Le Temps-Agences - Le dirigeant palestinien Mahmoud Abbas a exclu hier, après avoir présidé la 1e réunion de la nouvelle direction de son parti, une reprise des négociations avec Israël sans un arrêt de la colonisation, et souligné le droit de son peuple à la "légitime défense". "Toute négociation doit être basée sur le respect par les parties, surtout Israël, des engagements pris dans le cadre de la Feuille de route (..) et en premier lieu l'arrêt de la colonisation, sous toutes ses formes et sans exception, à Al Qods et dans le reste des territoires occupés", a déclaré M. Abbas à l'issue d'une réunion du nouveau Comité central du Fatah, la principale instance dirigeante du mouvement. "Notre peuple est attaché à l'option de la paix mais se réserve le droit de recourir à la résistance légitime, garantie par le droit international, contre l'occupation et la colonisation et pour atteindre ses objectifs qui sont la liberté, l'indépendance et la création de son Etat", a-t-il ajouté. Il a aussi salué les "efforts du président (américain) Barack Obama et son insistance sur la nécessité de la création d'un Etat palestinien et l'arrêt total de la colonisation". Le gel de la colonisation réclamé par M. Obama, et rejeté par le gouvernement israélien de droite dirigé par Benjamin Netanyahu, a provoqué de sérieuses tensions entre les Etats-Unis et Israël. M. Abbas a en outre affirmé que le Fatah refusait un "Etat aux frontières temporaires", une solution souvent évoquée pour surmonter la difficulté de parvenir à un accord définitif. Il a par ailleurs affirmé que le Congrès du Fatah, qui a injecté du sang neuf dans sa direction pour la première fois en vingt ans, a été "un grand succès". Le Congrès, qui s'est ouvert le 4 août à Beït Lahm, en Cisjordanie, doit officiellement s'achever après l'annonce des résultats de l'élection d'une autre instance du Fatah, le Conseil révolutionnaire, attendue aujourd'hui. "Ce Congrès marque le début d'un processus de réforme et de renouvellement au sein du Fatah", a dit M. Abbas, qui a été plébiscité à la tête du mouvement fondé par le leader historique Yasser Arafat à la fin des années 1950. Le Fatah monopolisait le pouvoir au sein de l'Autorité palestinienne avant d'être battu aux législatives en 2006 par le mouvement islamiste Hamas qui l'a ensuite délogé par la force de la bande de Gaza en 2007. Son pouvoir se limite depuis à la Cisjordanie occupée par Israël. Le parti était en outre miné par des luttes de clans et un manque de discipline qui ont accéléré son déclin depuis la mort d'Arafat en 2004. M. Abbas s'en est pris dans ses déclarations au Hamas pour avoir empêché des centaines de délégués du Fatah à Gaza d'assister au Congrès, dénonçant "la répression pratiquée par les putschistes". Les élections du Fatah ont permis une entrée en force à sa direction de cadres de la nouvelle génération au profit de caciques, avec l'élection notamment de Marwan Barghouthi, figure de proue du mouvement emprisonné à vie en Israël et d'hommes à poigne issus des services de sécurité comme Mohammad Dahlane et Jibril Rajoub. Un ténor du Fatah, l'ancien Premier ministre et ancien négociateur Ahmad Qoreï, qui a perdu son siège, a dénoncé des "manipulations" ayant selon lui entaché le scrutin, dans une interview au quotidien Al-Quds Al-Arabi publié à Londres. M. Abbas a minimisé ces propos, excluant toute "scission" au sein du parti.