Le Temps-Agences - L'Afghanistan veut changer les accords définissant la présence des dizaines de milliers de soldats étrangers sur son sol engagés dans la lutte contre l'insurrection talibane, a déclaré hier le ministre des Affaires étrangères, Rangin Dadfar Spanta. Cette révision a été demandée par le Parlement afghan après des raids aériens américains contre des talibans, qui ont provoqué la mort de dizaines de civils au début du mois dans la province de Farah (ouest). Une enquête du gouvernement afghan a conclu que 140 civils avaient perdu la vie, ce qui en ferait une des bavures les plus meurtrières depuis l'intervention menée par les Etats-Unis fin 2001 pour renverser le régime des talibans. Après la chute des talibans, l'administration intérimaire avait signé en 2002 des accords définissant les activités des troupes étrangères en Afghanistan, mais les temps ont changé, pour le ministre. "Aujourd'hui nous avons un gouvernement élu, un Parlement élu, des médias libres", a-t-il dit à des journalistes. "Cela nécessite que les accords que nous avions signés à l'époque, en tant que pays sans gouvernement, soit révisés". "C'est notre devoir et notre responsabilité de défendre les droits et la dignité des Afghans, de savoir pourquoi des Afghans sont emprisonnés, de savoir si nos compatriotes sont torturés ou pas", a-t-il ajouté. Et pour ce faire, "nous avons besoin de nouveaux accords avec nos alliés", a jugé le ministre. Des demandes similaires avaient été faites après le précédent incident le plus meurtrier pour des civils pris dans les combats entre forces de sécurité et insurgés, survenu en août dernier dans la province d'Herat (ouest). L'ONU et les autorités afghanes avaient conclu à la mort d'environ 90 civils, l'armée américaine dénombrant de son côté au moins 33 civils tués et 22 insurgés tués. Les autorités afghanes et l'armée américaine ont depuis signé un accord contraignant les troupes américaines et de l'OTAN à prendre des mesures spécifiques pour réduire les pertes civiles pendant leurs déploiements. Environ 70.000 soldats étrangers sont stationnés en Afghanistan pour lutter contre les insurgés islamistes, parmi lesquels les talibans chassés du pouvoir en novembre 2001 par une coalition menée par les Etats-Unis. Les violences ont néanmoins redoublé d'intensité depuis deux ans. Les Etats-Unis ont en conséquence commencé à déployer des renforts, qui devraient atteindre 21.000 soldats supplémentaires d'ici à quelques mois. Les ONG de défense des droits de l'homme ont déjà averti que plus de soldats signifierait davantage de victimes civiles. "Le problème des pertes civiles est une source de préoccupation majeure pour le peuple afghan et pour le gouvernement. Malheureusement nous constatons que cela se poursuit", a déploré M. Spanta.