Le Temps-Agences - Le président Barack Obama est parti hier pour le Mexique afin d'aller soutenir pour la première fois de l'autre côté de la frontière des Etats-Unis son homologue Felipe Calderon dans son combat contre les cartels de la drogue, dont la guerre déborde sur le sol américain. M. Obama devait passer moins de vingt quatre heures au Mexique, où au moins 3.200 policiers ont été mobilisés pour sa sécurité, sur le chemin du Sommet des Amériques à Trinité-et-Tobago. Mais ce bref séjour à Mexico parachève trois mois de présidence au cours desquels M. Obama n'aura pas ménagé ses efforts pour appuyer M. Calderon contre les trafiquants, même si les différends, dans ce domaine et dans d'autres, subsistent entre deux grands voisins aux relations très étroites. M. Calderon accomplit un "travail remarquable et héroïque" contre les trafiquants, a dit M. Obama à la chaîne CNN en espagnol, en assurant de sa détermination à engager tous les moyens possibles pour sécuriser la frontière. La veille de sa visite, son gouvernement a nommé un représentant spécial chargé de faire respecter la loi sur les 3.000 kilomètres de frontière. Le même jour, M. Obama inscrivait trois cartels sur la liste des organisations tombant sous le coup de la loi destinée à couper les fonds aux trafiquants de drogue. Cette désignation exprime le soutien américain à la lutte "courageuse" engagée par M. Calderon, a dit le porte-parole de M. Obama, Robert Gibbs. Depuis sa prise de fonctions en décembre 2006, M. Calderon a mobilisé l'appareil de l'Etat et 36.000 soldats et policiers contre les cartels, provoquant une violente réaction des trafiquants. Plus de 5.300 meurtres leur ont été attribués en 2008. Ce phénomène a débordé aux Etats-Unis, devenant vite une priorité pour le gouvernement Obama, qui a envoyé des renforts policiers et judiciaires à la frontière. Mexico a apprécié la reconnaissance par le gouvernement Obama d'une responsabilité de la part des Etats-Unis, premier client mondial de la cocaïne. Mais il voudrait le voir faire plus pour tarir le flux des armes d'assaut achetées par les trafiquants sur le sol américain. Le choix de M. Obama de se déplacer à Mexico, alors que son prédécesseur George W. Bush préférait rencontrer son collègue mexicain dans un ranch ou une station balnéaire, est aussi un "signal fort" de la volonté de Washington de coopérer avec son voisin dans d'autres domaines (économie, énergie, environnement), selon la Maison Blanche. Bill Clinton avait été le dernier président américain à se rendre en visite dans cette capitale tentaculaire et polluée, provoquant des embouteillages restés dans les annales. Les relations entre les deux pays dépassent de très loin la lutte contre le crime. Un Américain sur 10 aurait des origines au Mexique et les Mexicains représentent une part importante des quelque 12 millions de clandestins qui se trouveraient aux Etats-Unis. MM. Obama et Calderon ne devraient pas manquer de parler d'immigration, même si la crise économique paraît compliquer le projet du président américain, réaffirmé sur CNN, de présenter une grande réforme sur ce sujet. En 2007, les Etats-Unis achetaient environ 82% des exportations mexicaines et le Mexique a été très durement affecté par la récession aux Etats-Unis.