Le Docteur Anouar Jarraya ancien professeur et Chef de Service réagit à notre article publié le 21 mars dernier à propos du Certificat Médical initial. Voici sa réflexion Lecteur régulier de vos quotidiens, arabe et français, je suis, avec intérêt, vos efforts d'information et d'éducation permanente du public tunisien, surtout pour les problèmes de jeunesse et de santé, en ma qualité de médecin psychiatre et universitaire retraité : j'ai lu avec quelque surprise votre écho concernant le chapitre du Certificat Médical Initial CMI (Le Temps, mercredi 21 mars page 7 sous le titre "On écrit au Temps " : "Il n'y a pas eu de fraude de la part du médecin du Chu de Nabeul qui se trouve plutôt en situation de victime " : je remarque que simplement qu'une fois de plus des omissions regrettables pour la crédibilité du médecin sont source de discussions voire de polémiques, en effet le code de déontologie médicale dans son article 27 dispose que " les certificats doivent comporter l'identité exacte du patient " ce qui leur permet tout à la fois, de remplir leur mission avec précision et efficacité, tout en prémunissant le médecin contre tout risque d'erreur voire de manipulation tendancieuse : un certificat ayant des incidences médico-légales comme un CMI ou un rapport d'expertise ou un constat doit obligatoirement mentionner l'identité de la personne examinée par une pièce d'identité( ou à défaut la pièce d'identité d'une personne qui se porte témoin et qui atteste sous sa responsabilité de l'exactitude de cette identité, sinon outre l'imprécision, et les risques d'erreurs et de confusion, le médecin peut être manipulé et par là même prendre le risque de se voir inculper de déclarations tendancieuses voire fausses et risquer des poursuites judiciaires. Outre le fait qu'il doit toujours distinguer entre ce qu'il constate (sur une identité prouvée et soigneusement vérifiée !) et ce qui lui est rapporté soit par le plaignant, soit par des membres de son entourage en spécifiant, chaque fois, la source et en évitant de reprendre à son compte les allégations des uns et des autres rapporter au conditionnel : il aurait été victime, il déclare avoir été agressé etc. Toutes ces précautions élémentaires sont rappelées dans un petit ouvrage pratique bilingue, que j'ai eu l'honneur de co-rédiger avec mes collègues Ahmed Dhieb chirurgien orthopédiste, et Samir Maâtoug, Médecin légiste en 1998 aux éditions JIM sous le titre Le Certificat Médial et qui propose aussi des formulaires arabisés des divers modèles de certificats médicaux à l'usage de la justice et de l'Administration arabisées, il est préfacé par monsieur le Ministre de la Santé Publique, de l'époque, outre, bien entendu des ouvrages plus spécialisés auquel le lecteur pourrait se reporter en cas de besoin. En tout état de cause, " nul n'est censé ignorer la loi " et la loi c'est aussi la précision : " Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement Et les mots pour le dire, arrivent aisément " A écrit Boileau il y a déjà quelques siècles. L'on ne saurait recommander à nos jeunes confrères de redoublers prudence, à une époque où la profession médicale est souvent attaquée, de manière parfois tendancieuse, soit dit avec tous mes respects pour les droits légitimes des patients qui souffrent et qui se sentent lésés même si c'est à tort : l'un des aspect de notre mission est de respecter le phénomène et la sensation de souffrance. La prudence et le sens de la mesure s'imposent à nous tous.
Docteur Anouar Jarraya ancien professeur,Chef de Service