Le Temps-Agences - Les démocrates américains continuent de croiser le fer avec George W. Bush sur la guerre en Irak. Bien qu'ils se soient prononcés à une courte majorité, les sénateurs ont apporté leur soutien avant-hier soir à un retrait des forces américaines d'Irak en mars 2008. Un vote aussitôt suivi de la menace réitérée d'un veto du chef de la Maison Blanche. Les tentatives républicaines pour faire obstacle à toute mention d'un départ des soldats se sont révélées vaines: le soutien au texte réclamant le retrait a été voté par 50 voix contre 48. Ce vote constitue le plus grand défi lancé à ce jour par le Sénat à l'administration Bush, à l'origine d'une guerre qui a déjà coûté la vie à plus de 3.200 soldats américains et des dizaines de milliers d'Irakiens en plus de quatre ans. Trois mois après le passage du contrôle du Congrès aux mains des démocrates, Harry Reid, chef de la majorité sénatoriale, a estimé que le moment était venu d'"envoyer un message au président Bush". Il faut désormais "trouver une nouvelle issue à cette guerre insoluble", a-t-il jugé. Aussitôt, la Maison Blanche a réitéré sa menace d'un veto présidentiel sur cette question, témoin de divergences accrues entre le Congrès et le président. Alors que les débats sur le sujet ont repris au Sénat, le président américain devrait s'exprimer sur le sujet lors d'une réunion à Washington. Selon sa porte-parole Dana Perino, George W. Bush devrait profiter de cette intervention pour évoquer la lutte contre le terrorisme et la nécessité de laisser le nouveau plan de sécurité en Irak suivre pleinement son cours. "Le président dira qu'il est dangereux pour nos soldats sur le terrain de laisser la politique à Washington retarder ce financement", a-t-elle souligné. La semaine dernière, la Chambre des représentants avait approuvé un texte similaire, mais la mesure semblait plus difficile à faire adopter au Sénat, où les démocrates n'ont qu'une majorité étroite. Au Sénat, les républicains opposés au texte ont reçu le soutien du démocrate Mark Pryor, hostile à la fixation publique d'une date-butoir, car estimant que cela reviendrait à livrer les plans de guerre américains aux ennemis. Mark Prior a néanmoins déclaré qu'il voterait le texte. De son côté, le sénateur républicain Chuck Hagel aura été la voix décisive dans la balance, a rompu les rangs de son parti -à l'instar de son collègue hostile à la guerre Gordon Smith- et voté avec les démocrates en faveur d'une date non-contraignante pour la fin de la guerre. Hagel a dénoncé l'"arrogance et l'aveuglement rappelant le Vietnam" à l'œuvre dans cette guerre. Ces derniers mois, les sénateurs républicains Susan Collins, John Warner, Norm Coleman et Olympia Snowe avaient souhaité un texte s'opposant à la stratégie de guerre de Bush et fixant des objectifs au gouvernement irakien en échange de la poursuite d'un soutien américain. Mais ils auront tout de même voté avec leur camp. Avec des réserves: "mon vote contre ce retrait rapide ne veut pas dire que je soutiens un engagement illimité des troupes américaines en Irak", a observé Susan Collins: faute de "résultats significatifs" à l'automne pour la stratégie Bush actuelle, "le Congrès devrait alors étudier toutes les options, dont une redéfinition de notre mission et un retrait progressif mais significatif de nos soldats l'an prochain". S'il conforte les démocrates dans leur volonté d'en découdre avec George W. Bush, nul doute que le vote de d'avant-hier accentue la probabilité d'un veto présidentiel dans deux mois, quand le Sénat et la Chambre des représentants auront trouvé un compromis et soumis un texte définitif au président.