La crise financière mondiale est grave. La crise alimentaire mondiale est dramatique. Le nombre des crève- la faim pourrait déborder les capacités nationales et même le système international d'aides. Pour la cinquième fois en treize ans, on se réunit pour tenter d'éradiquer la faim. Les enjeux sont de taille : comment faire pour nourrir une population mondiale qui augmentera d'un tiers d'ici à 2050 pour atteindre 9,1 milliards d'être humains, alors que le nombre des ventres creux bat des records et frappe désormais 1,20 milliard de personnes. Cette crise silencieuse qui touche un sixième de l'humanité représente une grave menace pour la paix et la sécurité mondiale. La faim dans le monde n'est pas une fatalité. L'alimentation est un droit fondamental de tout être humain. La sécurité alimentaire est une finalité humanitaire pour l'avenir. S'il n'y a pas de meilleure et efficace prise de conscience de la part des pays riches, s'il n'y a pas cette solidarité mondiale à laquelle n'a cessé d'appeler le président Ben Ali on risque d'en subir les funestes conséquences. Ce sommet est une nouvelle occasion pour dynamiser le Fonds mondial de solidarité dont le déclenchement connaît un retard inexplicable. Pourtant c'est la seule issue fiable face aux inégalités que connaît le monde actuel. On a toujours dit que la fin justifie les moyens, et pour pouvoir parler de la fin de la faim, il faut justement des moyens. Le moins qu'on puisse dire c'est que les pays nantis, s'ils veulent éradiquer ce fléau moderne, ont du pain sur la planche, sinon il n'y a qu'une certitude : les pays pauvres ne récolteront que des miettes, comme d'habitude. Il est alors temps d'humaniser ce monde car malheureusement la faim dans le monde témoigne d'une humanité qui fonctionne à deux vitesses.