En cette année 1950,les militants redoublaient d'effort, persévérant à affronter les forces coloniales et à dénoncer les injustices les exactions et les sévices auxquelles s'exposaient sans cesse les autochtones partout dans le pays. Les congrès qui se multipliaient étaient pour les militants des occasions d'exprimer leurs idées et faire part de leurs revendications à l'égard des autorités coloniales. Ainsi le premier congrès de l'Union de l'industrie et du commerce, a tenu son premier congrès en avril 1950 et une grève fut décidée à l'unanimité. Le congrès de l'Union générale des agriculteurs tunisiens s'était tenue le 14 mai de la même année. Les secteurs commercial, industriel et agricole soutenaient inconditionnellement les militants du Néo-Destour. Ces derniers appelaient sans cesse les autorités coloniales à se rendre à l'évidence que la Tunisie devait recouvrer sa liberté et sa souveraineté. Aussi les autorités coloniales avaient-elles fini par répondre positivement à cet appel en décidant d'entamer des négociations Tuniso-françaises pour discuter les modalités suivant lesquelles la Tunisie accédera à l'autonomie interne, laquelle sera une étape transitoire vers l'indépendance totale. Elles demandèrent au Bey, de constituer un gouvernement qui représentera la Tunisie dans ces négociations. Mohamed Lamine Bey, invita Mohamed Chénik à former ledit gouvernement et il ne l'avait pas fait par pur hasard l'homme qu'il choisit étant un militant qui avait fait déjà ses preuves lorsqu'il fut le Premier ministre du souverain martyr, Moncef Bey, destitué pour son esprit nationaliste et son amour pour la patrie. M'hamed Chenik l'avait soutenu jusqu'au bout. Aussi avait-il acquiescé à la demande du Bey et fit appel, sans hésiter aux militants du Néo-Destour qui furent chargés d'importants portefeuilles. Salah Ben Youssef,alors secrétaire général du Néo Destour et avocat au barreau de Tunis, fut chargé de la Justice. Juriste de formation, il fit ses études de droit à Paris et fut un brillant défenseur de la veuve et de l'orphelin, à côté de son action militante qu'il commença très tôt au sein du Destour puis au Néo-Destour aux côtés de Bourguiba, et de plusieurs autres militants. Ces derniers étaient émerveillés par son dynamisme son courage, son dévouement et son patriotisme. Il était prénommé le grand combattant(Al Moujahid Al Kabir) à côté de Bourguiba prénommé le combattant suprême. Mahmoud Materi, médecin de son état, était également un militant de la première heure. Membre actif au sein du Destour, puis du Néo-Destour, il connut les affres de la prison et de l'exil. Il fut chargé du portefeuille de la Santé, au sein de ce nouveau gouvernement. Mohamed Badra, chargé des Affaires étrangères, était également un militant au sein du Néo-Destour. Il accompagna notamment Ben Youssef aux Etats)Unis afin de déposer une requête auprès de l'ONU, tendant à dénoncer les exactions de l'occupant et à faire recouvrer au pays son indépendance totale. Le choix des membres de ce nouveau gouvernement était donc judicieux et bien approprié. Formé officiellement le 17 août 1950, le nouveau gouvernement tint sa première réunion avec le Bey, en septembre 1950 afin d'arrêter un plan de travail et de discuter des modalités des négociations en question. Cependant, les pourparlers avançaient très difficilement, les autorités coloniales remettant à chaque fois, aux calendes grecques , le rendez-vous de ces négociations. Hélas l'année 1952 marqua un revirement des occupants qui durcirent à nouveau leur attitude. Les militants redoublèrent d'effort le nouveau gouvernement ne faisant que les soutenir et appuyer leurs revendications. Les autorités coloniales répondirent à cette fervente action militante par la force en dépêchant notamment, un nouveau Résident Général Jean De Hautecloque, un colonialiste invétéré qui mena une répression sans merci à l'encontre des militants. Nommé en janvier 1952, il procéda à l'arrestation des membres du gouvernement en place en les exilant au sud du pays, au mois de mars de la même année 1952. Ils furent remplacés par un nouveau gouvernement sur mesure qui ne fit qu'approuver l'attitude d'un Résident Général, résolu à semer la terreur parmi les militants. Il cautionna l'action d'une organisation terroriste, qui perpétra de nombreuses tueries dans le pays et fut à la base de l'assassinat du militant syndicaliste Farhat Hached, en décembre 1952.