Les plages visitées sont celles de Sidi Bou Said, de Gammarth et du Kram, alors que la technique adoptée est le rechargement de ces plages par du sable marin extrait d'une réserve en mer au large de Kalâat Al Andalous, un peu plus au nord, puis transporté par camions jusqu'aux lieux concernés pour y être déchargé, sous la supervision du groupe des ingénieurs de l'APAL en charge de l'opération. En effet, l'opération couvre plusieurs autres plages tunisiennes, également très affectées par l'érosion marine, soit les plages de la Goulette, de Hammam- Lif, Ezzahara et des îles Kerkennah. Mais plusieurs autres bandes de la côte tunisienne, dont des plages publiques ou relevant d'établissements hôteliers sont affectées par l'érosion marine, à Nabeul, Sousse, Sfax, Djerba.
100 kilomètres de côte menacés Beaucoup d'hôteliers concernés ont réalisé des projets réussis qui leur ont permis de sauver leurs établissements sérieusement menacés. A Nabeul, les eaux de la mer ont envahi, dans certains cas, le corps des bâtiments des hôtels. Mais, selon des responsables de l'APAL, ces premières actions menées par les pouvoirs publics tendent à offrir à l'ensemble des citoyens tunisiens le moyen de profiter des plaisirs de la mer, dans de bonnes conditions, puisqu'elles ciblent plus particulièrement les plages publiques. A en juger par l'ancien état des plages visitées et leur situation après leur rechargement, les résultats semblent satisfaisants et aller dans ce sens, car, les besoins et la demande en plaisirs de la mer augmentent considérablement, notamment dans le Grand Tunis, au moment où la bande côtière des plages se rétrécit au fil des ans, à cause de l'érosion marine, et de l'avance de la mer, qui ont nécessité la pose de blocs de pierre aux alentours des plages pour les protéger, et les sauvegarder, mais ceci a réduit leur étendue. La plage de Sidi Bou Said a pu ainsi être recréée, grâce à cette opération pilote de rechargement et elle a été ouverte au public des baigneurs. L'opération entamée le 25 mai, doit durer 45 jours. La réserve de sable marin située au large de Kalâat Al Andalous, d'où est extrait le sable utilisé possède une capacité estimée à 30 millions de mètres cubes, tandis que les besoins pour ces interventions pilotes s'élèvent à 5 millions de mètres cubes, mais les services de l'APAL font le suivi des interventions et procèdent à de nouvelles actions si c'est nécessaire. Ce suivi permet, en outre, de mesurer l'efficacité de la technique. A cet égard, les ingénieurs tunisiens de l'APAL qui supervisent le projet nous ont dit que la Tunisie maîtrise, aujourd'hui, la technique de réhabilitation des plages affectées et menacées par l'érosion marine, mais le projet dans son ensemble exige un financement élevé, atteignant plus de 140 millions dinars. Près de 100 kilomètres de côte tunisienne sont menacés dont 40 nécessitant des interventions urgentes, comme les plages de la banlieue nord et sud de Tunis. Aussi, les responsables espèrent que ces actions pilotes de réhabilitation et de rechargement des plages serviront à illustrer la volonté de la Tunisie et ses capacités opérationnelles, dans ce domaine, auprès de bailleurs de fonds, notamment les Saoudiens, pour les encourager à accepter d'assurer le financement de tout le programme et redonner vie à la côte tunisienne, longtemps préservée, mais très vite exposée, après l'indépendance, notamment, à une exploitation excessive à tous les plans économique, touristique et urbaine. Cette exploitation a nui à l'écosystème dans son ensemble, ce qui a déterminé le gouvernement à arrêter une politique et une stratégie nationales pour la protection du littoral tunisien, sous tous les aspects. La création de l'APAL s'inscrit, d'ailleurs, dans le cadre de cette politique de sauvegarde du littoral tunisien. SALAH BEN HAMADI ----------------------------------- Vol de sable ? La plage de Gammarth bénéficiant de cette intervention de rechargement s'étend sur près de trois kilomètres et se situe dans le prolongement de celle de la Marsa. L'intervention consiste, ici aussi, en une véritable action de recréation, car l'ancienne plage a été envahie par la mer. A cet égard, les responsables de l'APAL ont insisté sur la bonne qualité des eaux de baignade dans cette plage, et dans les autres plages visitées, comme en témoignent la limpidité de ces eaux et leur couleur bleue. Le rechargement de la plage de Gammarth se poursuit sans relâche, pratiquement jour et nuit, car l'accès à la plage est un peu compliqué, étant situé au-dessous d'une artère très fréquentée et longée de restaurants et de quelques hôtels. Le sable est directement déchargé dans la plage et ne peut de ce fait être matériellement détourné ou volé, quand bien même quelques uns le voudraient. Il s'agit, du reste, de sable marin et non de sable de carrière et il ne peut pas par conséquent servir à la construction. Cependant, si les plages de la banlieue nord de Tunis signalées sont menacées, principalement, par l'érosion marine, certaines autres, comme celle de Raoued, dans le prolongement de celle de Gamamarth, sont restées un peu à l'abri. Des équipements de pompage appropriés ont été installés dans la mer de Raoued pour pomper, au besoin, les eaux pluviales retenues dans la sebkha de l'Ariana, proche de quelques kilomètres et ils répondent aux spécificités hydrologiques particulières de cette étendue d'eau, de sorte que ce pompage soit réglé en fonction de la situation de la sebkha.