Le Temps : Pour comencer, dîtes-nous ce qui a motivé votre choix pour le Club Africain ? Pierre Lechantre : cela fait presque un an que je suis sans club, parce que je m'étais permis le luxe de refuser des offres des plus intéressantes. En fait, je revenais d'une expérience au Maroc qui ne fut pas tellement enthousiasmante. Je voulais surtout retrouver une équipe compétitive où je puisse, outre amener mes compétences, me faire plaisir. Quand j'ai eu cette opportunité avec le Club Africain que je connaissais, je n'ai pas hésité un seul instant.
Quelles sont vos premières impressions après quelques jours au parc A ? On se méfie des premières impressions parce qu'en général tout est beau. Pour l'instant, les conditions de travail sont parfaites. Le groupe est intéressant mais j'aurai une meilleure idée d'ici une quinzaine de jours après le stage de Aïn-Draham parce qu'on aura la possibilité de travailler beaucoup plus. En outre, les internationaux vont revenir. On en reparlera dans trois semaines, quand j'aurai fait le bilan des forces en présence.
Votre CV est remarquable, mais à la lecture de votre carte de visite, on a l'impression que vous êtes plutôt un sélectionneur qu'un entraîneur de clubs. Qu'en dîtes-vous ? Un entraîneur aime travailler sur la durée et on ne m'a pas tellement donné la possibilité de le faire. Les clubs que j'ai entraînés, je les ai pris en main en milieu de saison, soit au Qatar ou ailleurs. J'aime bien former un groupe. Avec une équipe nationale, c'est beaucoup plus simple : vous cherchez les joueurs que vous voulez et vous construisez votre groupe à votre image. Je n'ai pas eu ce plaisir avec les clubs et je souhaite l'avoir en Tunisie avec le Club Africain.
Ben Chikha, votre prédécesseur, vous a laissé un lourd héritage ? Je voudrais d'abord saluer son travail. C'est vrai, il me laisse entre les mains un beau legs et l'objectif sera bien ambitieux à partir du moment où une deuxième place ne satisfait personne...Ce qui serait bien, outre le championnat national, c'est de faire carrière en champion's league parce que cela prouverait que le Club Africain aura acquis une dimension internationale.
Pour ce faire, il vous faut une attaque de feu. Ce qui n'est pas le cas du Club Africain. Qu'en pensez-vous ? J'en parlais il y a quelques minutes avec mon adjoint Nabil Kouki et je lui disais que le ratio au niveau des buts marqués était insuffisant depuis deux ans. La moyenne est de 1,2 but par match. C'est très peu pour un club de l'envergure du Club Africain. Il faut pour remédier à cette lacune un " tueur " de surface. Un joueur qui met le ballon dans les filets. Je sais qu'il y a deux à trois attaquants en place. On essayera de les faire progresser en espérant de voir arriver quelqu'un d'autre. Ceci n'est pas dans mes prérogatives mais plutôt celles des dirigeants.
Que connaissez-vous du championnat tunisien ? J'ai encore quelques lacunes à ce niveau. Je connais plus ou moins bien quatre à cinq club tunisiens ? Je sais toutefois qu'au niveau du Maghreb, le championnat tunisien est le meilleur et c'est incontestable, même si cela ne va pas faire plaisir aux autres... La raison est toute simple : il y a énormément de joueurs qui jouent en Tunisie et qui sont en équipe nationale. Ce qui n'est pas le cas ailleurs et c'est ce qui permet d'avoir un niveau de jeu plutôt relevé. En outre, l'organisation de la FTF est d'un bon niveau. Je sais qu'ici, on aborde le football dans le sens professionnel du terme et c'est ce qui rend le travail intéressant.
On aborde le chapitre de l'équipe nationale qui vient de disputer un match important face au Nigéria sanctionné par un nul. Qu'en pensez-vous ? Je ne peux rien vous dire. Il faudrait attendre le match retour en septembre pour savoir si le compte de Coelho était un bon calcul ou pas. On dira qu'il a vu juste, s'il arrive a ramener un résultat positif d'Abuja.
Et sur le plan du jeu qu'avez-vous à dire ? Coelho a eu des soucis sur le plan offensif. Il a fait pour le mieux avec les joueurs qu'il avait à sa disposition. La Tunisie était bien positionnée sur le terrain et bien organisée et ce n'est guère une surprise pour moi qui connait bien le Portugais. J'ai bien apprécié le numéro six Ragued qui fut l'auteur d'un excellent match. Darragi a également fait étalage d'un savoir faire indéniable. Il a démontré de grosses qualités et je sais que ça sera un client à surveiller dans nos futures confrontations.
Avez-vous eu le temps de lire la presse tunisienne ? Pas vraiment. Je me contente d'aller sur Internet et regarder ce qui se passe à droite et à gauche. En fait je ne le fais pas car quand la presse est euphorique parce que les résultats vont bien, cela pourrait me donner la grosse tête et quand elle est très critique, cela risque de me donner un coup au moral...
Pour conclure, dites-nous comment ça se passe sur un plan personnel ? Je ne me sens guère dépaysé. La Tunisie est de tout temps un pays hospitalier. Je suis un habitué de l'île de Djerba. Mon épouse y est revenue la semaine dernière. En deux mots, je connais bien la Tunisie, je suis bien installé et tout se passe bien. Propos recueillis par Mourad AYARI