En Tunisie, l'importance du rôle des secteurs du bâtiment et de la construction dans la croissance économique est indiquée par les chiffres suivants : « Ils représentent 04,1 % du capital global fixe, 07 % du PIB . En 2006, ils ont généré 6200 emplois, ce qui représente 08 % de l'offre globale en la matière, occupant de la sorte une position constante de choix dans l'économie du pays », précise M. Adel HENTATI , représentant du ministère de l'Environnement et du Développement Durable. Par contre, selon la même source, ces deux secteurs présentent l'inconvénient majeur d'être énergivores et d'avoir des impacts environnementaux sévères illustrés par les chiffres suivants.
-27 % de la consommation totale d'énergie et production de 12 % des déchets. En Europe : 42 % de la consommation totale d'énergie -50% de la consommation de ressources naturelles dont 16 % d'eau -40 % de la production de déchets -30 % des émissions de co2 Sans compter, bien entendu, la contribution des bâtiments à divers problèmes comme l'effet de serre et l'acidification.
Cela se traduit naturellement par des coûts substantiels en matière de dégradation de l'environnement auxquels s'ajoute l'augmentation considérable de l'indice des prix pour la construction des bâtiments lequel passe de 15 à 47 % , selon les éléments, par rapport à 2000.
Sur le plan de la santé, l'inadaptation entre la climatisation/ chauffage et les matériaux de construction utilisés est à l'origine de pathologies liées à la qualité de l'air ambiant à l'intérieur des bâtiments qui sont de plus en plus fréquentes : à titre d'exemple, en France, on constate 4 fois plus de cas d'asthme et 7 fois plus de cas d'allergies, ce qui revient en termes de coûts à des dépenses situées entre 02 et 07 milliards d'Euros par an. Sans oublier bien sûr la décroissance de la vie des bâtiments ni l'inadaptation vis-à-vis des aléas de l'environnement naturel.
En Tunisie, faut-il le préciser, pour un salaire moyen et un pouvoir d'achat nettement inférieurs à ceux des Européens, nous ne sommes pas loin des coûts européens pour le même standing.
Démarches pour un bâtiment durable Tous ces problèmes qui tendent à s'universaliser, ont contribué à l'émergence très récente, dans le secteur des BTP, du concept de développement durable « Qui se traduit par la volonté d'intégrer la préoccupation environnementale dans la démarche qualité, désormais familière aux différents acteurs de la construction », précise le professeur Youssef DIAB. En d'autres termes, les secteurs du bâtiment et de la construction doivent tenir compte des exigences de durabilité telles que définies par les démarches internationales. Aux Etats-Unis, la démarche est appelée « leadership en matière de conception énergétique et environnementale », en France, il s'agit de la démarche haute qualité environnementale ( HQE). Ces démarches focalisent sur des critères qui touchent tous les aspects du bâtiment et vont dans le sens de la durabilité concernant les matériaux de construction, le site, l'architecture ,la volumétrie, l'utilisation de l'eau, les techniques énergétiques nouvelles et les énergies renouvelables comme l'énergie solaire, en abondance dans notre pays.
Selon M. Hentati, les bénéfices, très encourageants, réalisés par le bâtiment vert par rapport au bâtiment classique se présentent, en Europe comme suit : - Gains cumulés 10 fois supérieurs - Bénéfice net estimé à 21 euros par m2 - Bénéfices sur les dépenses de fonctionnement estimés à 5 Euros - Création d'emplois nouveaux : 172000, en Allemagne et 50000 en Ile de France grâce à l'application de la démarche HQE
En Tunisie, on enregistre un important saut qualitatif en matière de développement durable grâce à l'implication de toutes les parties concernées, c'est-à-dire, le ministère de l'Environnement et du Développement Durable, des municipalités, des acteurs de la société civile, des architectes, des ingénieurs du béton et des fabricants de matériaux de construction. A ce propos, les cimenteries en Tunisie, viennent, il y a deux semaines, de signer un pacte de développement durable, s'engageant à faire des investissements en matière de qualité du ciment dans le sens d'une meilleure adaptation de ce matériau à la construction tunisienne.
