Après la ruée sur les grandes surfaces, la frénésie des jours qui ont précédé le mois de Ramadan, on remarque un certain retour à la normale pour ne pas dire un ralentissement relatif de la demande, phénomène inhérent aux fins de mois et dont l'explication serait à trouver aussi du côté de la canicule dissuasive de ces derniers jours. Les fruits et légumes enregistrent en ce début de Mois Saint, une hausse attendue sans être excessive, vu l'abondance de ces denrées sur le marché. A titre d'exemple, 500 tonnes, soit 240 tonnes de fruits et 260 tonnes de légumes ont transité, mardi par le marché de gros de Sfax , ce qui couvrirait largement les besoins de la région, y compris 50 tonnes de pommes de terre importées, sachant que le quota régional de cette denrée est estimé à 1400 tonnes sur les 10000 tonnes importées à l'échelle nationale. Un prix unique de 750 millimes le kilo est fixé aussi bien pour la patate locale que pour la patate importée.
Absence des viandes importées Quoique l'importation ait concerné des quantités de viandes rouges et blanches, distribuées dans les différentes régions du pays, ces denrées sont introuvables sur les étals des bouchers de la ville. Renseignements pris, ce sont les bouchers eux-mêmes qui ont délibérément décliné le quota réservé à la région sous prétexte que ces viandes ne sont pas demandées par les consommateurs locaux. Derrière ce refus intentionnel, se dissimulerait le dessein inavoué d'augmenter les prix à leur guise comme révélé, d'ailleurs, par les tarifs allant parfois jusqu'à 14 ou parfois même selon certains consommateurs, jusqu'à 15 dinars le kg de viande ovine. A ce propos, il faut reconnaître que toute la bonne volonté des services de contrôle des prix ne peut que s'avérer insuffisante pour deux raisons principales : la passivité du consommateur et surtout le manque de personnel, surtout pour une ville tentaculaire aussi étendue que Sfax, d'autant plus que l'intervention des agents du contrôle des prix est sollicitée dans les différentes délégations, touchées malheureusement par le virus des infractions aux règlements.
Poissons : prix aux antipodes Il est de notoriété publique que les marchés aux poissons à Sfax, et particulièrement celui de Bab Jébli, constituent une destination quasi quotidienne et incontournable des consommateurs, pour la plupart de la gent masculine. Au marché de Bab Jébli, l'animation est continue durant toute la matinée. C'est un endroit couvert, assez bien aéré, où l'on se sent protégé des coups de soleil et où l'on trouve un plaisir à déambuler, à la recherche d'une bonne occasion pour acheter sa sacro-sainte ration. Or les variétés, dites " beldi ", prisées par l'ensemble des consommateurs sont proposés à des prix inabordables. D'ailleurs, pas uniquement pour les bourses moyennes car cette catégorie a fini, à son corps défendant, par se rendre à l'évidence : ces espèces, c'est pour les autres, les nantis. On se contente alors de jeter un coup d'œil furtif sur les écriteaux. Ahurissant : jusqu'à 30 d le mérou beldi blanc, 20 d le mérou beldi, 15 d la daurade, 18 d le loup, 12 d le poulpe, 20 d les anguilles, 20 d le mulet, 25 d la crevette et ce n'est qu'un avant-goût, en attendant le versement des traitements, des salaires et des pensions pour les retraités. Alors, on se rabat sur les espèces moins appréciées proposées à des prix relativement à la portée, c'est-à-dire, oscillant entre 2 et 6 dinars. Cela fait dire à l'inspecteur des marchés aux poissons en détail, Béchir Bouchaâla : " Jamais auparavant, et lors du mois de ramadan, nous n'avons enregistré un pareil tassement des prix. Le sparès est proposé à 4 d et le muge décongelé à 5 ou 6 d. C'est du jamais vu ! ". En effet, outre les quantités de poissons locaux tels les spares, le muge ( oumila), le loup d'élevage décongelé, des quantités de mulet et de seiche importées sont injectées quotidiennement au marché de Bab Jébli, respectivement à hauteur de 500 kg et de 100 kg sur un total quotidien de 3 tonnes. En fin de compte, si l'on se résout à faire une croix sur les espèces prisées et à mettre en sourdine ses envies, il y a toujours une large gamme de choix. Mais comment en convaincre des gens habitués depuis des générations à se servir d'espèces, qu'on pourrait qualifier de " nobles ", de se contenter de " sous variétés " ?
Contrôle des prix : Rien que durant les 3 premiers jours du mois, le nombre de procès-verbaux dressés a atteint les 70. A ce rythme, le bilan s'annonce d'ores et déjà prometteur si l'on tient compte du fait que durant la première journée, les agents de contrôle s'abstiennent de verbaliser et se contentent de mises en garde et d'actions de sensibilisation. Le fait saillant dans les opérations menées est sans doute la saisie et la destruction de quantités variables de denrées alimentaires impropres à la consommation dont notamment 1,5 tonnes de poissons. Il est vrai que des brigades sont affectées quotidiennement aux marchés aux poissons, de détail ou de gros.