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Ségolène Royal et... nous
Présidentielle française: Ségolène Royal et... nous
Publié dans Le Temps le 06 - 03 - 2007

Un récent sondage IFOP montre que la population musulmane de France - les Beurs, - se sent plus proche du PS et de son candidat à la présidence Ségolène Royal, que de l'UMP et son candidat Nicolas Sarkozy (23,4%).
Cependant, sur la plupart des questions qui interpellent cet électorat, à savoir la crise du Proche-Orient, l'immigration, la place de l'islam en France, les relations avec le Maghreb et l'Afrique, les positions des deux candidats ne divergent guère. Nous avons présenté dans notre édition d'hier les positions de Sarkozy sur ces questions. Nous vous présentons ici celles de Mme Royal...

A propos de la crise du Proche-Orient, Mme Royal a multiplié les déclarations contradictoires. Lors des trois débats pour l'investiture du PS, qui l'ont opposée à ses deux adversaires Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn, devenus aujourd'hui ses soutiens, la candidate a souligné à plusieurs reprises la centralité du conflit israélo-palestinien et la nécessité d'y apporter une solution juste et équilibrée. Mais lors de son déplacement au Proche-Orient, elle a eu du mal à maintenir une position ferme sur cette question, passant d'une position à son contraire. Au cours de sa visite à Beyrouth, elle s'est montrée critique à l'égard de la politique d'Israël, suscitant la colère des Israéliens. A Jérusalem, elle s'est montrée compréhensive vis-à-vis de cette même politique et fait une déclaration jugée favorable au mur de séparation.
Lors de ses meetings suivants, Mme Royal a rectifié le tir en promettant d'agir pour que soit respecté le droit international, qui «existe, [et] il n'est que de l'appliquer». Elle a ajouté: «Nous réclamerons de nos meilleurs amis que les résolutions du Conseil de sécurité soient mises en œuvre». Cette déclaration, qui a été faite dans une approche générale des relations internationales, vaut-elle aussi pour le conflit israélo-palestinien ? Auquel cas, elle signifierait de demander à Israël et aux Etats-Unis d'être plus respectueux du droit international, étant donné que ce sont ces deux pays qui respectent le moins les résolutions onusiennes au Proche-Orient. Il ne faut pas rêver...

La sécurité d'Israël d'abord
Dans son discours du 11 février, Royal ne s'est pas beaucoup attardée sur le conflit israélo-palestinien. Elle lui a consacré les trois lignes que voici: «La paix au Proche-Orient suppose deux aspirations indissociables et également impérieuses: celle de la justice, celle de la sécurité. Il faut rendre justice aux Palestiniens. Mais il faut garantir la sécurité d'Israël et la vie de tous ses citoyens.»
Réduire un conflit aussi complexe à deux mots, «justice» et «sécurité», ne dénote pas d'une grande volonté de s'engager en vue d'y trouver une solution. En évitant de se prononcer sur la nécessité de créer un «Etat palestinien», pourtant soutenue par nombre des amis d'Israël, George Bush en tête, Royal cherche sans doute à ne pas s'aliéner le soutien du lobby juif pro-israélien en France, dont on connaît la puissance, surtout dans le domaine médiatique.
Qualifiée de «candidat naturel des juifs» par le député UMP Christian Estrosi, Royal ne devrait donc pas trop s'éloigner de la position historique du PS en ce qui concerne le conflit israélo-palestinien.
