groupe de chefs coutumiers se trouve déjà à Garacad. Actuellement, seuls quatre pirates gardent le capitaine Richard Phillips sur le canot. Vendredi, ils ont réclamé une rançon d'un montant non spécifié pour le libérer et exigé de "pouvoir rentrer sains et saufs à la maison". L'étau s'est resserré vendredi sur ces pirates, placés sous la surveillance étroite du croiseur américain Bainbridge. Une frégate de la Marine américaine avec des hélicoptères à son bord est dans la région et un navire d'assaut amphibie restait plus loin du site.