Le Temps-Agences - Le secrétaire américain à la Défense Robert Gates a assuré hier que les craintes des pays arabes d'assister à un "grand marchandage" entre Washington et Téhéran étaient infondées et que les Etats-Unis n'abandonneraient pas leurs alliés traditionnels dans la région. Les Etats-Unis tiendront leurs alliés arabes au courant de leurs efforts en faveur d'un dialogue avec Téhéran, a promis M. Gates, en mini-tournée régionale destinée à rassurer les pays arabes qui s'inquiètent de l'ouverture de l'administration de Barack Obama vers l'Iran après 30 ans de liens hostiles. "Il y a eu des préoccupations exagérées (...) ici dans la région sur le fait que pourrait exister un grand marchandage entre les Etats-Unis et l'Iran, qui leur serait soudainement annoncé de but en blanc", a-t-il dit à la presse au Caire après des entretiens avec le président égyptien Hosni Moubarak. C'est "complètement irréaliste", a-t-il assuré, avant d'arriver à Ryad. "Tendre la main à l'Iran n'entraînera en aucune manière de changement dans les étroites relations politiques et de sécurité que les Etats-Unis entretiennent avec l'Egypte, l'Arabie saoudite et d'autres amis de longue date dans la région", a dit M. Gates. L'Egypte est, après Israël, le principal bénéficiaire de l'aide militaire américaine et joue un rôle clé de médiateur entre Palestiniens et Israéliens. L'Egypte et l'Iran n'entretiennent pas de relations diplomatiques depuis une trentaine d'années. M. Gates a estimé à cet égard que les chances d'un "accord global" dans l'immédiat sur tous les points de conflit entre la République islamique d'Iran et les Etats-Unis étaient minces. "Ca me paraît une perspective éloignée. C'est très peu probable". Le président Obama a proposé aux dirigeants iraniens un dialogue pour résoudre la crise provoquée par la poursuite des activités nucléaires sensibles iraniennes mais selon M. Gates la Maison Blanche est réaliste quant à ses chances de succès. "Je pense que tout le monde dans l'administration est réaliste et sera inflexible si nous rencontrons une main fermée (de la part de l'Iran)", a-t-il affirmé. Ryad, poids lourd de la région, s'inquiète en particulier à propos du programme nucléaire controversé de Téhéran et du soutien de l'Iran chiite au Hezbollah libanais et au Hamas palestinien dans la bande de Gaza. M. Gates devait discuter à Ryad du transfèrement possible dans le royaume des Yéménites actuellement détenus dans la prison américaine de Guantanamo. "Les Saoudiens ont peut-être le programme de rapatriement et de rééducation qui a connu le plus de succès actuellement et il sera intéressant de le poursuivre", a-t-il estimé. Les autorités américaines s'inquiètent des conditions de sécurité insuffisantes au Yémen pour y rapatrier la centaine de Yéménites sur les 240 détenus de Guantanamo, qui doit fermer l'an prochain.