Souvenons-nous: durant l'été 2006, alors qu'Israël bombardait Gaza et le Liban, Mme Royal ne s'est pas montrée plus préoccupée que son rival de l'UMP par les violations des droits humains commis par le gouvernement du Premier ministre israélien Ehoud Olmert. Ce tropisme israélien n'étonne pas René Balme, maire de Grigny depuis 1992, qui explique: «Mme Royal est entourée de conseillers qui défendent ouvertement la politique israélienne. Le PS a toujours été indulgent avec Israël et ce n'est pas Ségolène Royal qui va remettre en cause cette amitié. On est toujours, tant du côté de l'UMP que du PS, dans cette logique qui consiste à se soumettre à l'axe américano-israélien. Il y a quelques néo-conservateurs dans ces deux partis dont la vision du monde n'est pas très éloignée des néo-conservateurs étasuniens. D'où leur silence [sur les souffrances des Palestiniens].» (www.e-torpedo.net)
Le maire de Grigny va plus loin dans son procès des deux principaux candidats à la présidence française. «On a deux candidats dont l'un est un ultralibéral [Sarkozy] et l'autre est social-libérale [Royal]. La différence qui n'est déjà pas très marquée pour ce qui est de la politique intérieure se trouve être nulle en matière de politique étrangère», explique-t-il. Et d'ajouter: «Leurs conseillers sont issus de la même mouvance et sont porteurs des mêmes idéologies. La position de Madame Royal et celle du PS est calquée sur celle des Etats-Unis et d'Israël. Il ne fallait pas s'attendre à autre chose de sa part (...) Il est surprenant de constater que Ségolène Royal a du mal à accepter que les peuples aient le droit de décider, démocratiquement, de leur avenir en Palestine et en Iran
A l'appui de son affirmation, le maire de Grigny rappelle que l'ensemble des dirigeants politiques du PCF à l'UMP en passant par le PS et les centristes ont répondu favorablement à un récent meeting organisé par le CRIF et intitulé : ''Tous à la Mutualité contre la menace de l'Iran''», avant de conclure: «Il y a une volonté affirmée unanime de la classe politique [française] d'en découdre avec l'Iran et de se coucher face aux injonctions des représentants du gouvernement et des intérêts israéliens en France. C'est extrêmement grave.»
Sans aller jusque là, nous pourrons dire que Mme Royal cherchera à suivre la politique traditionnelle du Quai d'Orsay, qui s'est toujours montrée soucieuse de la sécurité d'Israël, d'abord, tout en appelant à la création d'un Etat palestinien, ensuite.

L'ultra-laïcité face à un Islam conquérant
A propos de l'Islam et des musulmans, les positions de Royal ne sont pas divergentes, elles non plus, de celles de son rival de l'UMP. Même si la candidate du PS semble vouloir montrer une certaine différence sur ce dossier, ses déclarations sur l'islam et les musulmans ne s'éloignent pas de la ligne laïciste républicaine.
«Dans sa tentative de reconquête du pouvoir, le PS, jadis accusé de différentialisme par la gauche laïciste, ne peut pas se permettre d'afficher un discours trop mou sur l'islam. Du coup, il adopte un discours ultralaïque», explique Franck Frégosi, spécialiste de l'islam contemporain au CNRS, dans un entretien à ''Libération'' du 26 février. Qui ajoute: «Lors d'un débat participatif, Ségolène Royal a déclaré: ''Mon combat pour la laïcité, je le mène au nom de toutes les femmes voilées, excisées, mutilées, violées...'' Assimiler ainsi le voile et le viol, c'est plus qu'un sacré raccourci. En s'adossant à la laïcité, le PS tente en même temps de redorer son blason auprès d'un électorat et d'un lobby laïque de plus en plus intransigeant vis-à-vis de l'islam. Tous ces propos s'inscrivent dans une volonté de récupérer sur le terrain une forme d'ultralaïcité perdue.»
A tel point d'ailleurs que les responsables de campagne de Royal cherchent à «disqualifier» Sarkozy aux yeux des laïcistes en affirmant que le candidat de l'UMP est le premier ministre de l'Intérieur à avoir adoubé l'Union des organisations islamiques de France (UOIF), présentée pour l'occasion comme une officine islamiste. L'islam est ainsi utilisé, de manière pernicieuse, comme repoussoir: une sorte d'ennemi de la république.
