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La route des dattes
Reportage
Publié dans Le Temps le 12 - 03 - 2007

Cette année a été l'une des plus fastes pour la région de Nefzaoua, plus gros centre de production de dattes, notamment la variété de dattes supérieure appelée ''deglet ennour'', dans le gouvernorat de Kébili, au Sud ouest de la Tunisie.
Après avoir vécu une saison exceptionnelle de dattes, sur le double plan de la production et de la commercialisation, la région de Nefzaoua vient d'être arrosée, ces derniers jours, à l'instar de l'ensemble du pays, de très fortes quantités de pluies tellement abondantes que les habitants ont échangé les congratulations pour cette précieuse manne du ciel, rarement si généreuse dans des zones arides, comme le Nefzaoua.
Justement, bien que la culture du palmier- dattier soit pratiquée dans des périmètres irrigués autour de forages artésiens et de puits de surface et que la pluie soit, même, une source d'inquiétude lorsqu'elle tombe durant la période de maturation des dattes et les abîme, ses chutes sont les bienvenues, en dehors de cette période critique, et sont très bien accueillies car elles alimentent la nappe phréatique et superficielle qui nourrit par ses considérables eaux souterraines, accumulées au cours des âges, les puits et les forages servant à l'irrigation des palmeraies qui couvrent de bout en bout cette partie du Sud tunisien.
La région de Nefzaoua a connu, en effet, ces dernières décades, une métamorphose, en profondeur qu'elle doit essentiellement, au développement considérable enregistré au niveau de la culture du palmier - dattier.

De la précarité à la prospérité
Vivant , il y a près de cinquante ans, précairement et dans l'isolement, d'une traditionnelle culture du palmier - dattier pour les besoins de la nourriture et de quelques maigres terres collectives de labours, sous la menace permanente de l'avance des sables et de la désertification, les villages et localités de la région de Nefzaoua arborent, aujourd'hui, l'aspect de gros bourgs où, à la place des anciennes huttes et des logements rudimentaires démunis de tout, qui les composaient, s'élèvent, aujourd'hui, des maisons modernes très attrayantes et des villas de style équipées de l'eau courante, de l'électricité et de toutes les commodités du confort moderne.
A la base de ce progrès continu se trouvent les mutations profondes survenues sur la culture du palmier - dattier, combinées à une émigration de longue date vers la France et autres pays européens.
Longtemps simple produit entrant dans la composition d'une maigre alimentation , les dattes sont devenues progressivement un article de commerce extrêmement rentable, s'agissant, spécialement, de la variété supérieure de deglet ennour, introduite dans la région, au début du 20ème siècle, alors qu'elle était cultivée, depuis le 17ème , dans la région du Jérid, au gouvernorat de Tozeur, autre gros centre tunisien de production de dattes.

L'argent coule à flot
Du coup, de nouvelles palmeraies et de grandes exploitations spécialisées exclusivement dans la culture de la variété des dattes de deglet ennour, ont été créées, partout, au Nefzaoua, autour de forages artésiens et de puits de surface. Cet effort gigantesque de mise en valeur a été, également, partagé par les pouvoirs publics et les particuliers. Les palmeraies sont issues de périmètres irrigués aménagés par les pouvoirs publics, après la réalisation de forages artésiens, tandis que plusieurs habitants entreprenants ont créé de grandes exploitations privées, grâce au forage de puits de surface équipés de moteurs pour pomper l'eau nécessaire à l'irrigation des palmiers.
L'argent a commencé, vite, à couler à flots, permettant l'accumulation des richesses et la formation de véritables capitaux.
D'après les informations recueillies sur place, la seule grande exploitation rapporte plus de 70 mille dinars par an, alors qu'un seul palmier dattier de la variété deglet ennour , très bien entretenu, peut rapporter jusqu'à 50 dinars par an, mais la moyenne se situe aux alentours de 20 et 25 dinars, de sorte que pour des exploitations moyennes de cinquante pieds, les revenus deviennent importants.
Un habitant nous a dit que ses exploitations comptant quelques 200 palmiers de la variété deglet ennour, lui ont rapporté, cette année, 10 mille dinars net, après déduction de tous les frais, dont le salaire d'un ''régisseur'' se montant à 200 dinars par mois.

