Le tourisme est l'un des secteurs qui ont été touchés de plein fouet par la crise financière internationale. Le divertissement, tout comme l'industrie automobile, a connu du recul à l'échelle internationale et la Tunisie n'a pas été épargnée. Les prévisions sont revues à la baisse et la croissance du secteur ralentirait sensiblement. Les touristes continuent certes à venir. Mais, il faut davantage d'énergie, et d'argent, pour les convaincre de la destination qu'ils peuvent payer de moins en moins cher, en jouant sur la concurrence. Les Tours Opérateurs sont désormais conscients qu'ils peuvent tirer profit du conflit d'intérêt entre les différentes destinations, plus cruel que jamais, en cette année de crise. Le tableau de bord n'est donc pas du tout rose à l'échelle internationale. Qu'en est-il pour la Tunisie ?
Tableau peu reluisant On ne peut pas dissocier la crise de la période qui l'a précédée et le check-up des spécialistes diagnostiquant les maux du tourisme tunisien qui ne datent pas d'aujourd'hui. C'est le résultat de multiples saisons de vaches maigres ayant largué notre produit au creux de la vague. La Tunisie a été associée de longue date au tourisme de masse. Sur les sept millions de touristes venus passer leurs vacances chez nous, les Libyens constituent près de 25 % et ils sont venus, essentiellement, pour se faire soigner dans les établissements privés de soin. Les Algériens ont été plus d'un million 300 mille à venir en Tunisie. Ils sont enclins, dans leur majorité, à louer des habitations meublées dans les villes balnéaires. Près de 20 % de nos voisins algériens séjournent dans des hôtels. Les 800 hôtels tunisiens, offrant plus de 200.000 lits, se partagent entre eux un peu moins de cinq millions de touristes qui viennent dans leur majorité durant la période allant de mai à octobre de chaque année pour bénéficier du soleil et de la mer. On a beau crier que le tourisme ne saurait se développer sans la diversification du produit offert et l'amélioration de la qualité des prestations rendues. Mais, les résultats de la mise à niveau tardent à se concrétiser et le secteur continue à broyer son pain noir.
À armes inégales Le soleil et la mer existent chez tous nos concurrents qui offrent en plus une animation captivante, un exotisme accrocheur et des sites authentiques. Du coup, des destinations ayant découvert le tourisme, deux décennies après la Tunisie, la devancent sur la scène internationale. On ne peut éviter d'évoquer, encore une fois, l'exemple marocain. Notre concurrent de l'Ouest réussit à s'imposer sur la scène du tourisme de luxe. Les sept millions de touristes visitant le Maroc ne passent que seize millions de nuitées dans les hôtels marocains offrant 135.000 lits. Ces visiteurs du royaume chérifien dépensent près de sept milliards de dollars. Alors que les sept millions de touristes visitant la Tunisie et y passant 37 millions de nuitées, ne dépensent qu'à peine plus de deux milliards 300 millions de dollars. Ces chiffres ne nécessitent aucun commentaire tellement la différence est manifeste entre une moyenne de 65 $/ nuitée et celle de 350 $/nuitée. Pourtant, ceux qui visitent le Maroc sont conscients qu'on peut rivaliser avec eux en se mettant rigoureusement sur la piste de la diversification du produit et de la mise en valeur de l'authenticité et de l'exotique. Car, pour le moment, les tentatives en la matière sont vaines et ne peuvent pas changer le visage de notre tourisme. Ce n'est pas uniquement le Maroc qui nous prend à contre-pied, l'Egypte réussit, elle aussi, à s'imposer en tant que destination de tourisme culturel. La Turquie allie le balnéaire au culturel et à l'exotique. Sans parler des Caraïbes, des Philippines, d'Haïti, du Cuba, etc.
L'inévitable bradage des prix Un tableau de bord aussi sombre du secteur ne saurait plaire. Pourtant, on ne s'est pas étendu sur ses problèmes avec les banques, à ses milliards de dinars de crédits et sur son taux élevé de crédits accrochés. Lesquels problèmes ont eu des incidences graves sur le comportement des professionnels qui sont pressés par les banques d'honorer leurs engagements. Au fait, le bradage des prix n'est qu'une conséquence des problèmes structurels du tourisme tunisien. Les projets sont déjà surendettés et ne parviennent pas à couvrir le remboursement des crédits engagés. La situation financière ne permet donc pas d'investir davantage pour la mise à niveau car le secteur bancaire n'est pas sûr de la rentabilité de la consolidation de l'investissement initial que l'hôtelier peine à rembourser. Du coup, certains professionnels se retrouvent délaissés à leur propre sort. Ils n'ont pas de moyen de contrer le bradage des prix pour sauver les meubles et éviter de mettre les clés sous les portes. Mais l'expérience a montré que ces solutions sont aléatoires et ne peuvent éviter la faillite de ces projets. D'autres professionnels louent leurs unités, partiellement ou totalement, à des Tours Opérateurs internationaux pour des sommes dérisoires, étant à court de liquidités. Une telle situation ne saurait que faire perdurer la crise et laisser le tourisme tunisien sous le joug des tours opérateurs internationaux, faute d'une restructuration efficace.