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Dualité qui s'effrite
Citoyenneté : Enseignant et en même temps éducateur
Publié dans Le Temps le 04 - 10 - 2009

On parle souvent de " famille éducative " et d'"éducateurs " en désignant les enseignants ; bien d'instituteurs et autres professeurs tiennent même plus à leur qualité d'éducateurs qu'à leur titre d'enseignants. Mais à dire vrai, le cumul des deux charges (enseignement et éducation) pose toujours problème et la question est d'autant plus épineuse que le temps imparti aux cours (tous niveaux d'études confondus) est de nos jours à peine suffisant pour appliquer les programmes.
Ceux-ci tendent à la surcharge alors que le temps imparti annuellement aux études se réduit quasi régulièrement à cause entre autres des nombreux congés dont bénéficient élèves et enseignants. Mais ne faut-il pas d'abord se demander si le statut d'enseignant habilite à lui seul aux responsabilités éducatives. Autrement dit, suffit-il d'être maître d'école ou professeur du secondaire ou du Supérieur pour enseigner et éduquer en même temps.
Le lien entre ces deux charges est-il à ce point systématique que tout enseignant se double d'un éducateur-né ? Par ailleurs, que faut-il entendre en 2010, c'est à dire à l'ère des multimédias et du facebook, par éducation et éducateur ? Qui éduque qui aujourd'hui ? Quel profil a-t-on désormais de l'enfant ou du jeune élève " bien éduqué " ? En dehors de la classe, c'est-à-dire depuis la cour de l'école et du lycée jusqu'à la maison, l'opération éducative suit-elle un processus cohérent à travers des complémentaires ? Les représentations qu'on se fait de l'éducation au sein des établissements scolaires et universitaires sont-elles homogènes ? Y a-t-il consensus à l'école ou ailleurs autour d'un modèle éducatif quelconque ? Dans leur rôle éducatif, nos écoles ne sont-elles pas de plus en plus suppléées par des structures diverses qui ne se représentent pas forcément de la même manière les tâches éducatives et les résultats auxquels celles-ci doivent aboutir ? Faut-il créer une nouvelle filière pour former et qualifier de vrais éducateurs ? En tout cas et dans l'état actuel des choses, les prérogatives de l'enseignant ne lui permettent que très sporadiquement sinon jamais d'intervenir en tant qu'éducateur. Les jeunes dont il a la charge n'attendent d'ailleurs pas qu'il le fasse et l'administration souhaite de son côté qu'il s'en tienne au strict minimum.
Confiance et écoute
L'autre jour, en discutant avec un directeur de collège, ce dernier en vint à se plaindre de l'un de ses professeurs qui, selon lui, délaissait souvent son cours et bavardait un peu trop avec les élèves. Il s'agissait d'un professeur d'arabe très apprécié de ses inspecteurs, de ses collègues et de ses élèves. Contacté plus tard, cet enseignant nous confia qu'il parlait effectivement de tout avec ses jeunes disciples, que beaucoup d'entre eux le sollicitaient pour des conseils autres que pédagogiques, qu'il lui arrivait de convoquer des parents ou de les rencontrer en ville pour leur exposer les cas de leurs enfants respectifs et pour les aider à y faire face de la manière la moins violente et la plus efficace. Ce professeur profite des petites pauses entre les séances et des débats que suscitent certains textes étudiés pour engager la discussion sur des questions d'actualité qui touchent directement ou indirectement à la vie des élèves et de leurs familles : " Oui je leur parle de mariage et de divorce, de tabous sexuels, de religion, de mode vestimentaire, de violence verbale, d'émigration clandestine, etc. J'ai l'intime conviction que nos jeunes ont besoin d'écoute, en premier lieu. Dans mes rapports avec eux, une certaine confiance s'est installée et les parents ne s'en plaignent pas puisque par ailleurs je donne convenablement mes cours. Le seul problème que j'ai c'est que mes élèves attendent parfois que je trouve solution à tout. J'ai beau les orienter vers des gens plus qualifiés que moi pour traiter avec eux de leurs difficultés, ils préfèrent s'adresser à moi et me pressent pour les sortir d'affaire. "
Les parents démissionnent, pas l'école !
" Cela dit, ajoute le professeur d'arabe, chaque enseignant doit prêter l'oreille à ses élèves et les faire bénéficier de son expérience dans plusieurs domaines de la vie. (Si, bien entendu, il en a lui-même, de cette expérience ; parce qu'à en juger d'après le comportement de certains nouveaux diplômés, on doit craindre le pire pour les nouvelles générations). Donc, l'éducation dans les écoles et les lycées ne doit pas se réduire à la sanction et à la récompense. Les " conseils d'éducation ", structures plus ou moins actives au secondaire, mais quasiment absentes au primaire et à l'Université, ont sur ce plan un rôle crucial à jouer. Mais il faut les renforcer par la contribution de sociologues et de psychologues spécialisés dans les comportements et les problèmes des jeunes. L'administration convoque certes les parents à des réunions régulières afin de discuter avec eux des difficultés de leurs enfants. Mais ces derniers se présentent rarement à ces rencontres périodiques et ce, pour des raisons plus ou moins compréhensibles. Alors autant prendre les choses en main au sein de l'établissement scolaire ou universitaire quitte à suppléer les familles démissionnaires. Si, comme c'est le cas dans certains lycées laxistes où j'ai travaillé par le passé, l'administration elle-même n'assume pas la responsabilité éducative qui lui incombe, nous risquons de livrer les jeunes à eux-mêmes ".
Former le citoyen de demain
" La situation actuelle n'est pas très propice, ajoute-t-il, pour un engagement direct et effectif de l'enseignant dans l'opération éducative : certains vous diront que parce que les programmes chargés doivent être terminés avant les examens annuels, semestriels ou trimestriels, ils en oublient de faire autre chose en classe. Pour d'autres, ouvrir la porte du dialogue avec les élèves et les étudiants ne doit se faire que dans un cadre officiel et légal pour prévenir les abus et les mauvaises interprétations sur la relation entre l'enseignant et l'élève.
D'autres encore vous diront que les matières enseignées contribuent elles-mêmes à l'éducation des jeunes. On ne doit pas, selon les uns et les autres, aborder toutes les questions avec ce public immature, le risque de l'embrigadement et de la démagogie oiseuse est à craindre en effet. Et puis n'en déplaise au poète qui prônait quasiment le contraire, l'enseignant ne doit tout de même pas se prendre pour un prophète ! Je prends l'exemple des séances d'éducation religieuse et d'éducation civique : on s'y permet parfois les " fatwas " les plus dangereuses. Sur un autre plan, l'administration est appelée à multiplier les rencontres et les débats avec les jeunes pour s'attaquer aux vrais problèmes qui angoissent cette population sur laquelle nous comptons pour poursuivre les œuvres de leurs aînés. Le dialogue est à la base de toute opération éducative. Ce n'est pas seulement avec les notes prises dans son cahier ou les connaissances fournies sur son livre qu'un adolescent deviendra le bon citoyen de demain ! "


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