Parti le 5 septembre dernier de Lorient, son port d'attache, pour une expédition scientifique très spéciale chargée d'étudier durant trois ans le monde invisible des océans et mers du globe, sur un parcours de 150.000 km avec 60 escales dans une cinquantaine de pays à traverser, le bateau de recherche scientifique français "Tara Oceans" qui a déjà transité par Lisbonne, Tanger, Alger, Barcelone, Ville franche, est arrivé mercredi 14 octobre au port de Bizerte pour une escale de 4 jours mais aussi pour effectuer des recherches scientifiques dans les eaux tunisiennes avec des prélèvements des fonds marins au large de l'île de Zembra. De ce fait et à l'occasion de l'escale du voilier français " Tara Oceans" au port de Bizerte, les représentants des médias de la place ont été conviés à une visite guidée suivie d'une conférence de presse dans les compartiments du bateau de recherche, laquelle visite a été dirigée par MM. Christian Sardet, Directeur de recherche au CNRS et l'un des principaux coordinateurs scientifiques de la mission, du Capitaine de la goelette Hervé Bourmaud, âgé de 36 ans mais rodé à la tâche en présence de Mme Hélène Hammouda, Attachée de presse auprès de l'Ambassade de France en Tunisie ainsi que de nombreux autres collaborateurs présents. M. Sardet a fourni des renseignements sur la mission de cette expédition scientifique planétaire qui va sillonner les océans du globe pour étudier les écosystèmes marins indispensables à la vie sur terre avant d'ajouter que cette opération " s'inscrit dans le cadre de la campagne océanographique " Tara Océans " qui naviguera durant 3 années de septembre 2009 à septembre 2012, sur l'ensemble des mers du globe " La goélette dit-il " mènera des recherches scientifiques et analysera les écosystèmes du plancton en relation avec les conditions physico-chimiques de tous les océans et mers du monde, en évaluant leur adaptation et leur réaction face à un système planétaire en évolution rapide. L'ensemble des données fournies par le projet sera destiné à former une base de données bio-océanographiques multidimensionnelles en accès libre, qui permettra de créer des modèles prédictifs de l'évolution spatio-temporelle des écosystèmes du plancton ". Christian Sardet, insista sur l'importance des océans qui produisent dit-il " la moitié de l'oxygène que nous respirons, si les forêts sont le premier poumon de notre planète, les océans en constituent le second. Ces prairies de plancton et d'autres micro-organismes constituent, par leur activité photosynthétique, une immense pompe à oxygène. Mais, ces organismes marins sont aussi un important puits à gaz carbonique. Ils absorbent ainsi plus de la moitié du CO2 produit sur Terre. Pour ces raisons, notre futur dépend de la sauvegarde des océans, même si ce monde invisible est encore l'un des moins connus des hommes alors que la richesse de sa biodiversité est considérable ". Le chercheur français devait par la suite mettre en exergue l'importance du matériel scientifique le plus sophistiqué dont fut équipé le bateau à l'image de la CTD, l'outil phare de la mission, une plateforme instrumentée dotée de capteurs pour la mesure de la pression, température, salinité, densité, chlorophylle, oxygène, turbidité, une caméra volumétrique pour la mesure du zoo-plancton et de la neige marine, des bouteilles à déclenchement préprogrammé pour le prélèvement d'eau etc. Naviguer n'est pas jouer De son côté le capitaine Hervé Bourmaud, qui guida la dernière odyssée polaire a mis en relief les grands travaux qu'avait subis son bateau, durant plus de quatre mois, pour être réalisables sous des latitudes beaucoup plus tropicales, des bâches spéciales ont été confectionnées pour protéger l'habitacle du soleil. " On a aussi installé une climatisation au niveau du laboratoire et du PC communication pour refroidir et protéger les appareils électroniques et les ordinateurs, ainsi que des aérateurs pour faire circuler l'air partout dans le navire ", indiqua Bourmand, qui précise " Si la physionomie de Tara a beaucoup changé, c'est aussi pour répondre aux besoins des chercheurs : un laboratoire a été installé à l'intérieur, avec des ordinateurs et des appareils qui enregistrent des données sur le plancton en continu et un laboratoire humide en forme de petite cabane, sur le pont, pour les prélèvements. Même si deux équipages se relaieront durant les trois années de l'expédition avec un effectif de quize personnes, Bourmand demeure serein : " Depuis la mise à l'eau, nous avons déjà beaucoup travaillé avec les scientifiques au large de Lorient. Nous avons procédé à des tests, affiné nos protocoles de travail...et puis nous avons trois ans pour nous habituer à travailler ensemble " ajoute-t-il en souriant. Fort de l'expérience des précédentes expéditions, Hervé Bourmand est convaincu que la réussite de ce voyage aux sources de la biodiversité dépendra aussi en grande partie, des conditions de la mer. Notons enfin que le programme " Tara Océans " rassemble une équipe scientifique internationale et multidisciplinaire inédite. Plus de douze domaines de recherche associent océanographes, biologistes, généticiens et physiciens d'une cinquantaine de prestigieux laboratoires et instituts dans 15 pays. Par ailleurs, cette expédition représente environ 2,5 millions par an pour tout l'aspect logistique du bateau et l'équivalent côté scientifique. Mais pour les initiateurs de cette odyssée scientifique Etienne Bourgois et Eric Karsenti co-directeurs de Tara Oceans ainsi que pour leur 43 partenaires, la terre n'a pas de prix