Le 4ème rapport annuel de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) relatif à l'économie de l'information pour 2009, dans le monde, présenté, hier, aux journalistes, à Tunis, reprend à son compte l'idée qu'il existerait une relation directe entre la pénétration de l'Internet à Haut Débit, ou ADSL, et l'accélération de la croissance économique et sociale. Si, cette affirmation se vérifie et s'avère exacte, comme les études internationales semblent le confirmer, l'écart entre les pays riches et les pays pauvres en matière de développement va se creuser, car le fossé numérique entre les pays industriels développés et les pays en voie de développement se situe désormais au niveau de l'accès à l'Internet à Haut Débit, après avoir été comblé, ces dernières années, dans l'ensemble, en ce qui concerne l'accès au téléphone mobile. A la suite de l'exposé sur les grandes lignes de ce rapport fait par M Mongi Hamdi, directeur des sciences et des technologies de l'information et de la communication à la CNUCED, en présence notamment de M Hadj Gley, ministre des technologies de la communication, certains représentants des médias ont relevé que les études confirmant l'existence d'une relation directe entre la pénétration des TIC, notamment l'accès à l'Internet à Haut Débit, et la réalisation de la croissance économique et sociale, semblent en contradiction flagrante avec le déclenchement d'une des plus graves crises économiques et financières mondiales, justement à l'apogée de la révolution numérique. L'accent est mis sur la nécessité d'approfondir davantage le sujet, et de préciser le rôle réel des TIC, dans la réalisation du développement, car il y va de l'avenir économique et social de l'ensemble des pays , et de la bonne répartition dans la participation à la création des richesses et l'accès à ces richesses entre les divers pays du monde.
Situation très arriérée de l'Afrique noire MM. Mongi Hamdi et Hadj Gley ont évoqué, à ce propos, les nombreuses études internationales qui vont, toutes, dans le sens de la confirmation de cette corrélation entre le taux d'accès à l'Internet à Haut Débit et la croissance du PIB, c'est-à-dire des richesses créées. Dans cette optique, le rapport de la CNUCED met en garde contre l'aggravation de la fracture numérique au niveau de l'accès à l'Internet à Haut Débit, entre pays industriels et pays sous- développés, notamment les pays africains de l'Afrique subsaharienne où l'Internet n'existe, pratiquement, pas, et dans les rares cas où il existe, la connexion au réseau coûte très cher, et atteint jusqu'à 1000 dollars par mois. Par contre en Tunisie, la connexion à l'Internet à Haut Débit coûte une vingtaine de dollars, par mois. Sur les quelque 400 millions d'abonnés à l'Internet dans le monde, trois à quatre millions seulement, soit le centième, se trouvent en Afrique, mais ils sont concentrés dans quelques pays en particulier, en l'occurrence la Tunisie, le Maroc, l'Afrique du Sud, l'Egypte. Les liaisons au réseau international de l'Internet dans ces mêmes pays de l'Afrique subsaharienne sont très rares. La pénétration du téléphone mobile a connu des progrès dans ces pays sous - développés, mais il s'agit des téléphones mobiles de la première et deuxième générations. Même en Tunisie qui peut être comparée aux pays développés dans la promotion des TIC, l'accès aux téléphones mobiles de troisième génération n'est pas courant et il faut attendre, pour cela, l'implantation du troisième opérateur en 2010. L'accès à l'Internet à Haut Débit en Tunisie représente 3% des utilisateurs de l'Internet estimés à plus de trois millions, et ce taux de 3% est le meilleur en Afrique. Aussi, l'un des objectifs de la Tunisie durant les cinq prochaines années est d'atteindre un million de nouveaux abonnés à l'ADSL ou l'Internet à Haut Débit en 2014, de sorte que le nombre des abonnés à l'Internet à Haut Débit, en Tunisie, sera porté à un million et 300 mille abonnés, soit 20% de l'ensemble des abonnés. A cette occasion, MM. Mongi Hamdi, le représentant de la CNUCED et Mohamed Ben Houcine, coordinateur résident du système des Nations Unies à Tunis, ont exprimé leur admiration et leur appréciation pour les réalisations accomplies par la Tunisie, en matière de promotion des TIC, la qualifiant de pionnière dans le continent africain et au niveau des pays émergents en général, de même qu'elle occupe un rang honorable à l'échelle internationale. M Hadj Gley a passé en revue les projets et programmes d'avenir de la Tunisie dans ce domaine, signalant la décision de créer une Agence nationale pour la promotion des investissements dans l'économie numérique, à l'instar des Agences nationales chargées de la promotion de l'investissement industriel et agricole. Mais, ce qui aggrave la situation des pays africains et pauvres en général est qu'ils sont confrontés à un sous- développement généralisé qui touche tous les secteurs de l'activité industriel, agricole , commercial, sanitaire, éducatif, parallèlement à la rareté des ressources de financement. La solidarité internationale devient ainsi impérative pour permettre l'accès de tous aux TIC. Le Sommet Mondial sur la Société de l'information (SMSI), tenu en 2005 à Genève et à Tunis a insisté sur cet aspect. D'ailleurs, le rapport annuel de la CNUCED recense les actions entreprises dans la voie de la mise en œuvre des recommandations de ce sommet et celles à entreprendre, en fonction de la situation et des progrès accomplis. Comme les trois précédents rapports, le quatrième rapport a été présenté simultanément à Tunis et dans d'autres grandes capitales et métropoles mondiales, New York, Manchester, Helsinki et Bangkok, entre autres, et ce sous le titre ''rapport sur l'économie de l'information, tendances et perspectives en périodes de turbulence.'' La CNUCED assure le secrétariat de la Commission des Nations Unies pour les sciences et la technologie, mandatée pour assurer le suivi des recommandations du sommet mondial sur la société de l'information.