Nul n'ignore le rôle joué par les clubs (pédagogiques, culturels, artistiques, scientifiques, sportifs...) dans la dynamisation de la vie scolaire et l'instauration des nouvelles bases de l'école de demain telles qu'elles sont définies dans la réforme du système éducatif. Dans une récente entrevue avec le ministre de l'Education et de la Formation, le Président Ben Ali a encore une fois insisté sur la nécessité d'améliorer la qualité de l'enseignement et d'assurer les meilleures conditions à la bonne marche du secteur éducatif et il a également mis l'accent sur la révision de l'horaire scolaire, actuellement trop contraignant, de manière à accorder le temps nécessaire à l'élève de pratiquer ses loisirs afin de lui assurer le bien-être en milieu scolaire. En effet, depuis quelques années, selon les dires des responsables éducatifs, les clubs scolaires n'attirent plus les élèves comme c'était le cas lors de ces dernières décennies. A quoi est donc due cette " désertion " massive des clubs scolaires et comment faire pour les sortir de leur léthargie ? Généralement, on incombe à l'école une tâche essentiellement éducative, en tant que pourvoyeuse de connaissances et de savoir. Or, l'école joue d'autres rôles non moins importants dans l'épanouissement de l'enfant et le développement de ses talents et de ses capacités créatives qui peuvent se réaliser au sein même de l'établissement scolaire, sachant qu'un élève y passe une bonne part de son temps à l'école. Le problème est que la majorité des élèves ne fréquentent plus ces clubs scolaires, censés être des espaces de divertissement, de contacts, d'affinement du goût et d'adoucissement des mœurs et ce, à travers les différentes activités assurées par ces clubs qui leur permettent également de pratiquer leurs loisirs et de suivre leur vocation. Tous les directeurs des collèges et des lycées interrogés sur ce sujet assurent l'existence de ces clubs dans leurs établissements respectifs. Quant à la fréquentation de ces clubs par les élèves, ils reconnaissent que les élèves y adhèrent de moins en moins pour plusieurs raisons selon eux. D'abord, les emplois du temps, devenus trop chargés depuis l'introduction de nouvelles matières au niveau de l'enseignement de base (informatique, anglais), d'autant plus que plusieurs matières sont enseignées par groupes, ce qui a rendu les emplois du temps plus chargés. Ensuite, ce manque de motivation chez pas mal d'élèves s'explique par leur engouement pour les publinet où ils préfèrent aller pour passer leur temps libre à surfer ou chater, chose que les enfants trouvent de plus en plus attrayant. Enfin, il faut dire que les cours particuliers suivis en dehors des établissements empêchent beaucoup d'élèves de participer aux différents clubs scolaires, étant donné que l'horaire imparti à ces clubs coïncide souvent avec le temps consacré aux différents cours particuliers, à savoir, les après-midi de vendredi et samedi.
Manque d'équipements Le manque d'équipements nécessaires au bon fonctionnement de ces clubs est souvent à l'origine de la rupture avec ces clubs scolaires qui s'appuient encore des méthodes traditionnelles et des moyens archaïques, lesquels ne sont plus motivants pour des adolescents férus des nouvelles technologies. Peut-on encore imaginer un club de langues ou d'informatique sans bandothèque ou sans ordinateurs ? (A noter que la salle d'informatique est strictement réservée au cours !) Peut-on concevoir un club de cinéma ou de théâtre sans matériel de projection de films ou de pièces théâtrales ? A quoi servent des clubs de santé, d'environnement, de lecture ou d'excursions si le nombre d'adhérents ne dépasse pas 3 ou 4 élèves ? Voilà pourquoi les élèves ne sont plus chauds à s'inscrire aux différents clubs scolaires, attirés plutôt par d'autres moyens de loisirs qu'ils trouvent plus captivant et peut-être plus intéressant. Souleima, une élève de 9è année nous a affirmé à ce propos : " je n'ai jamais participé à un club scolaire. Pour moi, c'est une perte de temps ! Tous ces clubs fonctionnent l'après-midi du vendredi ou du samedi, pendant ce temps, j'ai des études de maths, d'arabe et de physique. C'est à peine si l'élève arrive à se concentrer sur ses devoirs ! On n'a pas vraiment assez de temps pour le consacrer aux clubs ! " Sa camarade Farah n'est même pas au courant de la présence de clubs dans son collège, aussi s'interroge-t-elle : " Des clubs dans notre collège ? Je n'en ai jamais entendu parler ! Où sont-ils ? Que font-ils ? Même s'il y en a, c'est difficile d'y adhérer, faute de temps ! ". Cette fille n'aurait peut-être pas tort d'avoir ignoré l'existence de clubs dans son collège, c'est dire que les élèves ne sont pas suffisamment sensibilisés dès le début de l'année à l'importance et au rôle de ces clubs scolaires dans l'épanouissement de l'élève et de sa culture générale. Un troisième élève, Houssème, semble disposé à participer à un club d'informatique, mais ce genre de club n'existe pas dans son collège : " je voudrais bien adhérer à un club d'informatique, c'est ma seule passion. Dommage que la salle d'informatique ne soit pas exploitée en dehors des cours dans le cadre d'un club d'informatique : elle est pourtant bien équipée ! "
Indisponibilité du cadre enseignant Houssème soulève ici ce problème crucial, qu'est l'indisponibilité du cadre enseignant à animer les différents clubs scolaires. En effet, les clubs sont généralement animés par des enseignants, chacun selon sa spécialité (langues, sciences, musique, théâtre, sport...). Or, certains profs ne sont pas assez coopératifs dans ce sens, pour des raisons diverses. La raison principale est que les heures d'animation (2 ou 3 heures par semaine) ne sont pas rémunérées. Ce qui a été confirmé par Hichem, prof de français dans un collège : " le travail dans les clubs relève d'un esprit de volontariat et suppose un engagement moral envers le travail collectif et la vie associative. Il est rare de trouver des collègues prêts à consacrer leur temps libre aux activités des clubs scolaires. Juste après le travail, chacun vaque à ses occupations personnelles ou familiales. Tant que l'animation au sein des clubs ne fait pas partie du travail de l'enseignant, elle demeure facultative. Pour motiver les enseignants à s'occuper de ces activités extrascolaires au sein des clubs, un rabattement de deux heures de leur horaire officiel est envisageable. C'est-à-dire, un prof, au lieu de travailler 18 heures par semaine, il en fait seulement 16 heures, le reste sera consacré aux clubs scolaires. D'ailleurs il fut un temps où les heures d'animation étaient payées en tant qu'heures supplémentaires ! Compter sur le volontariat des gens pour faire marcher ces clubs est insuffisant ! De nos jours, les volontaires deviennent de plus en plus rares ! " Les clubs sont importants dans la vie scolaire. Le ministère de tutelle gagnerait à se pencher sur les moyens susceptibles de les sortir de leur stagnation et de procéder à leur consolidation, d'autant plus qu'ils ont un grand rôle à jouer dans les établissements scolaires et auprès des élèves qui doivent être plus motivés à participer à ces clubs qui constituent des forums de débats et de discussions sur différents problèmes touchant à tous les domaines (sciences, littérature, arts, cinéma, théâtre, santé, environnement...) et qui se considèrent aussi comme un lieu de découverte et d'apprentissage de pas mal d'habiletés et de talents dans différents domaines (dessin, peinture, écriture, photographie, danse, musique...). Encore faut-il doter ces différents clubs d'équipements modernes pour drainer le maximum d'élèves et trouver les moyens nécessaires pour motiver les enseignants à mieux collaborer.