Quoi qu'il en soit, Royal ne semble pas plus disposée que Sarkozy à dénoncer l'islamophobie. Ce n'est pas là, en tout cas, l'une de ses priorités. La peur de tout ce qui renvoie à l'islam est tellement forte dans l'opinion française qu'elle préfère ne pas dénoncer les crispations qui pourraient naître ici et là autour de l'islam et des musulmans. Cela ne lui interdit pas cependant d'utiliser ces crispations pour aller chasser des voix sur les terres de la droite et de l'extrême droite.
En choisissant comme porte-parole une femme musulmane Najat Belkacem, Mme Royal n'a fait, en réalité, qu'imiter son principal adversaire, Sarkozy, dont la porte-parole est, elle aussi, une femme musulmane, Rachida Dati. Les deux candidats cherchent-ils ainsi à séduire l'électorat musulman ? Oui et non. Car, comme l'a expliqué Vincent Geisser, chercheur au CNRS, sur un forum du ''lemonde.fr'', mis en ligne le 1er mars, la règle républicaine interdit de parler de «vote religieux». Les candidats font comme si ce vote n'existe pas, tout en développant, implicitement, «une stratégie pour capter un électorat qu'ils percevaient depuis longtemps comme un électorat ''beur'', et que de plus en plus ils perçoivent comme musulman.»
En fait, ajoute le chercheur, «derrière ce mot ''musulman'', les hommes et les femmes politiques [français] ont tendance à amalgamer toutes sortes d'électeurs, en gros tout ce qui n'est pas catholique, juif, ou tout ce qui leur semble différent de ce qu'ils se représentent comme la majorité électorale.»

Contre l'«immigration choisie», une immigration organisée : Hadj Moussa versus Moussa Hadj...
C'est pour se rapprocher de cet électorat que Mme Royal s'est rendue, le 27 février, à Clichy-sous-Bois, une banlieue de Paris, où elle a déposé une gerbe de fleurs au pied de la stèle dédiée à la mémoire de Zyed Benna et Bouna Traoré, morts électrocutés en se réfugiant dans un transformateur électrique pour échapper à une course-poursuite avec des policiers. Cet accident, souvenons-nous, a provoqué les émeutes des banlieues en novembre 2005.
Par ce geste, la candidate a voulu jeter une pierre dans le jardin de son adversaire du moment, le ministre de l'Intérieur, dont les déclarations sur la «racaille» à nettoyer «au karcher», en parlant des jeunes des banlieues, continuent de susciter la colère de ces derniers et de leurs parents.
Pour le reste, les divergences entre Mme Royal et M. Sarkozy au sujet de l'immigration, autre thème central de la campagne électorale, sont assez ténues. «Le projet d'immigration choisie défendu par le candidat de l'UMP va (...) contribuer à affaiblir des systèmes de santé déjà fragiles», a déclaré Royal dans sa tribune intitulée «Projet pour l'Afrique». Et d'ajouter: «Je propose pour ma part d'agir en responsabilité en ne pillant pas les ressources humaines qui sont vitales pour ces pays. Je propose, à l'inverse, de faciliter les allers et retours des médecins d'origine africaine afin qu'ils puissent exercer dans leur pays d'origine et participer à la formation de jeunes médecins tout en conservant des connexions en France leur permettant de poursuivre l'approfondissement de leurs compétences.»
«Nous voulons une politique de l'immigration et non pas une politique de l'immigration choisie», a-t-elle déclaré, Christiane Démontès, chargée de communication de Ségolène Royal, dans une interview au site ''www.lefaso.net'', mise en ligne le 1er mars. S'insurgeant contre l'«immigration choisie» préconisée par Sarkozy, celle-ci explique: «Il faut dire que la France est une terre d'immigration (c'est l'une des grandes différences entre Ségolène Royal et notre adversaire de droite); une immigration qui s'organise, dans laquelle on donne la possibilité aux gens de venir et de repartir, et de revenir.»
