Rien n'est clair au Moyen-Orient, l'échiquier est ébranlé. Alors que le Liban connaît enfin le déblocage de sa crise politique, la Palestine s'enfonce dans le blocage. Le Liban voit maintenant plus clair en lui-même, il se redécouvre tel qu'il est en réalité. Parce que l'espoir est humain, les Libanais veulent croire avec Saâd Hariri, cet héritier novice de 39 ans qui a réussi sa session de rachat, qu'une page est en train d'être tournée et que l'actuelle équipe saluée par tous les courants y compris le Hezbollah, incarne bel et bien l'entente nationale. Il s'agit d'offrir aux Libanais l'opportunité de se retrouver enfin entre eux, seuls, pour construire ensemble la maison libanaise. Ils refusent à juste titre que leur pays continue à être traité comme un champ de manœuvres et d'affrontements, livré aux convoitises et aux appétits hégémoniques des forces régionales, Israël en premier lieu. Israël attend la moindre occasion pour effacer l'ardoise de la honte, l'humiliation de juillet 2006. On prête à Israël l'intention de vouloir expulser tous les Palestiniens hors de son territoire, en direction du Liban plus précisément pour parachever le complot cynique de l'implantation. Même si le Liban a retrouvé enfin son unité et son identité, même si on parle de nouveau d'une reprise des négociations syro-israéliennes possible, la région peut sombrer à tout moment, une nouvelle fois, dans le chaos. Le premier ministre israélien campe sur ses positions. Barack Obama et Nicolas Sarkozy se relaient pour tenter, en vain apparemment, de relancer le processus de paix. L'après Abbas inquiète Washington et Israël qui le supplient de rester aux commandes. Un vrai baiser de judas, d'autant plus qu'il n'a rien obtenu en cinq ans de pouvoir. Si Abbas affaibli, trahi, abandonné, rend le tablier cinq ans après la mort de Yasser Arafat, coup de bluff ou de blues, il n'y aura plus de leader légitime et d'interlocuteur international. Il n'y a pas de doute possible : le peuple palestinien sacrifié par la communauté internationale, aura tout vu, tout entendu et surtout tout enduré.