Le Temps-Agences - Le président russe Dmitri Medvedev a annoncé hier à Amsterdam que la Russie était prête à réduire de manière significative son arsenal nucléaire, avant d'atténuer ses propos et de souligner que Washington devait d'abord revoir son projet de bouclier antimissile en Europe. Ces déclarations interviennent alors que Russes et Américains sont engagés dans une course contre la montre pour signer un nouvel accord de désarmement nucléaire avant l'expiration en décembre du traité START I de 1991, qui a conduit à amputer d'un tiers les arsenaux nucléaires russe et américain. "Nous sommes prêts à réduire le nombre de nos armes de défense stratégiques bien au-delà de ce que prévoit START I", a déclaré M. Medvedev au cours d'une conférence de presse. "Nous voulons une réduction vérifiable et réelle de ces armes", a-t-il ajouté. Mais peu après, le Kremlin a publié sur son site Internet une nouvelle déclaration de M. Medvedev qui souligne que de telles réductions ne seront envisageables que si Washington revoit ses plans de déployer en Pologne et en République tchèque les éléments de son bouclier antimissile. "Nous ne pouvons pas être d'accord avec les plans américains de création d'un bouclier antimissile mondial et nous souhaitons souligner que les réductions proposées ne seront possibles que si les Etats-Unis lèvent nos inquiétudes" à ce sujet, indique "la déclaration du président de Russie". Des hauts responsables russes avaient déjà exprimé cette position, la Russie jugeant que ce bouclier est dirigé contre elle et non contre des Etats qualifiés de "voyous" par Washington. Dmitri Medvedev a par ailleurs souligné, dans sa déclaration, que la seule limitation du nombre d'ogives n'était pas suffisante et qu'il devait aussi être question des vecteurs stratégiques. Il s'inquiète notamment du fait que les Américains puissent remplacer les têtes nucléaires de leurs missiles stratégiques par des charges conventionnelles. "La perspective de missiles stratégiques équipés de charges non-nucléaires suscite une forte inquiétude. De tels armements pourraient porter atteinte à l'équilibre stratégique", a prévenu M. Medvedev, tout en jugeant que les négociations avec les Etats-Unis avaient pris "un bon départ". Plus tôt, dans sa conférence de presse à Amsterdam, il avait estimé qu'avec un nouveau traité de désarmement nucléaire, le nombre de têtes nucléaires opérationnelles déployées devrait être "inférieur" à l'accord SORT de 2002 qui en prévoit de 1.700 à 2.200 en 2012. Le président russe a ajouté qu'il attendait "avec beaucoup d'optimisme" le sommet américano-russe de juillet à Moscou, espérant qu'il renforcera des liens qui "se sont un peu érodés au cours des dernières années". Le troisième round de pourparlers sur le désarmement nucléaire se tiendra mardi et mercredi à Genève, un premier bilan de ces discussions devant être présenté début juillet lors de la venue du président Barack Obama à Moscou, selon la diplomatie russe. M. Medvedev, qui effectue une visite de deux jours aux Pays-Bas, avait inauguré vendredi avec la reine Beatrix le nouveau bâtiment de l'Ermitage à Amsterdam, extension du musée du même nom à Saint-Pétersbourg, et devait rencontrer hier les dirigeants des principales entreprises néerlandaises.