Jemna, le plus grand marché de dattes deglet ennour
L'un des principaux foyers de production et de commercialisation de deglet ennour dans la région de Nefzaoua est la ville de Jemna, située à mi- chemin entre la ville de Kébili, siège du gouvernorat et la ville de Douz, centre régional du tourisme saharien, et connu par son célèbre festival culturel, en l'occurrence le festival international du Sahara, organisé, chaque année, fin décembre, depuis près de quarante ans.
C'est dans la ville de Jemna qu'on rencontre la plus grande concentration de nouvelles palmeraies et d'exploitations privées de culture du palmier- dattier de la variété deglet ennour. Mais, outre la grande part qu'elle prend dans la production régionale de cette variété supérieure de dattes, la ville de Jemna abrite, aussi, durant la saison des dattes, en automne, le plus grand marché régional des dattes de deglet ennour, marché animé par de grands intermédiaires opérant en liaison avec de gros négociants établis à Sfax et autres grandes villes du pays et travaillant pour la distribution et l'exportation. La commercialisation de la production est pratiquée par voie de vente de la récolte sur pied à de nombreux petits sous -intermédiaires ou sous forme de vente directe, c'est-à-dire que l'agriculteur prend en charge les opérations de cueillette, de tri, d'emballage préliminaire et de transport jusqu'aux grands intermédiaires. Cette année, le prix du kilogramme de deglet ennour branchée de qualité supérieure, à la production, a frôlé les deux dinars, soit très proche des prix à la distribution qui se sont stabilisés, à Tunis par exemple, aux alentours de trois dinars.
Au même moment, plusieurs particuliers ont construit des dépôts frigorifiques qu'ils louent aux producteurs et distributeurs pour stocker la production et se protéger ainsi, contre les aléas de la spéculation. A Jemna, il en existe plusieurs.
Une grande partie des revenus est, encore, consacrée à Jemna, à la construction de villas modernes, de sorte que la ville de Jemna parait, au visiteur, comme un grand chantier en construction. Le travail y a prospéré et elle est devenue un foyer d'émigration interne où des citoyens des autres villes de la région et des autres gouvernorats comme Sidi Bou Zid y sont venus travailler, avec leurs femmes et enfants.
Mais, cette action de développement local a été soutenue considérablement par l'émigration en France, en particulier, car les habitants de Jemna ont été parmi les premiers tunisiens à aller travailler en France, dès 1956, au lendemain de l'indépendance. Aussi, à l'image de leurs aînés, les jeunes de Jemna continuent d'être attirés par l'émigration en France, et comme les possibilités ont été très limitées, de ce côté, beaucoup parmi ces jeunes cherchent à épouser des parentes et autres jeunes filles jemniennes, nées et vivant en France avec leurs familles émigrées de longue date, et ayant acquis, de ce fait, la nationalité française, et ainsi ils peuvent réaliser leurs rêves.

L'île de l'Atlantide
Ainsi, la région de Nefzaoua est en passe de renouer, avec une splendeur qu'elle a, toujours, connue, à vrai dire, malgré certaines périodes de recul.
En effet, cette partie du Sud tunisien a été, de tout temps, un centre de civilisation. Des savants allemands de renom ont publié, au début du 20ème siècle, des travaux scientifiques très sérieux, soutenant que la célèbre île de l'Atlantide de l'antiquité, signalée pour avoir été le foyer d'une très brillante civilisation et d'une grande nation conquérante, se trouverait près de la ville de Douz, et plus précisément, à l'emplacement de la localité appelée actuellement Zâafrane.
Mais, ce qui est sûr est que la région de Nefzaoua était très connue par les chroniqueurs et les géographes grecs et latins de l'Antiquité qui y placent le fameux lac trionis ou le fleuve tritonis identifié par les chercheurs modernes, comme étant l'actuel Chott el Jérid.
C'était là, d'après quelques uns de ces chroniqueurs de l'Antiquité, que sont nés et apparus, pour la première fois, plusieurs dieux adorés, durant l'Antiquité, bien avant l'actuelle espèce humaine.
Les concepteurs de guides pour touristes sur le Sud tunisien devraient faire plus d'imagination et exploiter, davantage, ces aspects hautement attractifs pour promouvoir le tourisme saharien, dans cette région.


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