En ce qui concerne l'immigration en France, l'année 2006 s'est terminée par un nouveau record: 24 000 reconduites à la frontière. Jamais, depuis les années 1930, on n'avait atteint un tel niveau. Entre 1934 et 1939, 130 000 immigrés avaient été renvoyés dans des trains vers la Belgique, la Pologne... Pour atteindre l'objectif qu'il s'est fixé (25 000), Sarkozy ne lésine pas sur les moyens: multiplication des rafles, chasse à l'enfant... Tout est bon pour entretenir l'hystérie raciste et sécuritaire et faire du chiffre: deux charters ont été affrétés en décembre vers la Roumanie alors que, depuis le 1er janvier 2007, ce pays a intégré l'Union européenne.
Tout en saluant «la mobilisation d'enseignants et de parents en faveur d'enfants scolarisés expulsables» - par allusion à la résistance en faveur des enfants d'immigrés menacés de reconduction à la frontière, soutenue et organisée par les militants du Réseau Education Sans Frontière -, Mme Royal ne rompt pas réellement avec la politique de Sarkozy dans ce domaine. Car, pour elle aussi, «il faut lier à la fois la réglementation, et la fermeté indispensable de cette réglementation pour maîtriser les flux migratoires: qu'elle soit cohérente dans nos pays méditerranéens».
On sait également que Mme Royal s'est opposée fermement à la proposition de Laurent Fabius de régularisation en masse et qu'elle défend une vision totalement utilitariste de la main-d'oeuvre immigrée en fonction des besoins du patronat français: «Il faut, pour l'immigration de travail, instaurer un droit moderne à l'aller et au retour. Aujourd'hui, beaucoup d'immigrants, qu'ils soient qualifiés, chercheurs, universitaires, cadres ou saisonniers, sont d'autant plus tentés de rester qu'ils craignent de ne pas pouvoir revenir faute d'un visa permanent ou pluriannuel.»
Donc, autant que ses adversaires de droite, Mme Royal défend le contrôle de l'immigration. Ce qui signifie, dans les faits, une répression au faciès. Cette politique repose sur le mythe, souvent repris par Mme Royal, de «l'appel d'air». En agitant ce mythe, celle-ci entretient des fantasmes sur l'importance du problème, alors que les sans-papiers ne représentent que 0,5 % de la population française. Les experts estiment, par ailleurs, qu'il n'y a aucune corrélation entre le taux de chômage et l'immigration. Depuis 1945, il y a eu en France entre 7 et 8% d'immigrés, cela reste stable, alors que le chômage a explosé depuis le début des années 1980. Des études récentes ont montré également que la régularisation massive de 700 000 sans-papiers en Espagne a eu un impact très bénéfique sur l'économie. Le capitalisme a d'ailleurs toujours eu besoin de mouvements migratoires pour se développer: 46 millions d'Européens ont émigré en Amérique entre 1815 et 1951.
Mme Royal est aussi insensible à ces considérations que M. Sarkozy. Pour elle, les flux migratoires doivent être régulés et ralentis, à défaut d'être stoppés. Pour cela, il y a deux solutions possibles: le «dialogue avec la Méditerranée» et «la mise en place des politiques de co-développement». Dans sa conférence d'Alger citée plus haut, Lang a promis que si Royal parvenait à l'Elysée, «il y aura la volonté, en liaison avec l'Italie, l'Espagne et le Portugal, de déplacer l'axe de l'Europe, très orienté vers le Nord, [vers le sud de la Méditerranée]». Il a appelé aussi à ne plus traiter les pays du Maghreb «seulement comme un marché où l'on vient déverser ses produits», mais «comme des civilisations, une source d'inspiration intellectuelle et spirituelle», rappelant ainsi l'appel que Mme Royal avait lancé lors du troisième débat à l'investiture du PS pour un approfondissement du dialogue Euro-Méditerranéen, afin d'accélérer le dialogue entre l'Europe et le Maghreb.
En ce qui concerne le co-développement, Mme Royal estime qu'il est «la meilleure façon d'endiguer l'immigration illégale et de lutter contre les mafias qui l'organisent». «Décourager les migrations de la misère, c'est soutenir le développement des pays pauvres, en réduisant l'écart entre Nord et Sud», a aussi expliqué la candidate PS dans son «Pacte présidentiel». Et d'ajouter: «Le co- développement sera donc mon objectif. L'aide publique sera radicalement réformée et réorientée vers les circuits courts, la santé, l'éducation, l'énergie solaire, les associations de femmes, le micro-crédit, comme je l'ai vu au Sénégal, et cessera d'alimenter les gouvernements corrompus.»