Le recyclage des déchets provenant de la démolition des anciens bâtiments est un autre moyen pour alléger la facture de la construction. En effet, les matériaux récupérés sont recyclés avec leur échafaudage complet. D'ailleurs, la récupération et la réutilisation sont désormais les mots d'ordre des systèmes français et américain dans le cadre du concept de bâtiment vert.
De belles perspectives en vue Après la période de récession, le secteur des BTP est à l'orée d'une période faste , la Tunisie et les pays maghrébins voisins, en l'occurrence, l'Algérie et la Libye, s'étant engagés dans des projets foisonnants d'infrastructure de base, d'infrastructure touristique, de construction de logements etc... La présentation, au salon Médibat, de ces projets véhicule un message clair à l'adresse des tous les intervenants pour qu'ils prennent les devants et se préparent convenablement à la nouvelle ère des mégaprojets.
Au cours du Médibat 2007, un forum intitulé « la Tunisie de demain » a été consacré aux projets tunisiens, à savoir ,l'aéroport et le port en eau profonde d'Enfidha, les centrales thermiques de Ghannouch et d'El Haouaria, la raffinerie de Skhira, les projets du Lac Nord et du Lac Sud ainsi que Taparura, projet dit du siècle. Au cours de la « Journée de Libye » dédiée à la promotion du partenariat entre les opérateurs des deux pays dans le domaine des BTP, les projets libyens ont fait l'objet d'un exposé détaillé dont voici un résumé :
- Les projets prévus en Libye s'étalent sur une superficie de 66000 ha qui est appelée à atteindre 145000 ha avec des coûts prévisionnels de 1400 dinars, l'hectare. Le coût total de réalisation est de 5,8 milliards de dinars libyens, y compris l'enveloppe de 3 milliards de dinars pour la réalisation des projets au niveau des gouvernorats.
- Les projets de construction de logement : 45000 au niveau des gouvernorats auxquels s'ajoutent 150000 logements dont environ 100000 vont faire l'objet d'appels d'offres : une opportunité pour les entreprises du BTP des deux pays.
Mais attention ! la concurrence sera rude. Le partenariat avec les entreprises libyennes serait le meilleur moyen pour contrer les entreprises étrangères , surtout les chinoises et les malaisiennes, et les latino et les nord -américaines qui convoitent ce marché foisonnant. Taieb LAJILI
*** Témoignages recueillies au cours du Salon MEDIBAT Mouannes Mhamed Abdallah FALLAH (Libye): Le processus de partenariat vient d'être mis sur les rails. Les rapports de partenariat sont indispensables pour qu'un exportateur tunisien puisse s'installer sur le marché libyen et pour que les opérateurs des deux pays aient l'envergure nécessaire pour face à l'âpre concurrence avec les sociétés chinoises, malaisiennes et autres. Grâce aux différents contacts, j'ai conclu des accords dans le domaine du mobilier et de l'énergie solaire avec des partenaires tunisiens.
Salah BCHICH ( Libye) Mon domaine d'activité , c'est les carrières et le marbre. Les opportunités de partenariat sont bien réelles : des contacts fructueux ont été établis avec des importateurs tunisiens. Il y a également des possibilités d'investissement commun avec des partenaires tunisiens dont le monsieur présent ici, au stand. Par ailleurs les impressions générales de mes compatriotes sur le salon sont élogieuses car il ouvre de larges perspectives au partenariat libyo-tunisien dans le secteur des BTP.
Moncef MAHFOUDHI ( Tunisie) Le salon est très bien organisé. Pour la société immobilière dont je suis le directeur commercial,chaque participation à Médibat est couronnée par la conclusion d'affaires intéressantes. Cette année, nous avons eu des contacts très sérieux avec un frère libyen avec qui nous allons monter une affaire intéressante pour les deux parties. Le partenariat avec les frères Libyens est promis à un avenir radieux.