Contre la corruption: démocratie, droits de l'homme et bonne gouvernance
A propos de «gouvernements corrompus», il convient peut-être de rappeler que Royal a dénoncé dans un article intitulé «Projet pour l'Afrique», publié sur les colonnes de ''Témoignage Chrétien'', ce qu'elle appelle le «pacte néocolonial» de la Françafrique et la politique africaine de la France, «figée dans une coupable immobilité» et dont «les Africains sont malheureusement les premières victimes».
«Depuis bientôt cinq ans, la droite française est en effet à l'origine de désordres sans précédent sur le continent africain. La conception de la présidence de la république de Jacques Chirac y est pour beaucoup. En privilégiant systématiquement les amitiés personnelles au détriment de l'intérêt général, la pratique présidentielle a terni l'image de notre pays, qui se trouve associé dans l'esprit des Africaines et des Africains aux régimes les plus contestables du continent. La France doit à nouveau porter en Afrique un message de démocratie, de solidarité, de paix et de défense des droits de la personne humaine, sans qu'il soit possible d'opposer à cette ambition la réalité des interventions de notre pays», a écrit Royal. S'insurgeant ensuite contre, «les récentes déclarations du candidat de l'UMP qui s'inscrivent, sans retenue, dans les mêmes réseaux que le président Jacques Chirac», elle a rassuré les Français que leur pays «demeure fidèle à ses valeurs de solidarité internationale, de promotion de la démocratie et de consolidation de l'Etat de droit.»
A travers sa dénonciation de la «Françafrique», Royal dénonce «la multiplication des interventions militaires improvisées au profit de régimes réputés amis». Selon elle, les objectifs de développement devraient être prioritaires. Comme l'encouragement «des régimes les plus fermes à s'engager dans la voie de la démocratisation et du respect des droits humains» et à «favoriser le dialogue politique et la participation de l'opposition et de la société civile africaine au jeu démocratique.»
Clarté et transparence devraient être, selon elle, les maîtres mots de la coopération de la France avec ses partenaires africains. Cette «coopération devra faire des efforts particuliers pour consolider la société civile africaine et renforcer les mécanismes contribuant à l'émergence de la démocratie».
Dans la lutte contre la corruption, Royal va encore plus loin en plaidant pour une déontologie économique inspirée par l'OCDE. «Nous devons plus généralement encourager voire contraindre les entreprises à s'engager sur une éthique de responsabilité sociale et environnementale en veillant a minima qu'elles respectent les codes de conduites édictés par exemple par l'OCDE. A ce titre, je soutiens l'initiative ''Publiez ce que vous payez'' qui propose d'imposer aux industries extractives de rendre publiques les sommes versées aux Etats pour l`exploitation de leurs ressources naturelles. Les citoyens africains ont le droit de savoir ce que leurs gouvernements perçoivent des compagnies étrangères et les consommateurs français doivent pouvoir s'assurer que l'essence qu'ils achètent n'entretient pas un régime despotique», écrit-elle. Et d'ajouter: «Nos pratiques doivent évoluer: la transparence, c'est la modernité, l'opacité actuelle l'archaïsme.»
Dans le cadre de cette nouvelle politique de co-développement, la candidate du PS propose de rénover les méthodes de coopération actuellement en vigueur, notamment «en valorisant davantage le travail des ONG en portant à 5%, comme c'est le cas ailleurs en Europe, le pourcentage de l'aide française qui sera mise en oeuvre par leur canal».
C'est là l'un des rares points où la différence entre Mme Royal et M. Sarkozy semble la plus perceptible : la Socialiste semble plus déterminée, à promouvoir la démocratie et la bonne gouvernance au sud de la Méditerranée.


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